Les derniers billets du blogue
Le virus de l’hépatite C (VHC) infecte le foie et y cause des dommages, et l’infection devient chronique dans de nombreux cas. Au fil du temps, le VHC entraîne la détérioration graduelle du foie et provoque à la longue de nombreuses complications, notamment des infections bactériennes graves, la dysfonction rénale, des hémorragies internes et d’autres. De plus, le risque de cancer du foie augmente considérablement.
La plupart des nouveaux cas d’infection par le VHC se produisent parmi les personnes qui partagent du matériel servant à l’injection ou à l’inhalation de drogues.
Des chercheurs du New York Department of Health and Mental Hygiene (Département de santé et d’hygiène mentale de New York) essaient de trouver des moyens de sensibiliser les personnes vulnérables à l’hépatite C à la réalité de cette infection et à l’importance du dépistage.
Selon les chercheurs, « L’infection chronique au VHC touche couramment des personnes qui sont marginalisées au sein du système de santé, l’usage de drogues injectables étant le principal facteur de risque. [De plus,] historiquement, les patients faisant face à des conditions/problèmes socio-comportementaux et autres comme l’itinérance, les maladies psychiatriques et la co-infection au VIH étaient classées comme difficiles à traiter et avaient besoin de plus de soutien pour avoir accès aux soins du VHC ».
Le terme navigateur de patient désigne une personne qui travaille pour un système de santé, habituellement dans un hôpital ou une grande clinique, et qui aide les personnes atteintes de maladies graves ou catastrophiques à s’impliquer et à avancer dans les nombreuses étapes du continuum des soins (du diagnostic au traitement).
Spécifiquement, on fait appel aux navigateurs de patients pour renforcer la capacité des patients à faire ce qui suit : obtenir des soins; comprendre les informations médicales complexes; respecter les rendez-vous; composer avec le stress de la maladie; se procurer une assurance maladie et/ou des subventions pour payer les médicaments; prendre les médicaments en respectant les prescriptions et consignes; rester en contact avec la clinique à court et à moyen terme. En faisant toutes ces choses, les navigateurs de patients peuvent améliorer les résultats pour la santé des clients et les aider à surmonter ce que les chercheurs décrivent comme « des barrières aux soins et au traitement au niveau du patient et du système ». Des études ont révélé que les services et le soutien fournis par les navigateurs de patients jouaient un rôle important dans l’amélioration de la santé de certaines personnes atteintes de cancer et d’autres vivant avec l’infection au VIH.
En 2012, muni de fonds provenant du secteur privé, le département de santé de New York a lancé un projet de démonstration d’un an sur les navigateurs de patients sous le nom de Check Hep C. Ce programme a facilité le dépistage de 4 751 personnes pour le VHC et l’orientation de 85 % des personnes infectées vers une clinique. Les chercheurs affiliés au programme ont cependant remarqué que seulement six participants qui ont visité la clinique pour une évaluation médicale, ont « suivi le traitement jusqu’au bout, à la connaissance des chercheurs ».
Le département a acquis beaucoup d’expérience au cours de la première année du programme et a reçu des fonds privés additionnels qui lui ont permis de modifier le programme. Durant la deuxième année, le département a raffiné le programme en mettant l’accent sur « le soutien des personnes recevant un diagnostic d’infection chronique au VHC, afin qu’elles subissent une évaluation médicale complète, qu’elles aient accès au traitement et qu’elles le commencent et qu’elles [guérissent] ».
Durant la deuxième année de l’administration du programme modifié (2014), ce dernier a réussi les interventions suivantes grâce à l’apport des navigateurs de patients :
Durant cette phase, le programme a inscrit 388 participants. Sur ces derniers, 129 personnes (33 %) ont commencé un traitement contre le VHC, et 119 (91 %) d’entre elles ont guéri. Selon les chercheurs, « Check Hep C a réussi à soutenir les participants aux besoins élevés d’un bout à l’autre des soins et du traitement », ce qui a donné lieu à des taux de guérison élevés.
Le programme de navigateurs de patients modifié a été mis sur pied dans quatre organismes communautaires de la ville de New York :
Les quatre organismes étaient situés dans des quartiers où l’infection au VHC était relativement courante.
Une fois les participants inscrits au programme, les médecins et/ou les infirmières ont évalué chacun pour la présence de « facteurs cliniques et psychologiques » afin de prendre une décision concernant son admissibilité au traitement.
Les participants jugés admissibles au traitement ont été contactés par les navigateurs de patients et ont reçu les services suivants :
« Les navigateurs de patients ont soutenu les participants lors de l’évaluation médicale et la préparation au traitement antiviral et ont favorisé leur observance thérapeutique », ont affirmé les chercheurs. De plus, les navigateurs de patients ont aidé les participants à se débrouiller face aux aspects complexes et parfois encombrants de l’accès aux soins et aux médicaments subventionnés aux États-Unis. En raison du coût élevé des traitements anti-VHC modernes, certains systèmes d’assurance maladie imposent des restrictions sur l’accès aux médicaments; autrement dit, ils sont en train de rationner le traitement.
Aux fins de leur analyse, les chercheurs ont classé les participants ayant un seul « problème socio-comportemental ou de santé mentale comme des patients aux besoins faibles, et les participants ayant deux problèmes socio-comportementaux ou de santé mentale ou plus comme des patients aux besoins élevés ».
Les données sur les participants au programme ont été évaluées entre avril 2014 et janvier 2015.
Lors de leur admission au programme, les participants avaient le profil moyen suivant :
Sur les 388 personnes qui se sont inscrites au programme Check Hep C, 77 % (299 personnes) se sont rendues à une clinique pour subir une évaluation médicale. Sur l’ensemble des personnes qui ont passé une telle évaluation, 79 % ont été jugées admissibles au traitement.
Selon les chercheurs, les principales raisons pour classer certains participants comme non admissibles au traitement étaient les suivantes :
« Plus de la moitié (55 %) des candidats admissibles au traitement ont commencé un traitement durant la période du programme; sur ce nombre, 93 % ont suivi le traitement jusqu’au bout et 91 % [ont guéri] », ont affirmé les chercheurs. Selon ces derniers, un taux de guérison aussi élevé porte à croire que les services de navigation des patients « réussissent à surmonter des barrières à la guérison des personnes infectées par le VHC que l’on observait auparavant ».
Les participants suivis dans les centres de l’étude qui dispensaient des soins cliniques (appelés soins « sur place » par les chercheurs) étaient deux fois plus susceptibles d’être jugés « admissibles au traitement » par les médecins et les infirmières que les patients suivis dans les autres sites qui devaient les envoyer ailleurs pour recevoir des soins médicaux (qualifiés de soins « hors site » par les chercheurs).
En outre, les participants traités sur place étaient deux fois plus susceptibles de guérir que les personnes soignées hors site.
Pourquoi cette différence entre les résultats du traitement sur place et le traitement hors site? Selon les chercheurs, il est possible que les médecins et les infirmières soient plus enclins à traiter des personnes « aux besoins élevés » qui « reçoivent le soutien d’un navigateur de patient situé dans le même site clinique pendant le traitement ».
Les chercheurs ont souligné que « la non-admissibilité au traitement causée par la consommation active d’alcool et [l’injection de drogues] active ou récente demeure un obstacle au traitement du VHC ». L’équipe a trouvé que « les problèmes socio-comportementaux, combinés à d’autres [enjeux de santé co-existants], ont été signalés par les navigateurs de patients comme les raisons les plus courantes pour lesquelles les cliniciens refusaient de traiter des patients qui y étaient admissibles à tous les autres points de vue. Pour faire face à ces enjeux, les chercheurs ont proposé les interventions suivantes :
Navigateurs de patients
« Formation additionnelle sur les moyens de soutenir les soins médicaux des personnes qui [consomment de l’alcool et/ou d’autres substances et qui ont des problèmes de santé courants] comme le diabète, l’insuffisance rénale et les problèmes de santé mentale. »
Médecins, infirmières et infirmières praticiennes
« Éducation et formation relatives aux lignes directrices mises à jour sur le traitement du VHC et à la prise en charge des cas complexes. »
Selon les chercheurs, « Les services de navigation des patients offerts dans le cadre du programme Check Hep C ont réussi à impliquer les patients dans les soins médicaux du VHC et à soutenir les patients sous traitement jusqu’à la guérison. Les stratégies de navigation des patients peuvent être employées dans les cliniques et les organismes de santé communautaires qui servent des populations aux besoins élevés afin de soutenir le traitement du VHC et favoriser la guérison. En particulier, les services de navigation des patients offerts en clinique peuvent être utilisés pour améliorer le continuum des soins du VHC. Le succès des programmes comme Check Hep C peut servir à soutenir les changements de politiques afin d’assurer le financement et le remboursement par les assureurs des services de navigation des patients et de coordination des soins spécifiques au VHC. Les services durables de navigation des patients atteints du VHC sont essentiels pour améliorer les résultats cliniques chez les personnes aux besoins élevés et mettre fin à l’épidémie du VHC ».
Ressources
Site d’information sur l’hépatite C de CATIE
La navigation du système de santé : un examen des données probantes — Point de mire sur la prévention
La navigation du système de santé — Connectons nos programmes
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :