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La vitamine D aide l'organisme à absorber les minéraux calcium et phosphore, qui contribuent à la construction des os. La vitamine D joue aussi un rôle dans le maintien de la force musculaire. Des recherches récentes laissent croire que la vitamine D contribue également à la santé de plusieurs systèmes organiques, y compris le cerveau, les reins, la peau et le système immunitaire. Une gamme diverse de tissus et de cellules sont dotés de récepteurs qui peuvent se lier à la vitamine D, ce qui laisse penser que beaucoup de tissus interagissent avec cette vitamine.
Les résultats d'études de très grande envergure menées aux États-Unis et en Israël laissent croire que les personnes séronégatives ayant un taux de vitamine D sous-optimale dans le sang courent un risque de mortalité plus élevé. Même après avoir tenu compte de facteurs comme le tabagisme, le diabète, les taux de cholestérol, le statut socioéconomique, l'âge et la saison, entre autres, les chercheurs israéliens ont constaté que, lors de leur étude menée auprès de plus 180 000 personnes, la présence d'un taux sanguin de vitamine D inférieur à 50 nanomoles/litre (nmol/l) était liée de manière significative à un risque accru de mourir de différentes causes.
Lors d'une autre étude par observation nommée EuroSIDA, les chercheurs ont constaté que de nombreuses personnes séropositives présentaient une carence en vitamine D. De plus, plusieurs études menées en Amérique du Nord, et même dans des pays méditerranéens relativement ensoleillés comme l'Espagne et l'Italie et des pays tropicaux comme le Brésil, la Tanzanie et la Thaïlande, ont permis de constater que la carence en vitamine D était relativement courante parmi les personnes séropositives. L'équipe EuroSIDA a observé que les participants qui avaient moins de 12 nanogrammes/millilitre (ng/ml) de vitamine D dans leur sang (soit environ 30 nmol/l) étaient plus à risque de contracter une maladie liée au sida et de mourir.
Des chercheurs français ont récemment terminé une étude menée auprès de près de 3 000 personnes séropositives dont les résultats seront publiés dans le Journal of Antimicrobial Chemotherapy. Lors de l'étude en question, les taux sous-optimaux et les carences en vitamine D étaient courants. Cette étude française avait ceci d'intéressant que les chercheurs effectuaient des analyses afin de déterminer des facteurs qui auraient pu faire baisser les taux de vitamine D. L'un des facteurs en question semblait être une thérapie anti-VIH spécifique. Des études antérieures avaient en effet révélé que l'exposition au médicament anti-VIH éfavirenz (Sustiva, Stocrin et dans l'Atripla) était associée à un faible taux de vitamine D. Non seulement cette étude française a confirmé l'existence de cette association, elle a aussi tenté d'évaluer l'impact d'autres médicaments anti-VIH couramment utilisés sur les taux de vitamine D.
Des équipes de recherche des villes françaises suivantes ont collaboré à cette étude :
Les chercheurs ont réuni les données recueillies auprès de 2 994 participants, dont 334 ne recevaient pas de combinaison de médicaments puissants contre le VIH (couramment appelée multithérapie ou TAR). Ils n'ont pas recruté de personnes recevant un traitement pour l'ostéoporose, une carence en vitamine D ou l'insuffisance rénale.
Les participants avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l'étude :
Selon la ville et le fabricant du test de vitamine D utilisé, certains chercheurs mesuraient les taux de vitamine D en nanogrammes/ml et d'autres en nanomoles/l.
L'équipe de recherche a défini les taux de vitamine D comme suit :
Se fondant sur ces chiffres, les chercheurs ont constaté que 87 % des participants avaient un faible taux de vitamine D dans leur sang, comme suit :
Les chercheurs ont constaté que les facteurs suivants étaient liés à la présence d'une carence en vitamine D :
Dans un premier temps, les chercheurs ont remarqué que l'utilisation d'une multithérapie était liée à un faible taux de vitamine D. Toutefois, des analyses poussées ont révélé que, chez 2 660 participants suivant une multithérapie, la carence en vitamine D était spécifiquement liée à l'exposition au médicament anti-VIH éfavirenz. Plus le traitement par ce dernier durait, plus le risque de carence augmentait.
On n'a pas trouvé de lien entre la carence en vitamine D et les médicaments suivants :
Cette étude française est utile, car elle confirme les résultats d'études antérieures, à savoir que la prise d'éfavirenz est associée à une baisse du taux de vitamine D dans le sang. De plus, l'étude française confirme l'existence d'un lien entre le tabagisme et la baisse du taux de vitamine D. Ce résultat est important parce que le tabagisme, en plus d'être lié à la carence en vitamine D chez les personnes séronégatives, est un facteur de risque d'ostéopénie et d'ostéoporose (amincissement des os).
Lors d'une autre étude, le fait de remplacer l'éfavirenz par le darunavir-ritonavir a donné lieu à une augmentation des taux de vitamine D. Et une autre étude randomisée a révélé que les participants recevant de la rilpivirine (Edurant et dans le Complera) avaient des taux de vitamine D stables, alors que ceux des participants affectés au groupe éfavirenz diminuaient.
Des expériences de laboratoire semblent indiquer que l'éfavirenz stimule l'activité d'enzymes qui dégradent la vitamine D3 (forme active de cette vitamine) et qu'il perturbe l'activité d'enzymes qui convertissent la vitamine D2 en D3.
Cette étude française était une étude par observation et transversale, ce qui veut dire que les chercheurs n'ont mesuré les taux de vitamine D qu'à un seul moment. De plus, ils n'étaient pas en mesure de tenir compte de facteurs qui auraient pu fausser leurs conclusions, tels que l'exposition au soleil, le teint de la peau et l'ethnie. À la lumière de toutes ces limitations, il faut interpréter les conclusions de cette étude avec prudence. Il reste que les résultats de cette étude sur l'impact de l'éfavirenz sur les taux de vitamine D font écho à ceux de plusieurs autres études, y compris des essais cliniques randomisés. Enfin, l'étude française comptait un nombre relativement grand de participants, ce qui sert à renforcer ses conclusions.
Cette étude et d'autres encore soulignent la nécessité d'évaluer le taux de vitamine D des personnes séropositives. Pour les cas d'insuffisance ou de carence, des spécialistes en matière d'hormones ont rédigé des lignes directrices sur la supplémentation. Soulignons que la supplémentation doit toujours se faire sous supervision médicale. Pour en savoir plus sur les lignes directrices sur la vitamine D et sur celle-ci en général, consultez TraitementSida 185.
—Sean R. Hosein
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