L’étude Reprieve arrive au Canada

L’infection au VIH est associée à une augmentation des risques de maladies cardiovasculaires. Cela tient en partie au fait que, selon certaines études, les taux de tabagisme seraient très élevés parmi les personnes vivant avec le VIH. Cependant, même compte tenu du tabagisme, d’autres études ont révélé que les personnes séropositives avaient tendance à avoir des taux plus élevés d’inflammation et un système immunitaire chroniquement activé. Il est probable que la combinaison de cette inflammation et de cette activation aggrave le risque de dommages aux organes et aux systèmes vitaux, y compris le système cardiovasculaire. Le fait de commencer un traitement antirétroviral puissant (TAR) tôt dans le cours de l’infection au VIH et d’obtenir et de maintenir une charge virale indétectable réduit énormément l’activation et l’inflammation immunitaires associées au VIH, mais sans pour autant les éliminer. Ainsi, les chercheurs tentent de trouver d’autres façons de réduire l’activation immunitaire et l’inflammation, ainsi que le risque de maladies cardiovasculaires.

De petites études sur les médicaments hypolipidémiants appelés statines, tels que l’atorvastatine (Lipitor) et la rosuvastatine (Crestor), ont révélé que ces médicaments pouvaient réduire considérablement les taux de mauvais cholestérol (LDL-C). Cependant, comme les études en question étaient de faible envergure et de courte durée, elles n’ont pas été en mesure de démontrer l’impact des traitements aux statines sur l’incidence des crises cardiaques et des AVC ou la mortalité attribuable aux conséquences des maladies cardiovasculaires.

Reprieve arrive

Des chercheurs aux États-Unis, au Canada et en Thaïlande mènent actuellement une grande étude portant le nom de Reprieve. Quelque 6 500 personnes séropositives seront recrutées; la moitié recevra une statine relativement nouvelle appelée pitavastatine à raison de 4 mg/jour, et l’autre moitié recevra un placebo. La pitavastatine est approuvée aux États-Unis et au Japon mais pas encore au Canada. Bien qu’elle ne soit pas approuvée au Canada, la pitavastatine peut être utilisée dans le cadre d’essais cliniques dans ce pays. On prévoit une durée de jusqu’à six ans pour l’étude Reprieve.

Avantages de Reprieve

Reprieve est une étude contrôlée contre placebo bien conçue de grande envergure. Par conséquent, les chercheurs seront en mesure de déterminer si la pitavastatine est capable ou non de réduire le nombre de crises cardiaques, d’AVC et de décès liés aux maladies cardiovasculaires, ainsi que la nécessité de chirurgies cardiovasculaires pour améliorer le flux sanguin. Les chercheurs exploreront aussi la capacité de la pitavastatine à réduire l’inflammation et le rétrécissement des artères.

Les chercheurs qui recrutent des participants pour Reprieve sont à la recherche de personnes courant des risques faibles ou modérés de maladies cardiaques. Pour en savoir plus sur Reprieve, consultez ces liens du Réseau canadien pour les essais VIH :

http://www.hivnet.ubc.ca/fr/2016/03/prevenir-la-maladie-cardiaque-le-reseau-partenaire-de-lactg/

http://www.hivnet.ubc.ca/fr/clinical-trials/ctn-293-reprieve-trial/

À propos de la pitavastatine

Lors d’essais cliniques menés auprès de personnes séronégatives, la pitavastatine s’est révélée efficace pour réduire les taux de mauvais cholestérol. De plus, le médicament s’est généralement avéré sûr. Certaines statines ont été associées à un faible risque accru de diabète de type 2. La pitavastatine ne semble pas accroître ce risque.

Une étude contrôlée contre placebo sur la pitavastatine a été menée auprès de 24 personnes séropositives en Thaïlande. Tous les participants avaient des taux de lipides anormaux lors de leur admission à l’étude et suivaient un TAR comportant une combinaison d’atazanavir (Reyataz), de ritonavir et d’analogues nucléosidiques. Ils ont pris la pitavastatine à raison de 4 mg/jour ou un placebo pendant 12 semaines puis ont arrêté le traitement. Au bout des deux semaines subséquentes, les participants qui avaient pris la pitavastatine ont reçu le placebo, et vice versa, pendant 12 semaines consécutives, avant de mettre fin au traitement. Lors de cette étude, la pitavastatine a réduit considérablement les taux de cholestérol total et de LDL-C. Ces changements étaient décelables dès la fin de la quatrième semaine suivant le début du traitement.

Aucun effet secondaire n’a été signalé au cours de cette étude.

On n’a constaté aucun changement important dans les enzymes hépatiques, et aucun test de laboratoire n’a révélé d’indices de toxicité. De plus, on n’a constaté aucun changement significatif dans les taux d’atazanavir dans le sang des participants. Notons aussi que des études antérieures n’avaient révélé aucune interaction significative entre la pitavastatine et le darunavir (Prezista), le ritonavir ou l’éfavirenz (Sustiva et dans Atripla).

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Wongprikorn A, Sukasem C, Puangpetch A, et al. Effects of pitavastatin on lipid profiles in HIV-infected patients with dyslipidemia and receiving atazanavir/ritonavir: A randomized, double-blind, crossover study. PLoS One. 2016 Jun 15;11(6):e0157531.
  2. Sponseller CA, Morgan RE, Kryzhanovski VA, et al. Comparison of the lipid-lowering effects of pitavastatin 4 mg versus pravastatin 40 mg in adults with primary hyperlipidemia or mixed (combined) dyslipidemia: a Phase IV, prospective, US, multicenter, randomized, double-blind, superiority trial. Clinical Therapeutics. 2014 Aug 1;36(8):1211-22.
  3. Nakagomi A, Shibui T, Kohashi K, et al. Differential effects of atorvastatin and pitavastatin on inflammation, insulin resistance, and the carotid intima-media thickness in patients with dyslipidemia. Journal of Atherosclerosis and Thrombosis. 2015;22(11):1158-71.
  4. Chamberlin KW, Baker WL. Benefit-risk assessment of pitavastatin for the treatment of hypercholesterolemia in older patients. Clinical Interventions in Aging. 2015 Apr 16;10:733-40.
  5. Mitka M. Exploring statins to decrease HIV-related heart disease risk. JAMA. 2015 Aug 18;314(7):657-9.