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Des chercheurs au St. Vincent's Hospital et au Kirby Institute for Infection and Immunity in Society de Sydney, en Australie, ont mené une enquête sur des cas éventuels de faiblesse musculaire (rhabdomyolyse) associée à l'utilisation du raltégravir (Isentress). Même si l'équipe en question a déterminé que cette complication était rare chez les patients sous raltégravir, elle met en garde contre la possibilité qu'elle se produise chez des personnes séropositives recevant d'autres inhibiteurs de l'intégrase comme l'elvitégravir et le dolutégravir. Un suivi à long terme de ces personnes pourrait donc s'avérer nécessaire.
Les chercheurs de Sydney ont comparé des données portant sur la santé de 159 patients utilisant le raltégravir à celles recueillies auprès de 159 personnes séropositives semblables qui ne prenaient pas ce médicament.
Les patients sous raltégravir inscrits à cette étude avaient le profil moyen suivant :
On a constaté les résultats suivants en ce qui concerne les muscles :
Ces différences sont significatives sur le plan statistique.
On a constaté une faiblesse musculaire dans le tronc de six participants recevant du raltégravir. Les six personnes en question avaient les caractéristiques fondamentales suivantes :
Les médecins ont effectué plusieurs interventions, y compris l'extraction d'échantillons minuscules de muscles (biopsies) à des fins d'analyse. Se fondant sur les résultats de ces analyses et d'autres tests, ils ont apporté les modifications suivantes au régime de deux participants :
La force musculaire des deux participants s'est améliorée par la suite.
Compte tenu de plusieurs facteurs, l'analyse statistique a révélé que l'exposition au raltégravir était associée à un risque accru de faiblesse et de douleur musculaires.
À noter cependant que ni la durée de l'utilisation du raltégravir ni sa concentration dans le sang n'étaient associées à l'augmentation du risque de faiblesse musculaire.
Bien que les médecins fondent parfois un diagnostic de rhabdomyolyse sur la présence d'un taux élevé de créatine kinase, cette étude a permis de constater qu’un taux élevé de créatine kinase était étroitement lié à la « pratique récente d'exercices exigeants », plutôt qu'à l'exposition au raltégravir, a fait valoir l'équipe de recherche.
La présente étude constitue un premier pas important vers l'élucidation de l'association possible entre le raltégravir et la faiblesse musculaire. Il reste que la conception de cette étude et d'autres problèmes ont contribué à compromettre la force des conclusions tirées. Expliquons :
Malgré ces bémols, les chercheurs ont jeté les assises nécessaires pour mener une étude de plus grande envergure et de plus longue durée sur l'impact possible des inhibiteurs de l'intégrase sur la faiblesse musculaire. Voilà une piste de recherche importante car d'autres inhibiteurs de l'intégrase seront disponibles à l'avenir, et il faudra que leur capacité potentielle de déclencher la faiblesse musculaire soit évaluée. Les résultats préliminaires d'essais en cours sur deux autres inhibiteurs de l'intégrase laissent penser que le taux de créatine kinase augmente anormalement chez environ 5 % des personnes traitées, ce qui laisse soupçonner la dégradation des muscles.
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
Lee FJ, Amin J, Bloch M, et al. Skeletal muscle toxicity associated with raltegravir-based combination antiretroviral therapy in HIV-infected adults. In: Program and abstracts of the 14th International Workshop on Co-morbidities and Adverse Drug Reactions in HIV, 19 – 21 July, 2012, Washington DC. Abstract 015.