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Nombre d’études ont permis de constater que les personnes séropositives étaient plus à risque d’avoir une densité minérale osseuse réduite, ce qui peut se traduire en ostéopénie (amincissement modéré des os) et en ostéoporose (amincissement grave des os). Plus les os sont minces, plus ils sont faibles et sujets aux fractures lors de chutes ou d’accidents. Pour leur part, les fractures peuvent être sources de douleur, d’une réduction de la mobilité et de la qualité de vie et, dans certains cas, de déficiences physiques.
La ou les causes précises de la réduction de la densité osseuse chez les personnes séropositives ne sont pas claires, et de nombreuses études sur l’amincissement des os chez cette population n’ont pas tenu compte des facteurs de risque traditionnels.
Des chercheurs au Danemark ont publié les résultats d’une étude bien conçue où ils ont comparé des données se rapportant à la santé de personnes séronégatives à celles recueillies auprès de personnes séropositives d’âge semblable. Tous les participants ont subi une tomodensitométrie qui a produit une image en trois dimensions de leurs os.
Après avoir pris en compte des facteurs comme le tabagisme, la consommation d’alcool, l’activité physique et d’autres, les chercheurs ont trouvé que l’infection au VIH n’était généralement pas un facteur de risque quant à la baisse de la densité osseuse. Ils ont par contre constaté que les facteurs de risque traditionnels, et plus particulièrement le tabagisme, jouaient un rôle important dans la diminution de la densité osseuse.
Les chercheurs danois encouragent les professionnels de la santé à aider leurs patients séropositifs à limiter ou à éliminer leurs facteurs de risque de perte osseuse.
Les chercheurs danois ont comparé des données se rapportant à la santé de 718 personnes séropositives et de 718 personnes séronégatives. Les données de chaque personne séropositive ont été comparées à celles d’une personne séronégative du même sexe et d’âge semblable.
Les participants séropositifs avaient le profil moyen suivant lors de leur admission à l’étude :
La plupart des participants consommaient suffisamment de calcium.
Les données ont été recueillies entre mars 2015 et décembre 2016.
La proportion des cas de très faible densité osseuse (indiquant l’ostéopénie) était plus élevée chez les personnes séropositives (17 %) que chez les personnes séronégatives (11 %).
Chez les personnes séropositives, une très faible densité osseuse était associée aux facteurs suivants :
Les personnes séropositives qui faisaient de l’activité physique et qui n’étaient pas minces avaient tendance à avoir les os plus épais.
Les personnes qui avaient eu des infections ou des cancers liés au sida dans le passé étaient plus susceptibles d’avoir une densité osseuse réduite.
Dans cette étude, on n’a constaté aucun lien entre la réduction de la densité osseuse et l’utilisation du ténofovir DF (version plus ancienne du ténofovir) ou d’inhibiteurs de la protéase. Ce résultat est important parce que des études antérieures avaient trouvé une telle association.
Cette étude bien conçue est au moins la deuxième menée à l’époque actuelle dans un pays à revenu élevé à révéler que les facteurs de risque traditionnels étaient très probablement la cause de la réduction de la densité osseuse chez les personnes séropositives.
Il est possible que les études menées il y a 10, 15 ou 20 ans aient recruté des personnes appartenant à l’une des catégories suivantes : exposition antérieure à des versions plus anciennes et toxiques du TAR; report de l’amorce du TAR jusqu’à l’apparition d’une dysfonction immunologique grave; exposition probable à des corticostéroïdes systémiques. Tous ces facteurs auraient pu contribuer à la réduction de la densité osseuse.
Notons aussi que les responsables de ces études antérieures ne recueillaient pas habituellement de données détaillées sur le tabagisme, l’exercice ou l’apport en calcium comme l’ont fait les chercheurs danois pour cette étude.
Nombre de sondages ont révélé que les personnes séropositives avaient tendance à afficher des taux de tabagisme plus élevés que les personnes séronégatives. Cela s’est avéré le cas dans cette étude danoise où les taux de tabagisme actif étaient les suivants :
Certaines affections médicales et phases de la vie peuvent contribuer aux pertes osseuses, telles les suivantes :
Certains médicaments sont également associés à l’augmentation du risque d’amincissement des os, dont les suivants :
TAR
Une baisse de la densité osseuse se produit durant l’année suivant l’amorce du TAR. Cela arrive quelle que soit la combinaison de médicaments utilisée. La ou les raisons de ce déclin ne sont pas claires. Quoi qu’il en soit, en moins de deux ans suivant le début du TAR, le taux d’amincissement des os revient au niveau observé chez les personnes séronégatives en bonne santé. Un essai randomisé et contrôlé contre placebo a révélé que les suppléments de vitamine D3 et de calcium pouvaient réduire considérablement le taux d’amincissement des os après l’amorce du TAR.
Sida
Les personnes qui souffrent d’infections liées au sida ont tendance à éprouver des complications inflammatoires intenses qui nuisent aux organes et/ou aux systèmes vitaux. Pour réduire les lésions associées à ces complications, certains médecins prescrivent un traitement de courte durée fondé sur un médicament anti-inflammatoire comme la prednisone. Ce dernier appartient à la classe des corticostéroïdes. S’ils sont utilisés pour une période prolongée, les corticostéroïdes peuvent réduire la densité osseuse. Si le sida se déclare, c’est que la personne atteinte a développé une dysfonction immunologique grave parce qu’elle n’a pas commencé assez tôt le TAR. L’infection au VIH non traitée est associée à des taux élevés d’inflammation et de malabsorption chroniques. Il est théoriquement possible que ces problèmes contribuent à l’amincissement des os avant même que le TAR commence.
Jeunes hommes
Il y a plusieurs années, une étude menée aux Pays-Bas a révélé que certains jeunes hommes gais et bisexuels avaient des os plus minces que la normale, et ce, quel que soit leur statut par rapport au VIH. Les chercheurs affiliés à cette étude ne pouvaient expliquer pourquoi ces jeunes hommes en bonne santé avaient des os minces. Il pourrait tout de même être utile de tenir compte de cette découverte lorsqu’on essaie de trouver les causes possibles de l’amincissement des os, car elle laisse croire que, chez certains hommes, l’amincissement des os se produit avant l’infection par le VIH ou l’amorce du TAR.
Les chercheurs danois se sont concentrés sur des données captées à un seul moment dans le temps. Une bonne prochaine étape consisterait à obtenir les fonds nécessaires pour mener une étude de longue durée sur la densité osseuse chez les personnes séropositives. L’une des forces de l’étude danoise réside dans la présence d’un groupe témoin (ou de comparaison) composé de personnes d’âge semblable aux participants séropositifs. Une autre force réside dans la qualité et la profondeur des informations se trouvant dans la base de données. Les chercheurs danois encouragent les professionnels de la santé à aider leurs patients séropositifs à réduire leurs facteurs de risque de perte osseuse.
Au niveau microscopique, les os sont des choses dynamiques. Des fragments minuscules sont constamment en train de se dégrader ou de se reconstruire. Ce processus est nécessaire pour réparer l’usure des os causée par les activités quotidiennes et les blessures. Dans les cas d’ostéopénie et d’ostéoporose, il se produit un déséquilibre qui favorise la dégradation des os au détriment de la construction.
Grâce à la nature dynamique des os, il est possible de corriger les pertes de densité osseuse en suivant les conseils personnalisés des médecins, infirmières et pharmaciens, lesquels peuvent inclure les mesures suivantes :
Ressources
À propos de l’ostéoporose – Ostéoporose Canada
Calculez votre calcium – Ostéoporose Canada
Traitement de l’ostéoporose – Ostéoporose Canada
De l’exercice pour des os en santé – Ostéoporose Canada
Une étude menée en Colombie-Britannique révèle que les femmes séropositives sont susceptibles d’avoir d’autres problèmes de santé – Nouvelles CATIE
Le casse-tête de l’amincissement des os chez les jeunes HARSAH – Nouvelles CATIE
Une étude d’envergure examine les facteurs de risque de problèmes osseux liés au VIH – TraitementActualités 214
L’acide zolédronique maintient la densité osseuse chez des utilisateurs du TAR – TraitementActualités 214
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :