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Même si le Canada et d’autres pays à revenu élevé font des progrès contre l’épidémie du VIH, des lacunes persistent dans le continuum du dépistage, des soins et du traitement. Notons à titre d’exemple que 14 % des personnes vivant avec le VIH dans ce pays ne seraient pas au courant de leur infection, selon les estimations de l’Agence de la santé publique du Canada.
Si les occasions de dépistage du VIH étaient plus pratiques et plus répandues, on pourrait aider à réduire la proportion de personnes non diagnostiquées vivant avec ce virus. Une possibilité pour augmenter le dépistage du VIH consiste à mettre des trousses d’autodépistage à domicile à la disposition de la population.
Pour explorer cette idée, des chercheurs aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont mené un essai clinique auprès de 2 600 hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). Chacun de ces hommes avait reçu un résultat négatif lors de son dernier test de dépistage du VIH. Tous les participants avaient accès à des ressources en ligne qui indiquaient les endroits où ils pouvaient se faire tester pour le VIH localement. Ils avaient également accès à un service de counseling téléphonique s’ils en avaient besoin. Les chercheurs ont réparti les participants au hasard dans deux groupes : le premier avait accès à des trousses d’autodépistage et le deuxième n’y avait pas accès (ce groupe a servi de groupe témoin ou de groupe de comparaison). L’étude a duré un an.
Au cours de l’étude, les chercheurs ont observé les tendances suivantes parmi les participants qui avaient reçu les trousses d’autodépistage :
Les chercheurs ont encouragé les participants qui recevaient les trousses d’autodépistage à en distribuer quelques-unes à leurs proches. Ces trousses ont permis de découvrir des cas d’infection au VIH parmi les réseaux sociaux des participants.
Les chercheurs des CDC ont conclu que : « la distribution de trousses d’autodépistage du VIH fournit un moyen valable pour améliorer la sensibilisation à l’infection au VIH et prévenir la transmission parmi les HARSAH ».
Les chercheurs des CDC ont donné le nom eSTAMP à leur étude. Pour recruter des volontaires, l’équipe de recherche a placé des annonces dans les « sites de réseaux sociaux, de musique et de rencontres fréquentés par les HARSAH ».
Tous les participants ont rempli un sondage lors de leur admission à l’étude, puis on les a répartis au hasard pour recevoir les trousses d’autodépistage ou pas.
Les participants qui ont reçu les trousses d’autodépistage se sont fait envoyer les choses suivantes par la poste :
Une fois que les participants avaient rempli les sondages trimestriels, ils pouvaient recevoir des trousses de dépistage additionnelles.
Les participants ont reçu des liens renvoyant à des vidéos décrivant le mode d’emploi des trousses. Ils avaient plusieurs choix pour signaler les résultats de leurs tests : dans le site Web, dans les sondages trimestriels ou par téléphone.
La plupart des participants ont été recrutés dans des sites Web de rencontres (57 %) et de musique (40 %) et avaient moins de 30 ans; tous étaient des adultes. La répartition selon les principaux groupes ethnoraciaux était la suivante : Blancs – 58 %; Hispaniques – 23 %; Noirs – 10 %. Tous les participants ont dévoilé qu’ils avaient eu des relations sexuelles anales avec d’autres hommes au cours de l’année précédente.
Selon les chercheurs, les participants qui utilisaient les trousses d’autodépistage « ont signalé qu’ils se testaient plus fréquemment », soit cinq tests contre deux en moyenne.
La plupart des participants (77 %) du groupe disposant des trousses d’autodépistage « ont signalé avoir passé trois tests ou davantage avant leur sondage du mois 12, comparativement à 22 % des participants du groupe témoin ».
Lorsque les chercheurs ont comparé les comportements de dépistage avant et pendant l’étude, ils ont constaté « une augmentation de 56 % du taux de dépistage du VIH annuel parmi les participants utilisant les trousses d’autodépistage ». Parmi les membres du groupe témoin, les chercheurs n’ont constaté qu’une augmentation de 7 % du taux de dépistage annuel.
Trente-six cas d’infection au VIH ont été dépistés durant cette étude. Voici quelques trouvailles se rapportant à ces cas :
Sur les 36 personnes qui ont appris qu’elles avaient l’infection au VIH pendant l’étude, 72 % ont affirmé qu’elles avaient été dirigées vers des soins après leur diagnostic. On n’a constaté aucune différence entre les taux d’arrimage aux soins chez les participants des deux groupes dont les tests de dépistage se sont avérés positifs.
Selon les chercheurs, les participants qui utilisaient les trousses d’autodépistage « ont signalé que 52 membres de leurs réseaux sociaux ont reçu un résultat positif au test de dépistage ». Sur ces 52 personnes, 29 ne savaient pas qu’elles avaient l’infection au VIH avant d’avoir utilisé les trousses d’autodépistage.
Les chercheurs ont souligné le point important suivant : « La possibilité de la transmission du VIH existe si un résultat faussement négatif est obtenu lorsque le test d’autodépistage est utilisé durant la phase aiguë de l’infection au VIH, alors que [la quantité de virus dans le sang est très élevée], ou si le test est effectué de manière incorrecte. Ainsi, on devrait décourager les personnes utilisant les tests d’autodépistage du VIH de s’en servir avant les relations sexuelles ». Ce n’est pas une bonne idée d’effectuer un test d’autodépistage du VIH avant une relation sexuelle parce qu’il est possible d’obtenir un faux négatif. D’autres explications sur le dépistage du VIH paraissent dans la section des ressources à la fin de cet article.
Comme toutes les études, celle dont nous parlons ici est imparfaite. Elle constitue toutefois un pas en avant très utile et confirme des recherches précédentes menées aux États-Unis et en Australie qui ont révélé que de nombreux HARSAH se réjouiraient de la possibilité d’utiliser des trousses d’autodépistage du VIH.
Ressources
Une étude australienne trouve que le test de dépistage du VIH à domicile est attrayant pour les hommes gais et bisexuels – Nouvelles CATIE
Atteindre le premier 90 : voici comment l’autodépistage du VIH peut nous aider à mettre fin à l’épidémie du VIH – Blogue de CATIE
Le dépistage du VIH : Je connais mon statut VIH – CATIE
Le processus de dépistage du VIH – Feuillet d’information de CATIE destiné aux fournisseurs de services
Les technologies de dépistage du VIH – Feuillet d’information de CATIE destiné aux fournisseurs de services
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCE :
MacGowan RJ, Chavez PR, Borkowf CB, et al. Effect of Internet-distributed HIV self-tests on HIV diagnosis and behavioral outcomes in men who have sex with men: A randomized clinical trial. JAMA Internal Medicine. 2019; en voie d’impression.