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À mesure que les gens vieillissent, leurs os ont tendance à s’amincir et à devenir plus sujets aux fractures. Les chercheurs ont découvert que les personnes séropositives courent généralement un risque accru d’amincissement osseux et de fractures.
Chez les femmes qui sont passées par la ménopause, des changements importants se sont produits dans la production d’hormones, soit l’estrogène et la progestérone. Ces changements ont certes un impact sur la fertilité, mais les os sont touchés aussi.
Des chercheurs de New York ont mené une étude de recherche portant le nom de Menopause Study (MS). Il y a un peu plus d’une décennie, ils ont recruté des femmes dont à peu près la moitié avait le VIH et ont suivi les changements dans leurs hormones et leur santé. Les participantes ont subi des interrogatoires, des examens physiques, des tests sanguins et d’autres évaluations deux fois par an. Un sous-groupe de femmes a subi des examens radiographiques de faible dose appelés DEXA (absorptiométrie à rayons X en double énergie), lesquels sont utilisés pour évaluer la densité osseuse. La plus récente analyse de l’étude MS est centrée sur la relation complexe entre la race/ethnie, les phases de la ménopause et la densité osseuse.
Les chercheurs ont analysé des données recueillies auprès de 219 femmes séronégatives et 246 femmes séropositives qui ont commencé à s’inscrire à l’étude en 2001. Toutes les femmes ont passé deux examens DEXA au cours de l’étude, le premier au début de celle-ci et le deuxième au moins 18 mois plus tard. Cette démarche a permis aux chercheurs d’évaluer les changements dans la densité osseuse au fil du temps.
Les participantes séropositives avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :
Lors de leur inscription à l’étude, près de 20 % de toutes les femmes étaient déjà passées par la ménopause; autrement dit, elles étaient ménopausées. Au cours de l’étude, une autre tranche de 10 % des femmes séropositives et de 6 % des femmes séronégatives se sont jointes au rang des femmes ménopausées.
Après une période de participation moyenne de cinq ans, les examens DEXA ont révélé que, en général, les femmes séropositives avaient une densité osseuse réduite dans les hanches et les cuisses, comparativement aux femmes séronégatives.
Les chercheurs qui étudient la ménopause ont divisé ce processus/événement en plusieurs phases, comme suit :
Lorsque les chercheurs ont examiné l’impact global des changements dans la densité osseuse et la phase de la ménopause, ils ont constaté ce qui suit :
Dans l’ensemble, les chercheurs ont trouvé que le VIH ne causait pas d’accélération de l’amincissement osseux chez les femmes noires.
Toutefois, l’infection au VIH a été associée à une baisse annuelle de 0,6 % de la densité osseuse de la hanche chez les femmes blanches ou latino-américaines.
Toutes les femmes noires inscrites à l’étude, quel que soit leur statut VIH, ont éprouvé une plus grande perte de densité osseuse dans les hanches pendant la ménopause que les femmes appartenant à d’autres groupes ethnoraciaux. Parmi toutes les femmes noires, voici le profil des changements dans la densité osseuse selon la phase de la ménopause où elles en étaient au début et à la fin de l’étude :
L’introduction d’une thérapie anti-VIH (couramment appelée TAR) n’a pas été liée à une réduction de la densité osseuse. Les chercheurs ont cependant constaté que l’interruption et la reprise subséquente de la TAR étaient liées à une baisse de la densité osseuse de la cuisse.
On n’a pas trouvé de lien direct entre l’usage du médicament anti-VIH ténofovir (Viread et présent dans Truvada, Atripla, Complera et Stribild) et une perte de densité osseuse. Toutefois, lorsque les participantes ont cessé de prendre le ténofovir, la densité osseuse de leurs cuisses et de leur colonne vertébrale a augmenté.
Nous signalons à nos lecteurs que nous parlons ici d’une étude par observation, alors nous ne pouvons tirer de conclusions fermes sur l’impact du ténofovir sur la santé des os. De plus, les auteurs n’ont pas précisé les raisons de la discontinuation du ténofovir; or ces raisons auraient pu influencer l’interprétation des données.
Ces résultats se rapportant à la phase de la ménopause et aux différents groupes ethnoraciaux jettent une nouvelle lumière sur l’amincissement osseux chez les femmes. Selon les chercheurs, les résultats de l’étude MS seront utiles aux médecins et aux infirmiers qui prennent soin de femmes séropositives. En tenant compte de facteurs comme l’infection au VIH chez les femmes non noires et la phase de la ménopause chez les femmes noires, les médecins seront peut-être en mesure de reconnaître les femmes les plus à risque d’amincissement osseux (et par conséquent de fractures) et de prioriser leurs discussions avec leurs patientes au sujet du dépistage et du traitement éventuel de la faible densité osseuse.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Sharma A, Flom PL, Rosen CJ, et al. Racial differences in bone loss and relation to menopause among HIV-infected and uninfected women. Bone. 2015 Aug;77:24-30.