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3TC (lamivudine, Epivir)

Sommaire

3TC est un type de médicament antirétroviral appelé analogue nucléosidique (INTI). Les effets secondaires les plus fréquents du 3TC peuvent comprendre nausées, maux de tête, diarrhées, vomissements et faiblesse. Cependant, il est à noter que le 3TC cause habituellement peu d’effets secondaires comparativement à beaucoup d’autres médicaments antirétroviraux. Ce médicament se prend habituellement à raison de 300 mg une fois par jour ou de 150 mg deux fois par jour avec ou sans aliments.

Qu’est-ce que 3TC?

Le lamivudine, vendu sous le nom de marque 3TC (Epivir aux États-Unis), est un type de médicament antirétroviral (anti-VIH) appelé analogue nucléosidique ou INTI (inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse). 3TC est utilisé en association avec d’autres médicaments antirétroviraux pour traiter (mais non pour guérir) le VIH.

On trouve 3TC dans ces médicaments :

  • Kivexa – 3TC + abacavir
  • Combivir – 3TC + AZT
  • Trizivir – 3TC + abacavir + AZT

Comment le 3TC agit-il?

Lorsque le VIH infecte une cellule, il prend le contrôle de cette dernière. Le VIH oblige ensuite la cellule à fabriquer de nombreuses copies du virus. Pour fabriquer ces copies, la cellule utilise des protéines appelées enzymes. Lorsque l’activité de ces enzymes est réduite, la réplication du VIH ralentit.

3TC appartient à une classe de médicaments appelés analogues nucléosidiques. 3TC inhibe l’action d’une enzyme appelée transcriptase inverse (TI) dont les cellules infectées par le VIH se servent pour fabriquer de nouveaux virus. Puisque 3TC inhibe ou réduit l’activité de cette enzyme, ce médicament incite les cellules infectées à produire moins de virus.

Comment les personnes vivant avec le VIH utilisent-elles le 3TC?

3TC est utilisé en association avec plusieurs autres médicaments antirétroviraux, y compris les médicaments appartenant à d’autres classes, tels que les inhibiteurs de la protéase et/ou les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI). Les associations de ce genre s’appellent un traitement antirétroviral ou TAR. Pour en savoir plus sur le traitement antirétroviral, consultez la publication de CATIE intitulée Votre guide sur le traitement du VIH.

Pour beaucoup de personnes vivant avec le VIH, le recours à un traitement antirétroviral a provoqué une augmentation de leur compte de cellules CD4+ et une réduction de la quantité de VIH dans leur sang (charge virale). Ces effets bénéfiques contribuent à réduire le risque de contracter une infection potentiellement mortelle. Ni 3TC ni aucun autre médicament antirétroviral ne permet de guérir le VIH. Il est donc important de faire ce qui suit :

  • consulter régulièrement son médecin pour assurer le suivi de son état de santé;
  • continuer d'avoir des relations sexuelles plus sécuritaires et de prendre d’autres précautions pour éviter de passer le VIH à d’autres personnes.

3TC est facile à utiliser et peu toxique, donc il est un des composants les plus fréquents du traitement antirétroviral. 3TC est également un composant de plusieurs « combinaisons à dosage fixe » comme Combivir, Trizivir et Kivexa. Ces derniers contiennent à la fois du 3TC et d’autres antirétroviraux dans un seul comprimé.

La lamivudine et l’hépatite B

Une formulation de 100 mg de la lamivudine est également approuvée pour le traitement de l’infection chronique à l’hépatite B. Cette formulation porte le nom de marque Heptovir au Canada et Epivir HBV aux États-Unis. Aucun de ces derniers n’est interchangeable avec 3TC. Les personnes qui vivent avec le VIH et le virus de l’hépatite B (VHB) devraient utiliser 3TC tel qu’il est prescrit pour le traitement du VIH. (Lire aussi la section « Mises en garde – hépatite B ».)

Mises en garde

1. Acidose lactique et stéatose hépatique

Deux affections apparentées se sont produites chez certaines personnes qui recevaient des analogues nucléosidiques; il s’agit de l’acidose lactique (accumulation d’acide lactique dans le sang) et de la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie). Ces affections peuvent être très graves, voire mortelles. Elles s’observent principalement chez les femmes, les personnes faisant de l’embonpoint ou les personnes qui utilisent des analogues nucléosidiques depuis longtemps. Les symptômes de ces affections comprennent les suivants :

  • fatigue ou faiblesse inattendue;
  • nausées et/ou vomissements;
  • douleurs abdominales persistantes;
  • inflammation douloureuse du pancréas (pancréatite).

Si vous éprouvez l'un de ces symptômes sans cause apparente, appelez immédiatement votre infirmière ou médecin.

2. Hépatite B

Si une personne atteinte d’hépatite B prend du 3TC, l’hépatite peut temporairement devenir pire ou « s’activer » si le médicament est abandonné. Les personnes atteintes d’hépatite B qui utilisent 3TC doivent donc être suivies de près si elles arrêtent de prendre le médicament. Si vous avez l'hépatite B et que vous prenez du 3TC, n'oubliez-pas d'en parler à votre médecin.

Effets secondaires

1. Général

De façon générale, 3TC est mieux toléré que beaucoup d’autres antirétroviraux mais il peut causer certains effets secondaires. Les effets secondaires courants qui ont été signalés par certains utilisateurs du 3TC comprennent maux de tête, malaise, fatigue et diarrhées. D’autres effets signalés comprennent nausées, vomissements, douleurs abdominales et toux. 3TC a rarement pour effet d’exacerber les effets secondaires causés par d’autres antirétroviraux. Plusieurs personnes trouvent que les effets secondaires causés par les antirétroviraux s’atténuent ou disparaissent après quelques semaines de traitement.

Parmi les effets secondaires moins fréquents, mais plus graves, on trouve la neuropathie périphérique (sensation d’engourdissement, de picotement ou de brûlure dans les mains ou les pieds), la neutropénie (chute du nombre de globules blancs appelés neutrophiles) et l’anémie (chute du taux d’hémoglobine ou du nombre de globules rouges).

2. Syndrome de lipodystrophie

Le terme syndrome de lipodystrophie du VIH désigne un éventail de symptômes qui risquent se manifester au fil du temps chez les personnes suivant un traitement antirétroviral.

Il n'existe pas de données probantes indiquant que le 3TC cause la perte de graisse ou qu'il contribue au syndrome de lipodystrophie.

Voici quelques caractéristiques du syndrome :

  • perte de graisse sous la peau (graisse sous-cutanée) du visage, des bras et des jambes;
  • veines saillantes dans les bras et/ou les jambes en raison de la perte de graisse sous-cutanée;
  • dépôts de graisse à l’arrière du cou (« bosse de bison ») ou à la base du cou (« col de cheval »);
  • augmentation du tour de taille ou de la bedaine;
  • petits dépôts de graisse sur l'abdomen;
  • augmentation du volume des seins (femmes).

En plus de ces changements physiques, la lipodystrophie peut s'accompagner de changements métaboliques qui se révèlent dans les résultats d'une analyse sanguine. Parmi ces dernières, mentionnons :

  • augmentation du taux de triglycérides (lipides);
  • augmentation du taux de cholestérol LDL (le « mauvais »);
  • augmentation du taux de sucre sanguin (glucose);
  • augmentation du taux de l'hormone insuline;
  • sensibilité réduite à l'insuline (insulinorésistance);
  • baisse du taux de cholestérol HDL (le « bon »).

La cause précise de la lipodystrophie n'est pas connue et le syndrome s'explique difficilement parce que ses manifestations varient beaucoup d'une personne à l'autre. Par exemple, certaines personnes perdent de la graisse, d'autres en prennent et d'autres encore connaissent des pertes et des gains de graisse. Ce qui ressort de plus en plus clairement est que les changements nuisibles qui se produisent au fil des ans dans les taux de glucose, de cholestérol et de triglycérides font augmenter le risque de diabète et de maladie cardiovasculaire. Toutefois, jusqu'à présent, les nombreux bienfaits du traitement antirétroviral l'emportent sur le risque accru de maladie cardiovasculaire ou d'autres effets secondaires.

Le maintien d'un poids santé, de bonnes habitudes alimentaires, l'arrêt du tabagisme et un programme d'exercices réguliers sont tous importants pour réduire le risque de diabète, de maladies du cœur et d'autres complications. Les consultations de suivi et les analyses sanguines régulières constituent également un élément crucial d'un bon suivi. Si cela s'avère nécessaire, votre médecin sera en mesure de prescrire un traitement visant à abaisser les taux de lipides.

Les chercheurs poursuivent leur étude du syndrome de lipodystrophie afin d'aider les PVVIH à éviter ou à atténuer ce problème. Pour en savoir plus sur la prise en charge des divers aspects du syndrome de lipodystrophie, consultez Un guide pratique des effets secondaires des médicaments anti-VIH.

Peu de données laissent croire que le 3TC est susceptible de causer ou de contribuer spécialement à la lipodystrophie.

Interactions médicamenteuses

Aucune interaction médicamenteuse spécifique n’a été associée au 3TC. Toutefois, l'usage de triméthoprime, un composant de l'antibiotique cotrimoxazole, doit être soigneusement évalué s'il est associé au 3TC chez des personnes présentant des dommages rénaux. Vous devriez toujours consulter votre médecin et pharmacien au sujet de la prise de tout autre médicament, qu’il soit livré sur ordonnance ou en vente libre, y compris les plantes médicinales, les suppléments et les drogues récréatives.

Résistance et résistance croisée

Au fur et à mesure que de nouvelles copies de VIH sont fabriquées dans le corps, le virus modifie sa structure. On appelle ces modifications des mutations; les mutations peuvent permettre au VIH de résister aux effets des médicaments antirétroviraux, ce qui veut dire qu’ils cesseront d’agir pour vous. Le fait d’associer 3TC à au moins deux autres médicaments antirétroviraux permet de retarder le développement de la résistance.

Pour réduire le risque de résistance médicamenteuse, vous devez prendre tous vos médicaments anti-VIH tous les jours en suivant les posologies à la lettre. Si vous manquez ou retardez des prises, ou si vous ne respectez pas les prescriptions de votre médecin, le taux de 3TC risque de tomber trop bas. Si cela se produit, des virus résistants risquent d’apparaître. Si vous avez de la difficulté à prendre vos médicaments de façon régulière et en suivant les instructions, parlez-en à votre médecin ou infirmière. Ils peuvent vous aider.

Lorsque le VIH devient résistant à un médicament d’une classe, il risque parfois de devenir résistant à tous les autres médicaments de cette classe. Il s’agit de la résistance croisée. N’hésitez pas à parler de vos options de traitement actuelles et futures avec votre médecin. Pour vous aider à déterminer quels traitements vous pourrez utiliser à l’avenir, votre médecin peut faire analyser un petit échantillon de votre sang dans le cadre de tests de résistance. Si le VIH finit par acquérir une résistance au 3TC, votre médecin pourra utiliser les tests de résistance pour vous aider à construire une autre combinaison de médicaments.

Il suffit d’une seule mutation (appelée « M184V ») pour permettre au VIH d’acquérir une forte résistance au 3TC. Toutefois, de façon générale, on trouve pertinent de poursuivre le traitement au 3TC même si cela se produit parce que le virus muté résistant au 3TC est :

  • moins « en forme » (il se réplique moins efficacement);
  • encore maîtrisé par le 3TC jusqu’à un certain degré;
  • plus vulnérable à certains autres antirétroviraux, notamment l’AZT.

Posologie et formulations

3TC est offert sous forme de comprimés de 150 mg et de 300 mg et sous forme de solution orale (10 mg/mL). La posologie standard pour les adultes est de 150 mg deux fois par jour ou de 300 mg une fois par jour. 3TC peut se prendre avec ou sans aliments.

Les combinaisons à dosage fixe Combivir et Trizivir sont des comprimés individuels qui contiennent à la fois du 3TC et d’autres antirétroviraux, ce qui permet de réduire le nombre de pilules que les patients doivent prendre. Combivir contient 150 mg de 3TC et 300 mg d’AZT dans un seul comprimé qui se prend deux fois par jour. Trizivir contient la même combinaison que Combivir, ainsi que 300 mg d’abacavir (Ziagen). Kivexa contient 300 mg de 3TC et 600 mg d’abacavir.

Les formulations peuvent changer et les posologies doivent parfois être personnalisées. Tous les médicaments doivent toujours être pris conformément aux prescriptions de votre médecin.

Accessibilité

3TC est homologué au Canada pour le traitement de l’infection au VIH chez les adultes, en association avec d’autres médicaments antirétroviraux. Votre médecin peut vous renseigner davantage sur l’accessibilité et le remboursement du 3TC dans votre région. CATIE a créé un module électronique intitulé Accès aux médicaments anti-VIH : Programme fédéraux, provinciaux et territoriaux d’accès aux médicaments qui contient de l’information sur le remboursement des médicaments au Canada.

Consultez également les feuillets d’information de CATIE sur Combivir, Trizivir et Kivexa.


Références

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Auteur(s) : Thaczuk C, Hosein SR, Ziegler B

Traduction : Boutilier A

Publié : 2014