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  • Paxlovid est un traitement très efficace pour les cas légers ou modérés de COVID-19 chez les personnes très à risque
  • Depuis quelques mois, des rapports font état du rebond des symptômes après un traitement par Paxlovid
  • Une étude américaine de faible envergure a permis de constater une récidive légère chez moins de 1 % des personnes traitées par Paxlovid

Paxlovid est le nom de marque que porte une association de deux médicaments, soit l’antiviral nirmatrelvir et le ritonavir, un agent de potentialisation qui fait augmenter le taux de nirmatrelvir dans le sang. Ces deux médicaments se prennent sous forme de comprimés deux fois par jour pendant cinq jours consécutifs. Paxlovid est destiné aux personnes infectées par le SARS-CoV-2 qui courent un risque élevé de présenter des symptômes graves de la COVID-19.

Paxlovid est très efficace. Des essais cliniques ont révélé qu’il réduisait de presque 90 % le risque d’hospitalisation et de décès chez les personnes non vaccinées présentant des symptômes légers ou modérés de la COVID-19.

Paxlovid est disponible au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé, mais il est distribué de façon limitée.

Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis

Depuis plusieurs mois, des rapports provenant des États-Unis font état d’un rebond apparent de symptômes de la COVID-19 chez des personnes ayant suivi un traitement par Paxlovid. Après examen de ses dossiers, la FDA a affirmé que, lors de l’essai clinique pivot de phase III qui a mené à l’approbation de Paxlovid, entre 1 et 2 % des personnes recevant ce dernier ou un placebo ont « passé un test par amplification en chaîne de la polymérase [PCR] qui s’est révélé positif au SARS-CoV-2 après avoir terminé leur [traitement par Paxlovid ou placebo] ».

La FDA n’est pas certaine si les rebonds occasionnels signalés par des médecins et des personnes utilisant Paxlovid sont attribuables à ce dernier ou s’ils sont simplement un élément naturel de l’évolution de la COVID-19. De plus, selon la FDA, aucun risque accru d’hospitalisation, de décès ou de résistance virale à Paxlovid n’a été constaté lors de l’essai clinique chez les participant·e·s ayant connu une récidive de la COVID-19.

La FDA a affirmé ceci : « Ces rapports [faisant état de récidive de la COVID-19 chez des patient­·e·s utilisant Paxlovid] ne changent pas les conclusions tirées de l’essai clinique de Paxlovid, lesquelles soulignaient une réduction prononcée des hospitalisations et de la mortalité ».

Et d’ajouter l’agence américaine : « Les données actuelles ne révèlent aucun bienfait découlant de la prolongation du traitement (p. ex. dix jours au lieu des cinq jours recommandés) ou de la répétition du traitement par Paxlovid chez les patient·e·s présentant une récurrence de symptômes de la COVID-19 après avoir terminé un traitement ».

Clinique Mayo

Une équipe de recherche de la Clinique Mayo à Rochester, dans le Minnesota, a examiné des données recueillies auprès de patient·e·­s traité·e·s pour la COVID-19 par Paxlovid. L’équipe de recherche a analysé des données se rapportant à 438 personnes (44 % d’hommes, 56 % de femmes) dont la moyenne d’âge était de 63 ans. Toutes ces personnes avaient reçu trois doses de vaccin pour réduire le risque de COVID-19.

L’équipe de recherche a constaté que quatre personnes (0,8 %) avaient éprouvé des symptômes d’une récidive de la COVID-19, et ce, en moyenne neuf jours après la cessation du traitement par Paxlovid. Aucune personne n’a dû être hospitalisée à cause de ses symptômes. De plus, « l’état de l’ensemble des [patient·e·s] s’est amélioré sans qu’une [répétition du traitement antiviral] contre la COVID-19 ait été nécessaire », a affirmé l’équipe de recherche.

Ces nouvelles de la Clinique Mayo et les énoncés de la FDA devraient rassurer les prestataires de soins et les patient·e·s qui ont été traité·e·s par Paxlovid.

Les cas

Voici un résumé des cas des quatre personnes ayant vécu une récidive documentée de la COVID-19.

Patient 1 : Cet homme âgé de 75 ans avait la coronaropathie, le diabète de type 2 et la maladie pulmonaire obstructive chronique. Il avait pour symptômes initiaux toux, écoulement nasal, maux de tête et fièvre. Il a commencé à prendre Paxlovid trois jours après son test PCR positif. Ses symptômes se sont résorbés à la fin de son traitement par Paxlovid.

Dix-neuf jours plus tard, l’homme a présenté une toux, une respiration sifflante et un essoufflement qui s’aggravaient. Un tomodensitogramme a laissé soupçonner une pneumonie liée à la COVID-19. L’homme s’est rétabli sans le recours à d’autres antiviraux.

Patiente 2 : Une femme de 40 ans aux prises avec l’obésité, l’insuffisance rénale chronique et l’hypertension a présenté divers symptômes, dont fièvre, toux, diarrhée et battements cardiaques accélérés au repos. Un test de détection des antigènes à domicile s’est révélé positif au SARS-CoV-2. Elle a commencé à prendre Paxlovid trois jours plus tard, et ses symptômes se sont résorbés avant la fin du traitement.

Six jours plus tard, la femme avait mal à la gorge et se sentait fatiguée. On n’a pas prolongé son traitement antiviral, et elle s’est rétablie.

Patient 3 : Obèse et atteint d’hypertension, un homme de 69 ans a présenté fièvre, toux, écoulement nasal, douleur musculaire et essoufflement. Un test PCR s’est révélé positif au SARS-CoV-2, et il a commencé à prendre Paxlovid le lendemain. Ses symptômes se sont atténués après la fin du traitement.

Dix jours plus tard, le patient a présenté une toux grave et un écoulement nasal. L’homme s’est rétabli sans avoir besoin de répéter le traitement antiviral.

Patient 4 : Un homme de 70 ans ayant des antécédents de cancer de la prostate, d’hypertension, d’anomalies du cholestérol et d’obésité a présenté toux, fièvre, écoulement nasal, maux de tête et maux de gorge. Un test de détection des antigènes à domicile a donné un résultat positif, et il a commencé à prendre Paxlovid le jour suivant. Ses symptômes se sont résorbés à la fin du traitement.

Huit jours plus tard, l’homme s’est plaint d’un écoulement nasal et d’une congestion sinusale, lesquels se sont résorbés sans la nécessité de répéter le traitement antiviral.

À retenir

Une lacune de l’étude menée à la Clinique Mayo tient au fait que l’équipe de recherche n’a pas été en mesure d’évaluer les taux de SARS-CoV-2 présents dans les sécrétions des participant·e·s éprouvant une récidive de la COVID-19. La cause précise du rebond des symptômes de la COVID-19 n’est pas claire. Cette équipe de recherche recommande de mener des études pour analyser en détail la nature immunologique et virologique de ce problème. Les études en question devraient également évaluer les facteurs qui augmentent potentiellement le risque de récidive de la COVID-19.

Il est rassurant que les données de la FDA et de la Clinique Mayo portent à croire que l’hospitalisation n’est pas nécessaire dans les cas de récidive de la COVID-19 touchant des personnes traitées récemment par Paxlovid. De plus, l’analyse de la FDA laisse croire que les taux de récidive sont relativement faibles, soit moins de 2 %. Enfin, malgré sa faible envergure, l’étude menée à la Clinique Mayo a révélé des taux de récidive de moins de 1 %.

RÉFÉRENCES :

  1. Ranganath N, O’Horo JC, Challener DW et al. Rebound phenomenon after nirmatrelvir/ritonavir treatment of coronavirus disease-2019 in high-risk persons. Clinical Infectious Diseases. 2022; sous presse.
  2. Food and Drug Administration. FDA Updates on Paxlovid for Health Care Providers. 4 May 2022. Disponible à l’adresse : https://www.fda.gov/drugs/news-events-human-drugs/fda-updates-paxlovid-health-care-providers
  3. Rubin R. From positive to negative to positive again – The mystery of why COVID-19 rebounds in some patients who take Paxlovid. JAMA. 2022; sous presse.