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Depuis plusieurs décennies, la ville de San Francisco subit les coups durs de la pandémie de VIH. Il en résulte qu’elle se trouve souvent au premier plan lorsqu’il s’agit d’adapter les modèles de prestation de soins et de traitements centrés sur le VIH. Ce qui se passe dans la pandémie de VIH à San Francisco se produit habituellement dans les villes d’autres pays à revenu élevé, alors cela vaut la peine de porter attention aux tendances liées au VIH dans cette ville.
En 2013, un consortium d’organismes et de citoyens s’est formé sous le nom de Getting to Zero–San Francisco (Vers l’atteinte du zéro-San Francisco). Les objectifs consistent à réduire considérablement la mortalité liée au VIH, le nombre de nouvelles infections par le VIH et la stigmatisation qui s’y rapporte. La ville a réalisé d’énormes progrès depuis 2013, notamment une réduction de 44 % des nouvelles infections par le VIH et une baisse de 25 % du taux de mortalité. Des chercheurs à l’Université de la Californie à San Francisco (UCSF) ont toutefois constaté que « le taux global de mortalité ajusté selon l’âge n’a pas changé parmi [les personnes séropositives] » depuis 2013. Les chercheurs ont dans l’idée qu’une forte proportion des décès survenant à l’heure actuelle est attribuable à des cancers non liés au VIH et à la consommation de drogues ou d’alcool.
Pour mieux comprendre les facteurs à l’origine de la mortalité chez les personnes séropositives, les chercheurs de l’UCSF ont examiné et comparé des données de santé et socio-économiques recueillies entre juillet 2016 et mai 2017 auprès des deux groupes suivants :
En moyenne, les participants qui sont morts vivaient avec le VIH depuis 20 ans et avaient un compte de CD4+ de 400 cellules/mm3 avant de trépasser. Au total, 90 % des participants étaient des hommes et 10 %, des femmes.
Les causes de décès connues étaient les suivantes :
Les chercheurs ont ensuite comparé les deux groupes sous divers angles et ont constaté que les facteurs suivants étaient plus susceptibles d’être présents chez les personnes décédées :
Les chercheurs ont également examiné en profondeur les « circonstances qui auraient pu contribuer à la mort » des participants. Ils ont trouvé que les facteurs suivants constituaient des contributeurs importants :
À la lumière de leur analyse, les chercheurs ont recommandé des interventions se rapportant aux thèmes suivants afin de réduire la mortalité parmi les personnes séropositives vulnérables de San Francisco :
Soutien au logement
Bien qu’il existe un programme de soutien au logement dans la ville, les chercheurs ont souligné que « le nombre de logements disponibles demeure beaucoup trop limité ». Ils prônent une intervention future qui combinera le soutien au logement et la gestion des cas.
Tabagisme
Le tabagisme est associé à de nombreux méfaits, y compris un risque accru de plusieurs cancers. Des sondages ont révélé que les taux de tabagisme étaient plus élevés parmi les personnes séropositives que parmi les personnes séronégatives. Les chercheurs ont souligné la nécessité de programmes de cessation du tabagisme.
Héroïne et autres opioïdes
L’injection de drogues est associée à de nombreux méfaits. Les chercheurs recommandent que des programmes de traitement soient offerts aux personnes souffrant d’un trouble de consommation d’opioïdes. Notons que d’autres études ont révélé que ce genre de traitement réduisait la mortalité et améliorait les résultats pour la santé des personnes séropositives, notamment en ce qui concerne l’obtention de soins et l’atteinte et le maintien de la suppression virale.
Stimulants
Selon les chercheurs, l’usage de stimulants (cocaïne, meth en cristaux) « est à la hausse » parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes à San Francisco. Ils encouragent la tenue de recherches pour concevoir des interventions efficaces visant à traiter le trouble de consommation de stimulants.
Trouble bipolaire et schizophrénie
Les chercheurs ont constaté que des maladies mentales avaient contribué aux « circonstances menant au décès de plus du tiers des [participants] ». Selon l’équipe, il est possible que la schizophrénie et le trouble bipolaire aient rendu certains participants plus vulnérables à la consommation de drogues et d’alcool, ce qui aurait vraisemblablement réduit leur observance du TAR. Parmi les personnes séronégatives souffrant de schizophrénie, « les décès dus à la consommation de substances toxiques contribuent davantage à la mortalité excessive que le suicide », ont fait valoir les chercheurs.
Soutien social
Des études menées auprès de personnes séronégatives ont permis de constater un risque accru de décès parmi les individus sans partenaire intime ou non mariés. Selon les chercheurs, « l’offre de services de soutien social pourrait profiter particulièrement aux [personnes séropositives] plus âgées vivant seules qui, faute de soutien additionnel, pourraient souffrir les conséquences sur leur santé d’affections gériatriques comme les chutes et les problèmes neurocognitifs ».
Interruption des soins
Les chercheurs ont affirmé que : « la rétention [des personnes séropositives] sous TAR demeure un défi partout aux États-Unis, et plus particulièrement dans les populations aux prises avec de graves maladies mentales, des problèmes de consommation de drogues ou d’alcool et la précarité du logement, et de nouvelles stratégies sont nécessaires. L’investissement continu dans les programmes de reprise [du TAR], tel le programme de navigation de Getting to Zero-San Francisco, particulièrement pour les personnes qui manquent leurs rendez-vous de soins primaires ou n’y assistent pas, améliorerait potentiellement la persistance du TAR dans cette population ».
Cette étude a été conçue de manière imparfaite et a porté sur un nombre relativement faible de sujets. Les chercheurs ont cependant pris des mesures pour minimiser le risque de tirer des conclusions faussées lors de l’analyse des données. Les résultats de cette étude sont très importants, car des problèmes qui ressemblent à ceux de San Francisco se produisent actuellement dans les villes d’autres pays à revenu élevé.
Les chercheurs ont déclaré ce qui suit en guise de proposition de solutions :
« Outre l’investissement continu dans les interventions médicales, la mise sur pied de services sociaux à l’efficacité prouvée, tels le soutien au logement et le traitement de la consommation de substances et des maladies mentales, l’investissement dans l’élaboration de nouvelles stratégies seront nécessaires pour réduire de façon importante le nombre de décès évitables. »
—Sean R. Hosein
« Alors que nous mettons sous presse, le service de santé publique de la ville vient d’annoncer un financement pour certains des enjeux mentionnés dans notre article. »
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