Le troisième I=Inclusif : Charge virale n’égale pas valeur (V≠V)

Certains s’inquiètent légitimement du fait que le message I=I mette trop l’accent sur la question de l’indétectabilité et ne tienne pas compte du fait que certaines personnes vivant avec le VIH au Canada n’ont pas équitablement accès au TAR ni à des services de santé de qualité axés sur les droits. Il serait improductif de saluer collectivement l’initiative I=I si l’accès au dépistage, au traitement, aux soins et au soutien – et à la suppression virale – n’est pas inclusif.

Nous devons intervenir auprès des personnes exposées ou confrontées à des facteurs de  risque généralisés d’infection au VIH en adoptant des approches intersectorielles. Nous devons envisager d’un œil critique l’influence du colonialisme, de la race, de la classe sociale, du sexe, de l’identité de genre, de l’orientation sexuelle, du statut d’immigrant, des antécédents d’incarcération et d’autres facteurs sur l’accès aux soins de santé et les formes de stigmatisation – en évitant de juger les comportements sur le plan moral ou institutionnel. Ces facteurs doivent être pris en compte lorsqu’il est question de l’incidence du message I=I sur les individus et les communautés auprès desquels nous travaillons.

En tant que fournisseurs de services œuvrant auprès des personnes exposées ou confrontées à des facteurs de risque généralisés d’infection au VIH, nous devons toujours nous efforcer d’assurer à tous un accès équitable aux soins et aux services de soutien. L’accès au traitement du VIH et le résultat souhaité – une charge virale indétectable – est un droit, et le manque d’accès au traitement est une violation de ce droit.

Nous devons éviter de créer deux catégories de personnes séropositives : celles qui présentent une charge virale indétectable et les autres. Les personnes vivant avec le VIH ne se réduisent pas à des résultats d’analyses de laboratoire, et leur valeur n’est pas tributaire de leur charge virale.

Le traitement est d’abord et avant tout un choix personnel, et personne ne devrait avoir honte de ne pas se faire traiter ou de présenter une charge virale quelconque, ce qui peut être le résultat d’un choix ou de circonstances indépendantes de la volonté.1

Les personnes vivant avec le VIH présentant une charge virale détectable2 ne constituent pas un danger pour autrui. Il existe des moyens très efficaces de prévenir le VIH dans le cadre de relations sexuelles plus sécuritaires, notamment les condoms et la prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui peuvent être utilisés de manière individuelle ou combinée par leurs partenaires séronégatifs pour le VIH. Toute personne séropositive, quelle que soit sa charge virale, a droit à une vie sociale, sexuelle et reproductive épanouie et saine.

Le message I=I est un nouvel outil de défense des intérêts des personnes concernées, car ses avantages incontestables constituent un argument convaincant en faveur de l’accès aux tests de dépistage, au traitement, aux soins et au soutien – et donc à la suppression virale – pour tous, sans égard aux obstacles éventuels.

  1. Certaines personnes vivant avec le VIH au Canada peuvent choisir de ne pas être traitées, ou ne pas se sentir prêtes à amorcer un traitement. D’autres peuvent entamer un traitement mais avoir de la difficulté à l’observer pour diverses raisons, comme la stigmatisation, des troubles de santé mentale, des problèmes de toxicomanie, une situation de logement instable, un milieu de vie hostile, des difficultés à payer les médicaments, la résistance aux médicaments ou des effets secondaires intolérables.
  2. Plus de 200 copies/ml de sang.