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Le corps produit beaucoup de composés que les cellules utilisent pour se transmettre de l’information entre elles. Un tel système de signaux est appelé le système endocannabinoïde. Pour répondre aux signaux chimiques, les cellules ont certaines protéines à leur surface, appelées des récepteurs. Les cellules du système immunitaire, du cerveau, de l’intestin et de certains organes ont des récepteurs pour les endocannabinoïdes produits par le corps.
La plante de marijuana peut contenir jusqu’à 100 cannabinoïdes, dont beaucoup s’attachent aux récepteurs endocannabinoïdes du corps. Lorsque les fleurs de la plante de marijuana sont chauffées, il y a formation de cannabinoïdes comme le THC (tétrahydrocannabinol) et le CBD (cannabidiol). Puisque beaucoup de cellules ont des récepteurs pour les endocannabinoïdes, la marijuana et ses extraits peuvent avoir des effets sur les différents systèmes organiques. Dans cette édition de TraitementActualités, nous allons largement nous concentrer sur les conséquences des cannabinoïdes sur le système immunitaire. Avant de nous y mettre, nous allons présenter quelques informations sur le système immunitaire et ses interactions avec les microbes, particulièrement avec le VIH.
Lorsque les cellules du système immunitaire découvrent la présence d’un microbe envahissant ou d’une tumeur, la réponse normale est de mobiliser le reste du système immunitaire. Cela survient lorsque les cellules qui ont découvert le germe ou la tumeur libèrent des signaux chimiques pour alerter les autres cellules du système immunitaire à proximité. Pendant que d’autres cellules convergent vers le microbe, elles le capturent et l’amènent aux ganglions ou aux tissus lymphatiques à proximité (les deux contenant beaucoup de cellules du système immunitaire). Une fois à l’intérieur des ganglions, les cellules qui ont capturé le germe le montrent, ou en montrent la partie clé, aux autres cellules pour savoir quoi rechercher et quoi attaquer. Ces cellules éduquées sont stimulées pour faire plusieurs copies d’elles-mêmes et suivre un chemin chimique jusqu’à l’endroit où se trouve le germe. Un groupe de cellules du système immunitaire, appelées les cellules B, fabriquent des anticorps conçus pour attaquer le germe. Les autres cellules du système immunitaire libèrent des signaux chimiques qui incitent à l’inflammation, puisque cela aide à mobiliser le système immunitaire à maîtriser le microbe. Dans la plupart des cas, le microbe envahissant est maîtrisé et éliminé. Lorsque cela se produit, le système immunitaire libère ensuite d’autres signaux chimiques qui aident à freiner l’inflammation et à réduire l’activation du système immunitaire. Ces signaux de frein sont nécessaires, puisqu’avoir de hauts niveaux d’inflammation et d’activation du système immunitaire pendant des périodes prolongées implique l’utilisation de nutriments vitaux (surtout des protéines) et la réponse immunitaire contre le microbe pourrait devenir hors de contrôle et atteindre des tissus sains.
L’infection chronique par le VIH est associée à des niveaux excessifs d’inflammation et d’activation du système immunitaire. Commencer le traitement pour le VIH (TAR) et atteindre et maintenir une charge virale indétectable aide à réduire l’inflammation et l’activation du système immunitaire. Cependant, malgré l’utilisation du TAR, les conséquences de l’infection par le VIH ne descendent pas aux faibles taux observés chez les personnes séronégatives saines.
Les chercheurs se demandent si l’inflammation en lien avec le VIH chronique et l’activation du système immunitaire peuvent, à long terme, contribuer à un risque accru de développer les conditions suivantes :
Ainsi, les chercheurs planifient ou mènent des études ayant pour but de réduire l’inflammation excessive associée au VIH. Certaines de ces études ont été abordées dans TraitementActualités 223. La marijuana et ses extraits ont également le potentiel d’être évalués pour leurs effets anti-inflammatoires dans des essais cliniques.
La plupart des études menées sur la consommation de marijuana herbacée (contrairement aux préparations ou extraits pharmacologiques) chez les personnes séropositives n’ont pas été rigoureusement conçues. Ainsi, les conclusions qui peuvent être tirées de ces études ne sont que suggestives. Toutefois, de telles études peuvent être utiles au moment de la conception de futurs essais cliniques. Nous allons parler d’autres recherches sur la marijuana plus loin dans ce rapport.
Les chercheurs estiment qu’il pourrait y avoir jusqu’à 100 composés différents dans la marijuana qui auraient des applications médicinales potentielles. Ces composés sont appelés cannabinoïdes. Le THC et le CBD sont les cannabinoïdes couramment étudiés.
Les expériences en laboratoire impliquant des cellules du système immunitaire ont prouvé que lorsque ces cellules s’activent, elles exposent une densité relativement élevée de récepteurs de cannabinoïdes. Cela suggère que ces cellules pourraient avoir une sensibilité accrue à la marijuana ou à ses extraits. Cette sensibilité pourrait être exploitée dans des essais cliniques.
D’autres expériences en laboratoire avec des cellules du système immunitaire provenant des personnes séropositives ou séronégatives ont montré que les cannabinoïdes peuvent réduire l’activation du système immunitaire. Dans une série d’expériences, les chercheurs ont découvert que les personnes séropositives qui consommaient de la marijuana avaient des niveaux réduits d’activation du système immunitaire. Dans d’autres expériences, les chercheurs ont confirmé les effets freinant de la marijuana ou de ses extraits (en particulier le THC) sur les activités du système immunitaire. Mis ensemble, les résultats de ces expériences en laboratoire suggèrent que la marijuana ou ses extraits ont le potentiel d’être utilisés pour réduire l’activation du système immunitaire et l’inflammation chez les personnes séropositives.
Comme mentionné précédemment, la grande majorité des études avec de la marijuana herbacée et des personnes séropositives ont été de nature observationnelle. Cela signifie que les conclusions tirées de ces études sont suggestives et non définitives. Les études observationnelles sont un bon point de départ pour explorer un enjeu biomédical potentiel et amasser des données qui peuvent être utilisées pour concevoir une étude à la structure plus robuste.
Les chercheurs sont au courant des problèmes qui affectent les concepts des études observationnelles, mais ils doivent développer un ensemble de preuves qui peut ensuite être utilisé pour soutenir le besoin d’études plus rigoureusement conçues. Ces études robustes sont dispendieuses et prennent du temps à être conçues, doivent entrer en concurrence avec d’autres propositions de recherche pour un financement limité, et ensuite, si le financement est obtenu, les études doivent être réalisées. Ces processus prennent du temps et il pourrait falloir entre 5 et 10 ans pour que ce genre d’études soit concluant.
Il est bon de noter que, bien que la marijuana ou ses extraits peuvent avoir des effets bénéfiques sur le système immunitaire des personnes séropositives, il est possible que la marijuana ait des effets négatifs dans certains cas. Par exemple, la fumée produite par la combustion de la marijuana contient un mélange de substances en quelque sorte similaire à celui produit lors de la combustion du tabac. Il est donc possible que les personnes qui fument de manière chronique de la marijuana augmentent leurs risques de maladies cardiovasculaires et pulmonaires. Le point concernant la marijuana et les maladies cardiovasculaires est exploré plus loin dans cette édition de TraitementActualités.
Autres sujets explorés dans cette édition de TraitementActualités : la marijuana peut aussi interférer avec le système immunitaire en affaiblissant certains aspects de sa capacité à exécuter ses fonctions. Cet affaiblissement aura-t-il des conséquences négatives sur la santé? Les prochaines études devront se pencher sur les enjeux suivants :
—Sean R. Hosein
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