- Des études ont révélé que le risque d’accouchement prématuré est plus élevé chez les personnes vivant avec le VIH
- Une équipe de la Colombie-Britannique a analysé des données portant sur 25 ans de grossesses chez des personnes séropositives
- Les infections transmissibles sexuellement ou la vaginose bactérienne ont doublé le risque d’accouchement prématuré
Lorsqu’ils sont utilisés comme il se doit, les traitements contre le VIH (traitements antirétroviraux ou TAR) réduisent très efficacement la quantité de virus dans le corps et aident le système immunitaire à se réparer en grande partie. Ces bienfaits du TAR ont amélioré la santé et donné une espérance de vie quasi normale à de nombreuses personnes séropositives. De plus, le fait d’avoir une charge virale indétectable grâce au TAR réduit énormément le risque de transmettre le VIH à son bébé durant la grossesse et l’accouchement.
Des études ont permis de constater que les personnes séropositives enceintes courent généralement un risque accru d’accoucher avant terme. Les bébés prématurés ont tendance à avoir un poids insuffisant à la naissance et à courir un risque accru de complications.
Pour déterminer quels facteurs augmentent le risque d’accouchement prématuré chez les personnes vivant avec le VIH, une équipe de recherche de la Colombie-Britannique a analysé des données se rapportant à la santé de personnes séropositives enceintes et à celle de leurs bébés. Les données en question ont été recueillies entre 1997 et 2022. L’équipe s’est concentrée sur 578 grossesses dont un seul bébé est né (appelées « grossesses uniques » par l’équipe). Dans l’ensemble, 93 % des personnes étaient sous TAR avant d’accoucher, et 80 % de celles-ci avaient une charge virale indétectable au moment de l’accouchement.
L’équipe de recherche a trouvé que 11 % des participant⋅e⋅s avaient eu soit une infection transmissible sexuellement (ITS) soit une vaginose bactérienne (VB) pendant la grossesse. Cent onze bébés (19 %) sont nés prématurément.
L’équipe de recherche a analysé sa base de données pour déterminer quels facteurs étaient liés statistiquement à un risque accru d’accouchement prématuré. Son analyse a tenu compte de nombreux critères, dont l’appartenance ethnique, les antécédents d’accouchement avant terme, l’usage de substances avant et près du moment de l’accouchement, la co-infection par le virus de l’hépatite C, l’usage d’un TAR à base d’inhibiteur de la protéase et le compte de CD4+ et la charge virale au moment de l’accouchement.
L’équipe a constaté que la présence d’ITS ou de vaginose bactérienne augmentait considérablement le risque d’accouchement prématuré chez les personnes séropositives. De fait, le risque doublait essentiellement en présence d’une ITS ou d’une VB. Notons que 37 % des personnes enceintes atteintes d’une telle infection ont accouché prématurément. Chez les personnes sans présence d’une ITS ou d’une VB, le taux d’accouchement prématuré se situait à 17 %.
À retenir
Sur 25 ans de collecte de données auprès de personnes séropositives enceintes vivant en Colombie-Britannique, 19 % des bébés sont nés prématurément. Notons, en revanche, que le taux global d’accouchement prématuré était d’environ 7 % dans l’ensemble de la population de la province.
L’équipe de recherche a souligné une ITS spécifique appelée trichomonase. Cette ITS est causée par le parasite Trichomonas vaginalis et peut être traitée. Selon l’équipe britanno-colombienne, les personnes atteintes de trichomonase pendant la grossesse « affichaient un taux d’accouchement avant terme de 50 % ». Il importe cependant de noter que le nombre de personnes atteintes de cette maladie parasitaire était relativement faible, ce qui écartait la possibilité d’une analyse statistique pertinente. Espérons que l’incidence de cette ITS sera évaluée dans le cadre d’études futures.
La longue durée de la collecte de données, soit 25 ans, constitue une force importante de cette étude. L’équipe de recherche ne peut toutefois préciser quelle proportion des participant⋅e⋅s n’ont pas passé de tests de dépistage d’ITS ou de VB pendant la grossesse. Selon l’équipe, d’autres études ont permis de constater des taux de VB relativement élevés chez des personnes séropositives. Dans la présente étude, cependant, « seuls 7,3 % des personnes séropositives enceintes de notre population avaient une vaginose bactérienne ». Et d’ajouter l’équipe : « La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada [SOGC] ne recommande pas le dépistage systématique de la vaginose bactérienne chez les individus [asymptomatiques] en l’absence de facteurs de risque d’accouchement prématuré. Le dépistage n’est recommandé que pour les personnes enceintes présentant des symptômes de vaginose bactérienne ».
Nonobstant la position de la SOGC, les résultats de cette étude soulignent la nécessité de dépister exhaustivement les ITS et la vaginose bactérienne chez les personnes enceintes vivant avec le VIH.
—Sean R. Hosein
Ressources
Infections transmissibles sexuellement et par le sang : Guides à l’intention des professionnels de la santé – Agence de la santé publique du Canada
Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Prise en charge syndromique – Agence de la santé publique du Canada
RÉFÉRENCES :
- Wong JMH, Av-Gay G, Lee T et al. Sexually transmitted infections and bacterial vaginosis and preterm birth in pregnant people living with HIV: a population-based cohort study. International Journal of STD and AIDS. 2025 Aug;36(9):712-718.
- Ravindran J, Richardson BA, Kinuthia J et al. Chlamydia, gonorrhea, and incident HIV infection during pregnancy predict preterm birth despite treatment. Journal of Infectious Diseases. 2021 Dec 15;224(12):2085-2093.
- Walters MK, Bulterys MA, Barry M et al. Probability of vertical HIV transmission: a systematic review and meta-regression. Lancet HIV. 2025 Sep;12(9):e638-e648.