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Ottawa
Centre de santé communautaire Somerset Ouest
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En quoi consiste le programme?

Le programme d’accès à des seringues neuves et d’inhalation à moindres risques Needle Exchange & Safer Inhalation (NESI) est offert par le Centre de santé communautaire Somerset Ouest (CSCSO) à Ottawa. Les travailleur·euse·s communautaires et intervenant·e·s en réduction des méfaits distribuent du matériel d’inhalation et d’injection à moindres risques, recueillent le matériel de consommation usagé et le mettent au rebut. De plus, le programme propose du soutien par les pairs aux personnes qui utilisent des drogues. Le programme fournit également de l’information sur la réduction des méfaits et oriente les gens vers les services du CSCSO et d’autres établissements de santé et de services sociaux de la ville.

Le CSCSO est un organisme de santé communautaire offrant une vaste gamme de services de santé et de services sociaux très accessibles à des populations vulnérables (personnes qui utilisent des drogues, personnes âgées isolées, personnes itinérantes ou en situation de logement précaire, etc.). Parmi les services offerts, notons les soins primaires, la réduction des méfaits, la promotion de la santé et le counseling. Le programme NESI est financé par le Bureau de lutte contre le sida du Bureau du ministère de la Santé et des Soins de longue durée (MSSLD) de l’Ontario. 

Raison d’être du programme

Lancé en 2007, le programme NESI a été mis sur pied pour offrir une multitude de services de réduction des méfaits sous un même toit afin de mieux répondre aux besoins des personnes qui utilisent des drogues. 

L’une des caractéristiques centrales du programme NESI est le rôle de premier plan qu’il reconnaît aux personnes ayant une expérience personnelle de l’utilisation de substances pour l’élaboration et la prestation des services de réduction des méfaits. En effet, ces personnes, que le programme appelle « travailleur·euse·s communautaires », savent ce que c’est que de tenter d’obtenir des services dans la ville; leur expérience inestimable permet de les offrir de façon efficace. Ils/elles réussissent souvent mieux à établir des liens de confiance avec les usager·ère·s et à les mettre à l’aise que les professionnel·le·s, qui n’ont pas nécessairement une expérience personnelle de la consommation. 

Mise en œuvre du programme

Le programme NESI fait partie du service de réduction des méfaits du CSCSO. Il comporte trois éléments : un comptoir de distribution de matériel, un service d’intervention de jour et la camionnette régionale du NESI. Tous les programmes ont pour objectif d’aller à la rencontre des gens et d’offrir un point de service facile d’accès. 

Le personnel du programme est composé de travailleur·euse·s communautaires et d’intervenant·e·s en réduction des méfaits qui travaillent dans divers programmes de réduction des méfaits du CSCSO. Une personne assure la direction du programme NESI et soutient le personnel de première ligne dans leur travail. Les travailleur·euse·s communautaires ont une expérience personnelle de l’utilisation de drogues et s’identifient comme faisant partie de la communauté des personnes qui consomment des drogues; de leur côté, les intervenant·e·s en réduction des méfaits ont généralement une formation théorique et de l’expérience professionnelle. Ils ont parfois une expérience de l’utilisation de substances, mais bien qu’elle soit pertinente pour leur poste, elle n’est pas requise. Ces deux postes distincts ont des fonctions différentes au sein du programme NESI (comptoir de distribution, intervention de jour, etc.).

Le comptoir de distribution du matériel

Les membres de la collectivité peuvent venir chercher du matériel de réduction des méfaits au comptoir de distribution (trousses pour l’injection et l’inhalation à moindres risques, matériel pour des rapports sexuels protégés). Géré par des travailleur·euse·s communautaires, le comptoir est ouvert de 9 h à 16 h du lundi au dimanche. Les individus peuvent également le visiter sans crainte du jugement pour se faire orienter vers des services du CSCSO et d’autres services offerts dans la ville (sites de consommation supervisée, soins primaires, etc.). Des intervenant·e·s de jour font normalement un suivi pour s’assurer que les usager·ère·s ont bien trouvé les services dont ils et elles ont besoin. Le personnel du comptoir et l’équipe d’intervention de jour communiquent fréquemment pour s’assurer que les gens obtiennent bien les services et ne passent pas à travers les mailles du filet.

L’intervention de jour

Le volet d’intervention de jour du NESI vise les personnes qui utilisent des drogues dans la zone couverte par le CSCSO. Assurées par des intervenant·e·s en réduction des méfaits, les activités se déroulent habituellement de 9 h à 17 h, du lundi au vendredi. Parmi les services offerts, notons la gestion informelle de cas (p. ex., aider les usager·ère·s à naviguer dans le système de santé), l’aide au transport, de brèves séances de counseling et l’accompagnement aux services. Le personnel fait également de la sensibilisation aux pratiques de réduction des méfaits, distribue du matériel de consommation stérile et le recueille pour le jeter de façon sécuritaire et oriente les personnes vers les services locaux. 

Les intervenant·e·s en réduction des méfaits visitent les personnes dans les campements, à domicile et dans les parcs de la ville. Pendant la pandémie de COVID-19, ils/elles ont également visité les centres de répit.

Plusieurs partenariats formels et informels ont été mis sur pied afin de pouvoir entrer en contact avec les gens et les diriger vers d’autres services, dont certains avec des maisons de chambres, les équipes d’intervention de rue et d’hébergement de l’Armée du Salut et la St. Luke’s Table (centre de jour). En plus de permettre d’orienter les gens vers d’autres programmes et de les aider à naviguer dans le système de santé, ces partenariats améliorent la santé des usager·ère·s grâce à la collaboration et offrent des points de contact pour fournir toute sorte de services au sein de la collectivité.

Finalement, les intervenant·e·s de jour forment le personnel d’autres organismes aux principes de réduction des méfaits, que ce soit à leur demande ou de manière informelle.

La camionnette du NESI

La camionnette du NESI distribue du matériel de réduction des méfaits et offre le dépistage du VIH sur place. Elle est sur la route du lundi au samedi, de 16 h 30 à 23 h 30. Elle est gérée par un·e intervenant·e en réduction des méfaits et un·e travailleur·euse communautaire, qui peuvent également orienter les gens vers d’autres services locaux, au besoin. Le dépistage du VIH est offert en collaboration avec un·e intervenant·e anonyme du CSCSO partout à Ottawa. Si un test de confirmation est nécessaire, des ressources et de l’aide seront offertes.

Les travailleur·euse·s communautaires

Les travailleur·euse·s communautaires ont une expérience personnelle de l’utilisation de drogues et s’identifient comme faisant partie de la communauté des personnes qui consomment des drogues. Ils et elles travaillent au comptoir de distribution et dans la camionnette du NESI. Leurs expériences personnelles et professionnelles sont variées : alors que certain·e·s travaillent pour la première fois en santé, d’autres détiennent une formation et une expérience professionnelle dans le domaine. Une valeur est également accordée au fait d’avoir vécu des expériences en lien avec les déterminants sociaux de la santé (itinérance, démêlés avec la justice, etc.). Certain·e·s travailleur·euse·s communautaires ont déjà utilisé les services de l’organisme et comprennent bien le fonctionnement des services du CSCSO et de ceux offerts ailleurs dans la ville. 

Le processus d’embauche

Les personnes candidates au poste de travailleur·euse communautaire entendent généralement parler du programme par le bouche-à-oreille ou en constatant le travail accompli. Les demandes d’emploi sur papier sont acceptées, et elles sont passées en revue en fonction des besoins. Lorsque vient le temps du recrutement, des travailleur·euse·s communautaires sont invité·e·s au comité d’entrevue. Prenant souvent la forme d’une conversation (afin d’évaluer la faculté de jugement et la capacité à mettre des limites, par exemple), les entrevues abordent l’expérience de vie des candidat·e·s et visent à déterminer leur disposition à travailler dans un centre de santé. 

Si un·e candidat·e n’est pas prêt·e à occuper un poste, on lui propose d’autres activités rémunérées, comme l’assemblage de trousses de réduction des méfaits et la participation à des opérations de ramassage de seringues dans le quartier. Le CSCSO aide à la vérification du casier judiciaire (paiement des frais, accompagnement pour remplir les documents requis, etc.), qui est nécessaire pour pouvoir travailler au Centre. Le salaire offert correspond à un « revenu viable ». Comme le reste du personnel du CSCSO, les travailleur·euse·s communautaires ont droit à des congés et autres avantages sociaux.

De la formation, du soutien et des aménagements

Afin de favoriser leur succès, leur bonne santé et leur croissance, les employé·e·s et l’ensemble de l’équipe du CSCSO bénéficient d’une variété de formations, de mesures d’aide et d’aménagements. Les travailleur·euse·s communautaires et les intervenant·e·s en réduction des méfaits reçoivent les formations suivantes : 

  • Utilisation de la naloxone
  • Intervention non violente en cas de crise 
  • Prévention du suicide
  • VIH et hépatite C
  • RCR et premiers soins de base
  • Utilisation d’approches anti-racistes et anti-oppressives
  • Principes de confidentialité, communiquer de façon affirmative, comprendre les comportements agressifs et apprendre à les gérer, entretien motivationnel, poser ses limites et comprendre les relations duelles (usager·ère·s/personnel)
  • Connaissances en informatique (rédaction de courriels, etc.)

En plus de ces formations de base, le CSCSO offre aux travailleur·euse·s communautaires d’autres formations continues selon leurs besoins (et leurs demandes), une communauté de pratique qui leur est consacrée et des possibilités de jumelage et de mentorat avec des collègues plus expérimentés. 

Comme les travailleur·euse·s communautaires sont aux premières loges de la crise des surdoses et d’intoxication aux drogues, il est important de prendre en compte les traumatismes, les deuils, le stress et l’épuisement qui peuvent survenir. Le CSCSO leur offre donc une certaine souplesse pour aménager leur horaire et prendre des congés et les rencontre régulièrement pour vérifier leur état d’esprit. Les superviseur·e·s ont reçu une formation en approches sensibles aux traumatismes et travaillent à faire le pont entre la culture de consommation, la culture de la rue et la philosophie du centre de santé. Comme les besoins des travailleur·euse·s communautaires peuvent changer entre le moment de leur embauche et la maîtrise de leurs fonctions, le CSCSO s’efforce de s’adapter continuellement à son personnel et aux usager·ère·s de ses services en normalisant le soutien, la supervision et les interventions régulières. Tout le personnel a droit au programme d’aide aux employé·e·s du CSCSO.

Ressources requises

  • Travailleur·euse·s communautaires
  • Intervenant·e·s en réduction des méfaits
  • Responsable du programme
  • Matériel de consommation à moindres risques (seringues et aiguilles, pipes, tiges droites, etc.) et matériel pour des rapports sexuels protégés 
  • Camionnette
  • Espace d’approvisionnement en matériel (comptoir de distribution)
  • Liens avec les services de santé et services sociaux locaux pour pouvoir orienter les usager·ère·s des services du CSCSO
  • Source de financement

Évaluation

Entre avril 2020 et mars 2021, l’équipe d’intervention de jour et la camionnette du NESI ont surtout fourni du soutien concret, comme de la nourriture, des vêtements, des billets de transport en commun, des articles de toilette, de même que de l’aide au transport, de l’accompagnement aux rendez-vous et services et de l’aide pour obtenir des pièces d’identité et remplir des formulaires. Chaque personne recevait également de brèves séances de counseling (intervention brève en cas de crise, écoute, etc.) et de l’information sur la réduction des méfaits (utilisation du matériel, etc.).

Toujours pour la même période, le Centre a comptabilisé 2 362 interactions avec la camionnette du NESI. Les intervenant·e·s de jour ont eu des interactions dans les lieux suivants :

  • Programme d’accès à des seringues neuves (21 993 interactions)
  • Organismes/services communautaires (haltes-chaleur, refuges, etc.) (2 140 interactions)
  • Résidences (lieu de vie de l’usager·ère, appartement/maison, hôtel/motel, appartement d’ami·e (1 616 interactions)
  • Rue/parcs (1 376 interactions)
  • Cliniques de traitement d’entretien à la méthadone/de traitement par agonistes opioïdes (218 interactions)

Encore pour la même période, l’équipe d’intervention de jour et la camionnette du NESI ont orienté les usager·ère·s vers les services et programmes suivants :

  • Services de réduction des méfaits (1 333 recommandations)
  • Services cliniques (VIH, soins d’urgence, soins primaires et autres professionnel·le·s) (310 recommandations)
  • Traitement de la dépendance (209 recommandations)
  • Santé mentale (163 recommandations)
  • Hépatite C (dépistage, soins) (7 recommandations)
  • Services communautaires entourant le VIH (3 recommandations)
  • Dépistage du VIH/des ITS (2 recommandations)
  • Autres services communautaires (services confessionnels et soutien spirituel, services sociaux, services pour les femmes, logement) (784 recommandations)

Toujours pour la même période, l’équipe d’intervention de jour et la camionnette ont distribué le matériel de réduction des méfaits suivant :

  • 120 572 stéricups
  • 73 846 filtres
  • 267 912 seringues
  • 73 320 sachets de vitamine C et d’acidifiant
  • 70 842 pipes et tiges en verre
  • 23 681 embouts buccaux
  • 136 677 grilles
  • 21 996 pipes à crystal meth
  • 39 403 feuilles d’aluminium (pour fumer)
  • 19 991 condoms
  • 8 169 contenants de lubrifiant
  • 106 digues dentaires

Défis

  • Les travailleur·euse·s communautaires vivent parfois de la stigmatisation au sein de l’organisme et dans leurs interactions avec les usager·ère·s en raison de leur expérience personnelle et d’autres aspects de leur identité.
  • Les travailleur·euse·s communautaires ne sont pas toujours perçu·e·s comme des employé·e·s (par la police, les autres organismes, les services médicaux d’urgence, etc.).
  • Il peut être difficile de respecter ses propres limites lors des interactions avec des membres de sa communauté et d’être confronté·e à des déclencheurs potentiels (en lien avec l’utilisation de drogues, etc.).

Leçons tirées 

  • Fonctionner en sureffectif (c.-à-d. prévoir plus de personnel que nécessaire) afin de pouvoir remplacer les employé·e·s qui ne se sentent pas bien ou qui ne peuvent travailler.
  • Offrir l’information sous autant de formes que possible (en différentes langues, en langage clair, par des moyens technologiques, en version imprimée ou en personne, etc.). 
  • Mettre à jour les politiques existantes et en créer de nouvelles : adapter les processus et la structure de l’organisme de manière à favoriser l’embauche et le maintien en poste.
  • Valoriser et normaliser l’introspection critique, le débriefing et la formation de base comme pratiques régulières au travail pour favoriser les commentaires constructifs, l’amélioration continue et le développement professionnel de tout le personnel.
  • Consolider continuellement le champ d’action des employé·e·s pour éviter qu’ils posent des actions en dehors de leur rôle ou de leurs responsabilités. 

Matériel du programme

Coordonnées 

Hana Haines
Responsable des activités, réduction des méfaits
Centre de santé communautaire Somerset Ouest
55, rue Eccles
Ottawa, ON  K1R 6S3

hhaines@swchc.on.ca