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Territoires du Nord-Ouest, Canada
2018
Au Canada, les personnes autochtones connaissent des inégalités sociales et en matière de santé en raison des effets permanents liés au racisme, à la colonisation et aux traumatismes intergénérationnels causés par les séparations familiales forcées par le système des pensionnats. Le VIH constitue l’un des exemples de ces inégalités en matière de santé, puisqu’il touche de manière disproportionnée les personnes autochtones,1 et plus spécifiquement les femmes et les jeunes autochtones (âgés de 15 à 29 ans) au Canada.2 Bien que ces inégalités sociales et en matière de santé persistent jusqu’à aujourd’hui, les personnes autochtones présentent également des forces et des facteurs de protection, notamment la connectivité culturelle et la résilience. Le programme Fostering Open eXpression among Youth (FOXY) est une intervention basée sur les arts pour la prévention du VIH et des infections transmissibles sexuellement (ITS) qui a été conçue par et pour des jeunes femmes autochtones et jeunes femmes des Territoires du Nord-Ouest (T.-N.-O.). L’intervention FOXY a recours à des animatrices qualifiées et à des leaders de pairs pour offrir aux jeunes femmes âgées de 13 à 17 ans des ateliers sur la santé sexuelle, la sexualité et les relations saines. Une étude pilote observationnelle financée par les Instituts de recherche en santé du Canada a conclu que les connaissances sur les ITS des participantes et l’auto-efficacité des pratiques sexuelles plus sécuritaires s’étaient considérablement améliorées après l’intervention.
FOXY est un programme de prévention du VIH et des ITS élaboré par et pour des jeunes femmes autochtones et des jeunes femmes des T.-N.-O. afin de les encourager à s’exprimer et à communiquer plus ouvertement sur la sexualité et la santé sexuelle. Avec l’aide de pairs leaders adolescentes, l’élaboration du programme a nécessité deux ans et il a été mis à l’essai auprès de groupes cibles de jeunes. Le programme FOXY a intégré le contexte culturel et les connaissances locales à son développement et se sert d’une approche basée sur les arts (p. ex. des activités d’art dramatique pour faciliter la discussion et l’apprentissage) qui peut aider les participantes à développer leur auto-réflexion et à acquérir des compétences pour la prise de décision. Par le biais de cette approche basée sur les arts, qui est associée à une responsabilisation accrue, le programme FOXY propose de l’éducation sans jugement sur la santé sexuelle, le VIH et les ITS, la sexualité et les relations saines.
L’intervention inclut sept ateliers d’une à deux heures chacun, qui se tiennent sur un ou deux jours. Des animatrices qualifiées et des pairs leaders possédant une expertise en santé sexuelle et en éducation basée sur les arts les dirigent. Il y a de huit à quinze participantes par atelier.
Les participantes à cette étude pilote ont été recrutées dans 17 communautés de tous les T.-N.-O. de septembre 2015 à mai 2016. Les participantes s’auto-identifiaient comme des femmes ou des filles, résidant dans les T.-N.-O. et âgées de 13 à 17 ans.
L’étude a comparé les résultats des participantes avant et après l’intervention pour ce qui est des connaissances liées aux ITS, de l’auto-efficacité des pratiques sexuelles plus sécuritaires (c.-à-d. la confiance associée à l'utilisation régulière des condoms) et de la résilience à l’aide de la Mesure de la résilience chez les enfants et les jeunes (Child and Youth Resilience Measure).* L’information a été recueillie immédiatement avant et après que le programme ait été offert, chaque fois à l’aide de trois sondages à auto-déclaration.
La majorité (79 %) des 199 participantes s’identifiaient comme Autochtones et 21 % s’identifiaient comme issues de minorités sexuelles. Côté pratiques sexuelles, 18 % des participantes ont déclaré qu’elles avaient eu des relations sexuelles vaginales, 19 % qu’elles croyaient être à risque de contracter des ITS et 15 % qu’elles estimaient être à risque de contracter le VIH. La comparaison des résultats avant et après l’intervention a démontré :
La présente étude (publiée en 2018) ne tient pas compte des résultats à long terme du programme, mais on prévoit suivre les participantes du programme durant une période de 12 mois.4
Dirigée par des pairs leaders et des animatrices qualifiées, l’intervention FOXY, qui se base sur l’éducation et les arts, a donné des résultats favorables. L’intervention met en lumière l’importance des programmes d’éducation de la santé culturellement adaptés pour les jeunes femmes du Grand Nord et qui sont élaborés par ces dernières, tout en contribuant aux données probantes pour les programmes de prévention du VIH et des ITS basés sur les arts. Les personnes autochtones font face à des obstacles sociaux et structurels contribuant aux effets disproportionnés du VIH au Canada chez les femmes et les jeunes autochtones. Cette intervention fournit donc une nouvelle approche personnalisée pour faire participer les jeunes femmes. Les résultats à long terme seront utiles pour déterminer la longévité des conclusions positives et l’utilité ultérieure du programme dans les efforts de prévention du VIH.
*La Mesure de la résilience chez les enfants et les jeunes (Child and Youth Resilience Measure) définit la résilience comme la capacité à naviguer les ressources (p. ex., individuelles, culturelles) pour assurer son bien-être.
Ressources connexes
La sexualité... Parlons-en! – Étude de cas
Projet d’information sur la santé sexuelle (Sexual Health Information Project SHIP) – Étude de cas
Projet Mets tes culottes – Étude de cas
Fostering Open eXpression among Youth (FOXY) – Site Web
Références