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Il y a plusieurs années, une équipe de chercheurs spécialisés dans la santé des femmes ont mené une étude sur la ménopause chez des femmes vivant avec le VIH à l'Albert Einstein College of Medicine dans le Bronx, à New York. Dans le cadre de leur enquête, les chercheurs ont passé en revue des études pertinentes sur le sujet.
Chez les femmes séronégatives en bonne santé, la ménopause commence habituellement vers l'âge de 50 ans. Des cas de ménopause prématurée concernant des femmes séropositives ont toutefois été signalés. Selon certaines études par observation et transversales, la ménopause précoce serait liée aux facteurs suivants parmi les femmes vivant avec le VIH :
Certaines études portent à croire que les femmes noires sont plus susceptibles de vivre une ménopause précoce que les femmes blanches, mais d'autres études n'ont pas confirmé cette possibilité.
Compte tenu des problèmes liés à la conception des études — mentionnons spécifiquement que beaucoup de recherches sur les femmes et la ménopause sont des études par observation seulement — il est difficile d'affirmer quel facteur (drogues ou faible revenu) contribue le plus à l'apparition précoce de la ménopause. De plus, les chercheurs du Bronx font valoir que la consommation de drogues et un faible revenu sont des problèmes relativement courants chez les femmes atteintes du VIH, particulièrement en Amérique du Nord et en Europe occidentale.
Durant la période de transition qui annonce la ménopause, les femmes risquent d'éprouver l'un ou plusieurs de ces symptômes :
Lors de certaines études, les femmes séropositives ont signalé davantage de symptômes associés à la ménopause que les femmes séronégatives. Les raisons pour cette différence ne sont pas claires, mais certains chercheurs estiment qu'il pourrait y avoir un lien avec l'âge et le niveau de scolarité. Par exemple, lors d'une étude menée auprès de femmes séronégatives, celles âgées de 45 ans ou plus étaient plus susceptibles que les plus jeunes d'associer la sécheresse vaginale et les bouffées de chaleur à la ménopause. De plus, les femmes séronégatives qui avaient terminé l'école secondaire étaient plus nombreuses à faire ces mêmes liens que les femmes qui n'avaient pas obtenu de diplôme d'école secondaire. On n'a pas fait de nombreuses analyses semblables concernant l'âge, le niveau de scolarité et la ménopause auprès de femmes vivant avec le VIH.
Lors d'une étude, les femmes séropositives étaient moins susceptibles de signaler des symptômes associés à la ménopause à leur médecin parce qu'elles ne savaient pas avec certitude si les symptômes étaient causés par la ménopause ou d'autres problèmes de santé. Ce résultat souligne la nécessité d'encourager les femmes séropositives à signaler leurs symptômes à leur médecin afin qu'il ou elle puisse les évaluer.
Lorsque les ovaires commencent la transition vers la ménopause, leur production d'hormones change et le taux de FSH (hormone folliculostimulante) augmente. Une augmentation soutenue du taux de FSH dénote le vieillissement du système reproducteur. Le taux d'une autre hormone appelée LH (hormone lutéinisante) augmente aussi, alors que celui de l'estrogène diminue au cours de la ménopause.
Lors d'une étude, les chercheurs ont comparé les données recueillies auprès de 82 femmes séropositives et 15 femmes séronégatives. Ils ont trouvé que le VIH n'avait pas d'effet sur les taux des hormones suivantes :
Une autre étude a révélé que la multithérapie antirétrovirale n'avait pas d'impact sur les taux d'estrogène et de prolactine.
Malheureusement, la plupart des études sur les taux d'hormones des femmes séropositives n'ont pas tenu compte de facteurs comme le stress ou la consommation de drogues/alcool qui auraient pu influencer les taux hormonaux.
En général, les études ont révélé que les femmes séropositives avaient tendance à souffrir d'un amincissement osseux plus important dans les hanches et la colonne vertébrale que les femmes séronégatives. Chez celles-ci, les changements de ce genre peuvent même se produire avant la ménopause, mais il n'existe pas de données à cet égard concernant les femmes séropositives. Cependant, lors d'études menées auprès de celles-ci dans les pays à revenu élevé, on a constaté que les faibles taux sanguins de vitamine D étaient courants.
La majorité des études ont révélé que la thérapie antirétrovirale (TAR) ne causait pas d'accélération des pertes osseuses sur une période de plusieurs années.
Les recherches laissent croire que l'infection au VIH est associée à des risques accrus de maladies cardiovasculaires chez les hommes et chez les femmes. Cette augmentation des risques pourrait se produire en partie à cause de l'inflammation continue déclenchée par une infection virale chronique. Comme les taux élevés d'estrogène semblent posséder une certaine activité anti-inflammatoire, il est possible que le système cardiovasculaire des femmes ménopausées, peu importe leur statut VIH, soit plus vulnérable aux effets subtils de l'inflammation.
Il faut se rappeler que beaucoup de facteurs peuvent causer et exacerber les maladies cardiovasculaires. Il est possible de prévenir ou d'atténuer l'impact de plusieurs de ces facteurs de risque et de réduire ainsi les dangers pour les femmes. Voici plusieurs exemples de facteurs de risque modifiables :
À en croire certaines études, les risques de maladies cardiovasculaires seraient plus élevés pour les femmes séropositives que pour les hommes séropositifs. Les raisons pour cette différence ne sont pas claires, mais nombre de médecins estiment que certaines femmes séropositives présentent davantage de facteurs de risque de maladies cardiovasculaires que les hommes séropositifs.
Selon certaines femmes, peu importe leur statut VIH, la transition vers la ménopause s'accompagne de changements neurocognitifs comme une difficulté à penser clairement, des problèmes de concentration et des problèmes de mémoire. Les chercheurs n'ont pas fourni d'explication claire et convaincante au sujet du lien qui semble exister entre le déclin du taux d'estrogène et l'apparition de ces problèmes. Voici une explication simple et plausible : les femmes qui vivent la transition vers la ménopause sont relativement nombreuses à avoir de la difficulté à s'endormir; les femmes qui ne dorment pas suffisamment de façon régulière risquent de ne pas se sentir en forme et pourraient donc avoir des problèmes de mémoire et de cognition (penser clairement).
Certaines femmes, sans égard au statut VIH, éprouvent des changements d'humeur inattendus — tristesse persistante, colère et même dépression. Il est très important d'aviser son médecin de tout changement persistant ou remarquable de son humeur afin qu'il soit évalué et, si nécessaire, traité.
Comme la multithérapie est largement accessible au Canada et dans les autres pays à revenu élevé, les graves problèmes de cognition liés au VIH sont beaucoup moins fréquents de nos jours qu'avant 1996. Il n'existe pas de données probantes indiquant que les femmes séropositives, qu'elles aient atteint la ménopause ou pas, sont plus sujettes à des problèmes cognitifs que les hommes séropositifs.
À mesure qu'elles vieillissent, les femmes peuvent faire plein de choses pour rester en bonne santé. L'équipe de chercheurs du Bronx encourage les femmes séropositives à prendre les mesures suivantes :
Il reste beaucoup de travail à faire en ce qui concerne la santé des femmes en général et celle des femmes séropositives en particulier, notamment pour mieux comprendre leurs besoins sociaux et leurs besoins en soins et en traitements à mesure qu'elles vieillissent.
— Sean R. Hosein
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