Les derniers billets du blogue
Une caractéristique frappante des premiers cas de sida rapportés en Amérique du Nord résidait dans la relative jeunesse des patients hospitalisés, qui étaient habituellement des hommes dans la vingtaine ou la trentaine. Même si l’infection au VIH a fini par se propager plus largement pour atteindre tous les groupes d’âge, il se peut que sa prépondérance initiale chez les jeunes ait donné la fausse impression que les personnes plus âgées n’étaient pas vulnérables au virus.
Une équipe de chercheurs du sud de l’Alberta a examiné la répartition des âges dans les nouveaux cas de VIH diagnostiqués dans cette région. En analysant les données recueillies au cours des trente dernières années, les chercheurs ont trouvé que la proportion de personnes de plus de 50 ans qui contractaient le VIH augmentait. Selon les chercheurs, 7 % des nouveaux cas de VIH dans le sud de l’Alberta concernaient des personnes de plus de 50 ans en 1990, alors que ce chiffre s’élevait à 18 % en 2019.
Les chercheurs ont affirmé que leur étude soulignait l’importance d’un dialogue continu entre les médecins et les patients au sujet du dépistage régulier du VIH, et plus particulièrement parmi les personnes de 50 ans et plus.
La Southern Alberta Clinic (SAC) de Calgary est un centre régional pour les soins et le traitement des personnes vivant avec le VIH. La SAC recueille et analyse des données se rapportant à la santé des personnes séropositives depuis les années 1980 et a produit de nombreux rapports utiles.
Lors de leur plus récente analyse, les chercheurs de la SAC se sont concentrés sur les nouveaux cas d’infection au VIH diagnostiqués chez des adultes entre octobre 1989 et décembre 2019.
Les médecins ont réparti les patients dans les deux groupes suivants :
Un total de 1 899 nouveaux cas d’infection au VIH ont été diagnostiqués localement au cours de la période à l’étude.
Même si la répartition des nouvelles infections couvrait un large éventail d’âges, à savoir de 18 à 79 ans, la moyenne d’âge au moment du diagnostic était de 35 ans sur l’ensemble des trois décennies en question. La plupart des infections (85 %) se sont produites chez des hommes. En ce qui concerne les plus de 50 ans, l’équipe a cependant constaté une augmentation marquée de la proportion des diagnostics de VIH, laquelle est passée de 7 % des nouveaux cas en 1990 à 18 % en 2019.
D’après les chercheurs, les « facteurs de risque » d’infection courants se répartissaient quelque peu différemment selon l’âge des personnes, comme suit :
Les plus âgés
Les plus jeunes
Les médecins ont constaté que les raisons pour passer un test de dépistage du VIH différaient comme suit entre les deux groupes d’âge figurant dans cette étude :
Les plus âgés
Les plus jeunes
Aucune différence n’a été constatée entre les groupes d’âge en ce qui concerne les résultats des nouveaux tests de dépistage du VIH. Voici la répartition globale des cas de séropositivité selon les groupes ethnoraciaux :
En ce qui a trait aux proportions, on a constaté que davantage de personnes séropositives plus âgées sont mortes (45 %) que de personnes plus jeunes (33 %).
La cause de décès la plus fréquente a été le sida, lequel a emporté 64 % des personnes plus jeunes et 55 % des personnes plus âgées.
La mortalité due aux traumatismes ou à la consommation de substances a été plus faible chez les personnes plus âgées (5 %) que chez les plus jeunes (14 %).
1. Selon les médecins responsables de cette étude, « Il est possible que le dépistage du VIH ait été inadéquat chez cette population plus âgée. Il se peut également que les adultes plus âgés évitent les tests diagnostiques se rapportant au VIH, que ce soit consciemment ou inconsciemment ». Un sondage mené aux États-Unis auprès de plus de 12 000 personnes de plus de 50 ans a en effet révélé des taux de dépistage du VIH relativement faibles. Une raison importante pour ce faible taux de dépistage résidait dans la perception, présente chez 84 % des répondants, que leur risque d’exposition au virus était faible.
2. Selon les médecins, c’est la présence d’une maladie (indice probable de dysfonction immunologique) qui a poussé près de la moitié des adultes plus âgés à demander un test, suivie d’une demande initiée par le patient (19 %). Qu’une proportion si élevée de personnes aient présenté une maladie qui les a incitées à se faire tester pour le VIH « laisse croire qu’on ait manqué une occasion de rendre un diagnostic plus tôt », ont affirmé les médecins. Des études menées en Colombie-Britannique et à Milan, en Italie, ont permis de constater que des occasions de dépistage précoce avaient d’ordinaire été manquées lorsque des personnes étaient diagnostiquées tardivement dans le cours de l’infection au VIH. Or de telles occasions avaient bel et bien existé, car ces personnes avaient cherché des soins médicaux pour une maladie grave cinq ans avant leur diagnostic de VIH ultérieur. Dans l’étude britanno-colombienne, le risque de rater une occasion de dépistage du VIH était plus élevé chez les personnes de plus de 40 ans. Dans l’étude milanaise, le risque augmentait chez les personnes de plus de 60 ans.
3. Il importe de souligner que le système immunitaire faiblit généralement avec l’âge. Cet affaiblissement croissant peut causer des problèmes chez les personnes âgées, surtout si elles sont diagnostiquées tardivement dans le cours de l’infection au VIH. Des études ont en effet révélé que les personnes diagnostiquées tardivement étaient plus à risque de mourir dans l’année suivant le diagnostic. Il est donc clair que le dépistage régulier du VIH est utile. Notons aussi qu’il existe de nos jours de nombreuses options de traitement pour l’infection au VIH qui n’existaient pas il y a 20 ans. Qui plus est, ces traitements sont bien tolérés et très efficaces.
4. L’équipe de Calgary a constaté que davantage de personnes plus âgées (42 %) disaient vivre seules, par rapport aux personnes plus jeunes (33 %). Les chercheurs ont souligné que « la solitude et l’isolement social sont de plus en plus reconnus comme des facteurs pouvant entraîner de mauvais résultats pour la santé, tels que la [mort], la dépression et [une mauvaise santé cardiovasculaire]. À mesure qu’augmente le nombre de personnes séropositives atteignant un âge avancé, le besoin de logements avec services de soutien et de résidences institutionnelles va sans doute augmenter. C’est un domaine où la recherche est impérative, et elle doit inclure les patients et [leur famille], qui figurent parmi les principaux intéressés ».
5. Selon les médecins, les taux de dépistage du VIH parmi les personnes âgées « pourraient s’améliorer si l’on éduquait les patients et les cliniciens au sujet de la proportion croissante d’adultes plus âgés contractant nouvellement l’infection au VIH, ainsi qu’au sujet des adultes vieillissant avec l’infection au VIH ». Ils ajoutent que l’éducation aurait pour objectif de « responsabiliser les patients et les cliniciens afin qu’ils entament une discussion sur le dépistage du VIH, car le dépistage précoce permet l’amorce plus précoce du traitement et l’amélioration des résultats ». Les médecins de Calgary appellent à la tenue d’autres études pour aider à contrer la tendance à la hausse des nouvelles infections par le VIH chez les adultes âgés et pour favoriser « un dialogue plus ouvert avec les adultes plus âgés au sujet de leur santé sexuelle et pour aborder les aspects particuliers des soins nécessaires aux adultes plus âgés faisant l’objet d’un nouveau diagnostic de VIH ».
—Sean R. Hosein
Ressources
On établit un lien entre la solitude et une santé cérébrale moins bonne et une qualité de vie amoindrie chez les séropositifs – Nouvelles CATIE
L’épidémiologie du VIH au Canada – Feuillet d’information de CATIE
RÉFÉRENCES :