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Le crystal meth (également appelé méthamphétamine en cristaux, ice, meth, Tina) est une drogue récréative qui appartient à la catégorie des stimulants. Selon nombre de rapports, la consommation de crystal meth lors des relations sexuelles a augmenté parmi certains hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). La recherche menée auprès d’HARSAH laisse croire que cette drogue leur fait vivre initialement les expériences suivantes :
Outre les effets d’ordre sexuel, nombre d’hommes et de femmes affirment que le crystal meth augmente la vigilance et leur donne la sensation d’avoir plus d’énergie.
Nombre d’études portent toutefois à croire que, une fois que l’intoxication provoquée par le crystal meth s’estompe, des symptômes de sevrage peuvent se produire, dont les suivants :
L’intensité et la persistance de ces symptômes de sevrage, et d’autres encore, peuvent varier d’une personne à une autre. Certaines personnes recommencent à consommer du crystal meth pour soulager les symptômes de sevrage, mais cela peut créer une dépendance et entraîner des problèmes de santé, y compris les surdoses.
Le médicament mirtazapine (vendu sous le nom de Remeron ainsi qu’en versions génériques) est parfois utilisé pour traiter les maladies dépressives. Son utilisation est associée à un risque accru de prise de poids. Il y a environ une décennie, un groupe de chercheurs de San Francisco a mené une petite étude pour explorer l’effet à court terme de la mirtazapine chez des utilisateurs de crystal meth. Cette étude de 12 semaines a révélé une réduction de la consommation de crystal meth parmi les personnes qui recevaient de la mirtazapine (par rapport au placebo).
Cette même équipe de recherche vient de terminer une étude contrôlée contre placebo de plus longue durée et de plus grande envergure auprès d’utilisateurs de crystal meth. Dans l’ensemble, les chercheurs ont constaté que les participants qui recevaient de la mirtazapine réduisaient de façon modeste leur consommation de crystal meth (comme l’attestaient les analyses d’urine). Notons cependant que les taux d’observance étaient faibles dans le groupe recevant la mirtazapine et le groupe placebo, soit 40 % environ. Les participants qui prenaient la mirtazapine ont connu des améliorations de leur humeur et de leur sommeil.
Des infirmières ont évalué 241 personnes et trouvé que 120 d’entre elles convenaient à l’étude. Toutes ces personnes souffraient d’une dépendance au crystal meth et s’intéressaient à réduire ou à cesser leur consommation de cette drogue.
Des recherches antérieures avaient permis de constater que, lorsque le crystal meth entrait dans le corps, il finissait par être métabolisé par le foie et dégradé partiellement en plusieurs composés chimiquement apparentés qui étaient ensuite filtrés par les reins et sécrétés dans l’urine. Durant la présente étude, les participants fournissaient régulièrement des échantillons d’urine afin que les chercheurs puissent les analyser et surveiller leur consommation de crystal meth.
Tous les participants se soumettaient à des séances de counseling hebdomadaire de courte durée (30 minutes) qui étaient conçues pour les aider à comprendre leur dépendance au crystal meth et encourager leurs tentatives de se libérer de son emprise.
Les comprimés de mirtazapine et de placebo utilisés dans cette étude étaient d’apparence identique. Ils étaient dispensés dans des flacons qui enregistraient des données sur le nombre de fois qu’on les ouvrait, puis ces données étaient envoyées par transmission sans fil à l’ordinateur central de l’étude. De cette manière, les chercheurs pouvaient surveiller les comportements des participants par rapport à la prise des comprimés.
Durant la première semaine de l’étude, les participants ont reçu de la mirtazapine à raison de 15 mg/comprimé ou encore un placebo comparable. Après cette période, ils ont reçu de la mirtazapine à raison de 30 mg/comprimé ou un placebo comparable. Les participants étaient censés prendre un comprimé par jour pendant 24 semaines. À la fin de cette étude, la prise de comprimés a cessé mais le suivi des participants s’est poursuivi pendant 12 semaines.
Voici la fréquence de la consommation de crystal meth enregistrée :
(Remarque : La somme des pourcentages n’est pas 100 parce qu’ils ont été arrondis.)
Les participants ont employé les méthodes suivantes pour consommer du crystal meth :
(De nombreuses personnes ont fait état de plus d’une méthode de consommation de crystal meth.)
Au début de l’étude, les analyses d’urine ont révélé la présence de crystal meth dans les échantillons de 80 % des participants. Cette proportion a diminué de façon modeste au cours de l’étude, notamment chez les personnes recevant la mirtazapine.
L’équipe n’a constaté aucune différence significative entre la mirtazapine et le placebo en ce qui concerne l’envie de consommer du crystal meth signalée par les participants.
À la semaine 24, les participants qui recevaient de la mirtazapine éprouvaient considérablement moins de symptômes de dépression. On a également constaté une tendance vers la réduction de l’insomnie à la semaine 24.
Comme nous l’avons mentionné plus tôt, les taux d’observance de la mirtazapine et du placebo étaient faibles, soit de 30 % à 40 % en moyenne à différents moments de l’étude.
Aucun problème majeur ne s’est produit en ce qui concerne l’innocuité. Les participants ont signalé des effets secondaires que l’on savait associés à la mirtazapine dans les proportions suivantes :
Fatigue ou somnolence (ces deux catégories ont été combinées par l’équipe de l’étude)
Prise de poids non intentionnelle
Augmentation de l’appétit
Les résultats de cette étude portent à croire que la mirtazapine exerce des effets très modestes en ce qui concerne la réduction de la consommation de crystal meth chez les personnes dépendantes. Le médicament a également réduit les symptômes de dépression.
Si l’effet de la mirtazapine n’a été que modeste, cela est peut-être attribuable en partie au faible taux d’observance documenté dans cette étude. Selon les chercheurs, on avait généralement fait état de taux d’observance faibles lors d’autres études sur la dépendance à la méthamphétamine aussi.
Il est probable que cette faible quantité de counseling (30 minutes par semaine) n’est pas optimale pour les personnes aux prises avec une dépendance au crystal meth. Les chercheurs ont cependant utilisé cette quantité de temps parce qu’elle ressemble à ce que les gens reçoivent dans le cadre des soins de routine.
Les études futures sur la mirtazapine pourraient incorporer les éléments suivants afin d’explorer leur impact chez les personnes souffrant d’une dépendance au crystal meth :
Une autre option consisterait à mener des essais cliniques pour explorer l’innocuité et l’efficacité d’autres interventions éventuelles. À titre d’exemple, notons que des chercheurs ont trouvé qu’une perfusion intraveineuse de kétamine aidait certaines personnes à se libérer de leur dépendance à la cocaïne. Il est plausible que la kétamine par intraveineuse ou sous d’autres formes puisse aider les personnes souffrant d’une dépendance au crystal meth.
Ressource
La kétamine intraveineuse et la thérapie par la pleine conscience peuvent-elles rompre la dépendance à la cocaïne? – Nouvelles CATIE
—Sean R. Hosein
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