Souhaitez-vous recevoir nos publications directement dans votre boîte de réception?

CATIE

Le risque de maladies cardiovasculaires – rétrécissement des artères, crise cardiaque, accident vasculaire cérébral, etc. – augmente chez les personnes vivant avec le VIH. Il peut y avoir plusieurs raisons pour ce problème, y compris les suivantes :

  • L'infection au VIH cause de l'inflammation, ce qui peut entraîner à la longue la dégradation des organes, y compris le cœur, les vaisseaux sanguins et les reins (qui aident à réguler la pression artérielle).
  • Des études ont permis de constater que de nombreuses personnes séropositives présentent des facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, tels que le tabagisme, l'hypertension et des taux de lipides anormaux.
  • Certaines personnes vivant avec le VIH (PVVIH) s'injectent des substances illicites comme la cocaïne et l'héroïne.

Une équipe de chercheurs aux États-Unis a collaboré à une étude avec des chercheurs du département des Veterans Affairs (VA). Le VA collecte des données sur la santé de milliers d'anciens combattants afin de comparer, entre autres, les taux de maladies chez les personnes séronégatives et séropositives. Leur analyse laisse croire que certaines PVVIH pourraient courir un risque plus élevé d'insuffisance cardiaque.

Il convient de préciser que le terme insuffisance cardiaque ne veut pas dire que le cœur arrête de battre. Ce terme médical veut plutôt dire que l'organe n'arrive pas à pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins du corps. Par conséquent, la santé des organes vitaux se détériore et divers symptômes peuvent apparaître, comme la fatigue, l'essoufflement, l'enflure des membres inférieurs et de l'abdomen et des problèmes de concentration. Dans les cas plus graves d'insuffisance cardiaque, il peut y avoir des douleurs soudaines à la poitrine. En l'absence de traitement, l'insuffisance cardiaque peut compromettre la qualité de vie, nécessiter des visites à l'urgence et écourter l'espérance de vie.

Détails de l'étude

Des chercheurs d'un peu partout aux États-Unis ont analysé des données recueillies par le VA entre 2000 et 2007 auprès de 6 095 anciens combattants séronégatifs et 2 391 anciens combattants séropositifs. Compte tenu du faible nombre (276) de femmes inscrites dans la base de données, l'analyse finale a porté uniquement sur des hommes. Les chercheurs ont également exclu de leur analyse les hommes ayant déjà une maladie cardiovasculaire ou fait l'objet d'un diagnostic d'insuffisance cardiaque, ainsi que les hommes qui avaient pris certains médicaments anticancéreux reconnus d’encourir des effets dangereux pour le cœur.

Le profil moyen des PVVIH au début de l'étude était le suivant :

  • âge – 48 ans
  • compte de CD4+ – 366 cellules
  • charge virale en VIH – 660 copies/ml

Les comorbidités suivantes étaient présentes dans les proportions ci-dessous :

  • co-infection par le virus de l'hépatite C – 31 %
  • taux de lipides sanguins anormaux (cholestérol, triglycérides) – 30 %
  • tension artérielle supérieure à la normale – 19 %
  • diabète de type 2 – 17 %
  • tabagisme actif – 55 %
  • antécédents de dépendance à l'alcool – 34 %
  • antécédents de dépendance à la cocaïne – 22 %

Résultats

Au cours de l'étude, on a recensé 97 cas d'insuffisance cardiaque chez les PVVIH et 189 cas chez les personnes séronégatives.

Pour pousser l'examen de ce résultat, les chercheurs ont tenu compte des facteurs de risque traditionnels d'insuffisance cardiaque. Malgré le retrait de l'analyse des personnes présentant ces facteurs de risque, le lien entre l'infection au VIH et le risque accru d'insuffisance cardiaque demeurait. Toutefois, on n'a constaté aucune augmentation du risque d'insuffisance cardiaque chez les PVVIH dont la charge virale était inférieure à 500 copies/ml au début et à la fin de l'étude. Cette différence entre les personnes ayant une charge virale sous la barre des 500 copies/ml et celles ayant une charge virale plus élevée était significative du point de vue statistique, c'est-à-dire non attribuable au hasard seulement.

Pourquoi l'insuffisance cardiaque?

Les chercheurs ne sont pas certains pourquoi l'infection au VIH semble être liée à l'insuffisance cardiaque, particulièrement chez les personnes dont la charge virale se situe à 500 copies/ml ou plus. Il n'empêche que l'équipe a suggéré quelques possibilités, comme suit :

  • le VIH exercerait un effet direct sur le cœur
  • le cœur subirait des dommages immunologiques
  • il y aurait des carences nutritionnelles, surtout les vitamines C et E, les caroténoïdes mixtes, le sélénium et la L-carnitine

Facteurs de risque

Les chercheurs ont souligné la présence de facteurs de risque traditionnels d'insuffisance cardiaque au sein de la population étudiée, notamment les suivants :

  • tension artérielle supérieure à la normale
  • diabète de type 2
  • abus d'alcool
  • obésité

Ainsi, l'équipe de recherche a décrit la réduction de la tension artérielle, la maîtrise du diabète, la perte de poids et la cessation du tabagisme (habitude à l'origine de beaucoup de problèmes cardiaques susceptibles d'augmenter le risque d'insuffisance) comme des « stratégies prudentes à promouvoir ».

Il est possible de vivre avec l'insuffisance cardiaque en faisant suivre son état et en respectant les conseils d'un cardiologue. Il existe aussi des médicaments utiles.

D'autres études devront être réalisées par d'autres équipes afin de confirmer les résultats de celle-ci. Le besoin d'autres recherches est d'autant plus grand que la présente analyse était fondée sur une étude de cohorte rétrospective.  Même si l'équipe de recherche a fait tout son possible pour éliminer les sources potentielles d'interprétations faussées, les études rétrospectives ne peuvent fournir de réponses définitives aux questions de recherche. Elles peuvent cependant servir de point de départ important aux recherches futures.

Pour en savoir plus sur l'amélioration de la santé cardiovasculaire, consultez le feuillet d'information détaillé de CATIE.

                                                                                      —Sean R. Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. Mann DL. Heart failure and Cor pulmonale. In: Fauci AS, Braunwald E, Kasper DL, Hauser SL, Longo DL, Jameson JL and Loscalzo J: Harrison’s Principles of Internal Medicine. 17th edition. New York: McGraw-Hill Medical Press; 2008. Pg. 1443-1445.
  2. Butt AA, Chang CC, Kuller L, et al. Risk of heart failure with human immunodeficiency virus in the absence of prior diagnosis of coronary heart disease. Archives of Internal Medicine. 2011 Apr 25;171(8):737-43.