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Orientations prioritaires pour aborder l’hépatite C chez les peuples autochtones

Il est essentiel d’apprécier l’énorme diversité culturelle, linguistique et socio-économique d’une communauté autochtone à l’autre et à l’intérieur d’une même communauté puisque plus de la moitié de la population autochtone vit dans des centres urbains et qu’il y a une forte migration entre les régions urbaines et non urbaines. Il y a des variations significatives dans les modèles de programmes intégrés autochtones en raison des questions complexes liées aux secteurs de compétence et des incompatibilités dans les politiques et les ententes d’autonomie gouvernementale au pays. Il y a des programmes dans les réserves et hors réserve; des programmes en milieu urbain, en milieu rural et en région reculée; des programmes de compétence fédérale, provinciale et territoriale; des fournisseurs de services multiples, des normes de santé multiples et de multiples bailleurs de fonds.

Vision d’un modèle de soins pour l’hépatite C pour les peuples autochtones

La contextualisation locale et culturelle de tout modèle est critique, mais les éléments suivants appuient une vision commune d’un modèle de soins efficace et pertinent en matière d’hépatite C pour les peuples autochtones.

Des structures doivent être élaborées et dirigées par les peuples des Premières Nations, des Métis et des Inuits en vue d’éliminer le fardeau disproportionné d’hépatite C au sein des peuples autochtones en établissant, pour cette population, des cibles de santé qui surpassent celles établies pour l’ensemble de la population canadienne. Cet accent prononcé sur les résultats de santé des populations prioritaires et les investissements connexes sont connus sous le terme « equity plus »[fn]« Equity plus » (équité plus) est un terme utilisé pour décrire l’objectif d’obtenir, pour les populations prioritaires, des résultats de santé qui sont non seulement égaux à ceux de l’ensemble de la population, mais qui les surpassent. Cela suppose d’accorder une attention particulière aux résultats de santé de ces populations et d’y investir de façon spécifique.[/fn] dans la prestation de services de prévention, de dépistage, de soins, de traitement et de soutien en vue d’atteindre un objectif zéro (« Achieving zero »).[fn]« Achieving zero » (l’atteinte d’un objectif zéro) est un terme qui désigne l’objectif d’éliminer la surreprésentation des peuples autochtones et autres populations mal desservies dans les données sur les disparités de santé.[/fn]

  • Les approches autochtones et pluridisciplinaires :
    • sont ancrées dans les déterminants autochtones de la santé (y compris le racisme colonial et l’exclusion sociale);
    • offrent des modèles de soins diversifiés et partagés – soins primaires, itinérants, en milieu communautaire; télémédecine; soutien par des spécialistes appropriés;
    • accordent la priorité à la main-d’œuvre autochtone, y compris les courtiers et les navigateurs en santé (qui sont autochtones mais pas nécessairement de la communauté en question).
  • Les approches équitables et à facettes multiples :
    • offrent la prestation de soins intégrés et sont structurées de manière à permettre aux praticiens de passer le temps nécessaire pour aborder adéquatement les besoins particulièrement complexes de nombreux clients autochtones;
    • offrent des services intégrés de prévention, de dépistage, de traitement et de soins pour les infections transmissibles sexuellement et par le sang – services qui sont fournis soit par l’intégration de services ou par la collaboration de programmes;
    • comprennent une éducation appropriée et un arrimage à des soins après dépistage;
    • facilitent l’accès à un traitement contre l’hépatite C d’après l’état de préparation du client au lieu des critères d’admissibilité cliniques (degré de fibrose, nombre de séances de traitement) ou des critères financiers.
  • Les approches holistiques et culturellement sécuritaires :
    • offrent des programmes holistiques et culturellement sécuritaires – le terme « culture » ayant une définition large incluant le sexe, l’expérience vécue et les croyances culturelles traditionnelles;
    • font intervenir les processus et les modes de connaissance et de guérison autochtones;
    • fournissent des soins qui tiennent compte des traumatismes – y compris les traumatismes historiques, collectifs et transgénérationnels
  • Les approches géographiquement souples et adaptables :
    •  s’adaptent aux populations rurales et urbaines hautement mobiles et établissent des liens entre celles-ci
  • Les approches collaboratives intersectorielles :
    • créent des liens officiels avec d’autres secteurs (p. ex., des liens avec les services correctionnels sont nécessaires, étant donné la surreprésentation des peuples autochtones dans les populations carcérales).

 Recommandations pour aborder l’hépatite C au sein des communautés autochtones

  • Établir un exercice de schématisation autochtone national pour recueillir des données sur les modèles autochtones, y compris des modèles en milieu urbain, rural, mobile, en région reculée, dans les réserves et hors réserve. Ces modèles doivent être partagés et utilisés comme guides pour créer des programmes adaptables.
  • Créer une stratégie autochtone nationale en matière d’hépatite C afin de fournir un cadre d’action pour les peuples et les communautés autochtones, ainsi que les fournisseurs de soins de santé et les gouvernements.
  • Investir dans des programmes et des services holistiques et culturellement sécuritaires, tant à l’échelon individuel qu’organisationnel.
  • Investir dans des programmes fondés sur les processus et les modes de connaissance et de guérison autochtones.

Outils, ressources et soutiens

  • Il faudra un outil pour schématiser les services d’un bout à l’autre du pays.
  • Des cliniques de dépistage mobiles seront nécessaires pour augmenter les taux de dépistage. On devrait offrir une éducation et un arrimage à des soins après dépistage.
  • On devrait entretenir des liens officiels avec les services correctionnels fédéraux et provinciaux et territoriaux.
  • Les modèles de programmes d’entraide devraient être partagés.
  • Les autorités sanitaires nationales et internationales devront recueillir et interpréter les données autochtones spécifiques et adopter une approche « equity plus » établissant des cibles précises quant au nombre de personnes autochtones qui se font tester, qui suivent un traitement et qui se prévalent des services, au lieu d’avoir simplement des cibles générales pour l’ensemble de la population et ainsi possiblement rater des différences pour des populations distinctes.
  • Des ressources éducatives dans le domaine de la santé devraient être offertes dans plusieurs langues autochtones.