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Les personnes africaines, caraïbéennes et noires (ACN) sont touchées de façon disproportionnée par les infections au VIH en raison des déterminants sociaux de la santé qui se recoupent et de la stigmatisation1,2,3,4.

L’étude A/C

L’étude A/C est un projet de recherche communautaire en deux phases visant à sensibiliser les communautés ACN de l’Ontario au VIH et à orienter l’élaboration de politiques et autres ripostes au VIH4.

La première phase de l’étude (dont il est question ici) a examiné la prévalence du VIH et les facteurs associés au risque de VIH chez les personnes ACN. L’étude s’est déroulée à Toronto et à Ottawa de janvier à décembre 2019. Des personnes ACN de première et de deuxième génération âgées de 15 à 64 ans ont été recrutées par des pairs pour participer à une enquête et à un test facultatif de dépistage du VIH. L’enquête a recueilli des renseignements sociodémographiques et des données sur le comportement sexuel, l’utilisation de substances, le don de sang, l’accès aux systèmes et services de santé et leur utilisation, ainsi que sur l’accès au dépistage, aux soins et au traitement du VIH et leur utilisation. La méthode du dépistage par gouttes de sang séché (GSS) a permis de déterminer le statut VIH des participant·e·s qui ont accepté de passer le test4,5.

La deuxième phase de l’étude comportait un atelier en ligne sur deux jours avec des adultes ACN et des prestataires offrant des services à ces communautés dans la région du grand Toronto et à Ottawa. Pendant cet atelier, les résultats de la première phase ont été présentés puis soumis à 12 groupes pour discussion4.

Résultats5

Pour la première phase de l’étude, 1 380 personnes ont participé à une enquête. De ce nombre, 834 personnes (60,4 %) ont accepté de passer le test de dépistage du VIH par GSS. Des 1 380 participant·e·s, 61,9 % venaient de Toronto; 63,4 % étaient des femmes; 63,8 % ont déclaré avoir déjà subi un test de dépistage d’une infection transmissible sexuellement (ITS); et 74,6 % ont déclaré avoir déjà subi un test de dépistage du VIH.

Des 834 personnes qui ont accepté de passer un test de dépistage du VIH par GSS, 8 % se sont révélées être séropositives (prévalence du VIH). Après pondération des résultats en fonction de l’âge, la prévalence estimée du VIH dans la population adulte (15 à 49 ans) était de 6,6 %; après pondération des résultats en fonction de l’âge, du sexe et de la ville de résidence, la prévalence globale du VIH au sein de la communauté ACN de l’Ontario était estimée à 7,5 %.

Selon les résultats de l’enquête, 82,5 % des personnes ayant obtenu un résultat positif au test de dépistage du VIH ont déclaré elles-mêmes leur séropositivité, ce qui veut dire qu’elles connaissaient déjà leur statut. Il en ressort donc que 17,5 % des personnes ayant à la fois passé le test de dépistage par GSS et répondu à l’enquête ne savaient pas qu’elles vivaient avec le VIH. Il est bien sûr possible que le statut VIH ait été sous-déclaré en raison de la stigmatisation.

Dans une analyse corrigée pour tenir compte des facteurs démographiques, socioéconomiques et comportementaux, les personnes suivantes étaient nettement plus susceptibles d’avoir un résultat positif au test de dépistage du VIH :

  • Les personnes âgées, qui sont 2,80 fois plus susceptibles que les plus jeunes
  • Les personnes nées à l’extérieur du Canada, qui sont 4,70 fois plus susceptibles que les personnes nées au Canada
  • Les personnes ayant répondu au sondage en français, qui sont 9,83 fois plus susceptibles que celles qui l’ont rempli en anglais
  • Les personnes sans emploi, qui sont 1,85 fois plus susceptibles, ou celles qui travaillent à temps partiel, qui sont 4,64 fois plus susceptibles, que celles qui ont un emploi à temps plein
  • Les personnes ayant déclaré avoir utilisé des substances pendant les rapports sexuels, qui sont 1,66 fois plus susceptibles que celles qui ont déclaré ne pas l’avoir fait
  • Les personnes qui se sont identifiées comme étant homosexuelles, qui sont 19,68 fois plus susceptibles, ou bisexuelles, qui sont 2,82 fois plus susceptibles, que celles qui se sont identifiées comme hétérosexuelles

Les personnes suivantes étaient moins susceptibles d’avoir un test de dépistage positif au VIH :

  • Les personnes qui ont un diplôme d’études secondaires (99 % moins susceptibles), un diplôme collégial (100 % moins susceptibles) ou un diplôme universitaire (100 % moins susceptibles), par rapport aux personnes n’ayant pas de diplôme d’études secondaires
  • Les personnes ayant un logement plus adéquat (15 % moins susceptibles) (la situation de logement pouvait être qualifiée d’inadéquate, à peine suffisante, assez adéquate ou très adéquate)
  • Les personnes ayant un capital social plus élevé (39 % moins susceptibles), qui a été estimé à partir des niveaux d’accord ou de désaccord sur les perceptions des personnes au sujet de leur quartier
  • Les personnes ayant déclaré avoir déjà passé un test de dépistage d’une ITS (60 % moins susceptibles), par rapport aux personnes ayant déclaré ne jamais en avoir passé un

Qu’est-ce que cette étude nous indique5?

En plus de fournir des estimations de la prévalence du VIH chez les personnes ACN de l’Ontario, cette étude fait ressortir les facteurs qui sont liés à cette prévalence, ce qui peut contribuer à orienter les décisions sur les priorités d’intervention. Quelques exemples d’axes pour les programmes et politiques, mentionnés par les auteur·trice·s de l’étude :

  • Se concentrer sur le rôle protecteur que peut jouer le soutien de la communauté et de la famille dans la réduction du risque de VIH et l’augmentation de la résilience chez les personnes ACN
  • Comment aborder les déterminants sociaux de la santé pour les personnes immigrantes ACN (les facteurs liés au revenu et à l’emploi, par exemple) qui pourraient contribuer à réduire le risque de VIH
  • Tenir compte des obstacles potentiels auxquels sont confrontées les minorités francophones ACN en Ontario

De manière générale, il faut des interventions visant à supprimer les obstacles structurels et à améliorer le bien-être socioéconomique des personnes ACN afin d’augmenter les niveaux de dépistage du VIH, d’améliorer le traitement et les soins et d’accroître l’accès aux stratégies de prévention du VIH.

Références

  1. Ontario HIV Treatment Network. African, Caribbean and Black communities. Toronto: OHTN, 2018. Accessible à : https://www.ohtn.on.ca/research-portals/priority-populations/african-caribbean-and-black-communities/
  2. Ontario HIV Epidemiology and Surveillance Initiative. HIV diagnoses in Ontario, 2020. Toronto: Ontario HIV Treatment Network; 22 août 2022. Accessible à : https://www.ohesi.ca/wp-content/uploads/2022/08/HIV-diagnoses-in-Ontario-2020-REPORT-FINAL.pdf
  3. Canadian HIV/AIDS Black, African and Caribbean Network. CHABAC Awareness Day. CHABAC; 2018. http://www.blackhivday.ca/awareness_day_fact_sheet_2018_EN_final.pdf
  4. Baidoobonso S, Kihembo M, Nare H et al. Étude A/C, Rapport communautaire : Le VIH chez les Africains, Caribéennes et Noirs (ACN) en Ontario. Décembre 2020. Accessible à : https://acstudy.ca/wp-content/uploads/2021/02/E%CC%81TUDE_AC.pdf
  5. Mbuagbaw L, Husbands W, Baidoobonso S et al. Enquête transversale sur la prévalence des facteurs de risque et du VIH chez les Africains, les Caribéens et les Noirs en Ontario : l’étude A/C. Relevé des maladies transmissibles au Canada. 2022;48(10):474-483. https://www.canada.ca/content/dam/phac-aspc/documents/services/reports-publications/canada-communicable-disease-report-ccdr/monthly-issue/2022-48/issue-10-october-2022/ccdrv48i10a03f-fra.pdf

 

À propos de l’auteur

Amanda Giacomazzo est la gestionnaire, Programmes communautaires chez CATIE. Amanda détient une maîtrise en sciences de la santé avec une formation spécialisée en services de la santé et recherche sur les politiques. Elle a déjà travaillé dans le domaine de l’application des connaissances et de la santé publique au niveau provincial.

Révision externe effectuée par : Dr Lawrence Mbuagbaw