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  • Les personnes vivant avec le VIH sont sujettes à la co-infection par le virus de l’hépatite C (VHC)
  • Des scientifiques dans six pays ont suivi 6 144 personnes séropositives qui avaient guéri de l’hépatite C
  • Les taux combinés d’infection et de réinfection ont chuté entre 2010 et 2019

Comme le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC) ont des voies de transmission communes, de nombreuses personnes séropositives vivent également avec la co-infection par le VHC. Le traitement du VHC repose sur divers comprimés contenant une association de médicaments appelés antiviraux à action directe ou AAD. Le traitement agit très efficacement chez la plupart des personnes atteintes du VHC, de sorte que les taux de guérison s’élèvent à 95 % ou plus. Les AAD sont généralement bien tolérés et sécuritaires.

Il arrive que certaines cliniques hésitent à traiter des personnes atteintes du VHC (qu’elles soient co-infectées par le VIH ou pas) parce qu’elles ont des préoccupations concernant la persistance de facteurs de risque de réinfection.

Pour explorer le problème de la réinfection par le VHC, une équipe de scientifiques de six pays — Australie, Canada, France, Pays-Bas, Espagne et Suisse — ont regroupé les données de cliniques offrant des soins aux personnes atteintes à la fois du VIH et du VHC. L’équipe s’est concentrée sur 6 144 personnes séropositives qui avaient guéri du VHC, soit en suivant un traitement par AAD (69 %), soit à la suite d’une clairance virale spontanée (31 %). L’étude a porté sur la période s’écoulant de janvier 2010 à décembre 2019.

Détails de l’étude

Voici un bref profil moyen des participant·e·s lors de leur admission à l’étude :

  • 49 ans
  • 81 % d’hommes, 19 % de femmes
  • compte de CD4+ : 580 cellules/mm3
  • charge virale inhibée (VIH) : 81 %
  • 46 % étaient des hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (hommes gbHARSAH)
  • 38 % étaient des personnes qui s’injectaient des drogues
  • 5 % étaient des hommes gbHARSAH qui s’injectaient des drogues

L’équipe de recherche ne disposait pas de données se rapportant aux facteurs de risque d’hépatite C chez les autres participant·e·s.

Résultats saillants

Avant l’arrivée des AAD (vers 2014), les taux de réinfection par le VHC étaient relativement stables. Entre 2015 et 2019, l’accès aux AAD commençait à être largement subventionné dans les pays participant à cette étude. Durant cette période, le taux d’infection combiné (chiffre reflétant le nombre de premières infections et de réinfections par le VHC) a baissé de 34 %.

Selon l’équipe de recherche : « L’incidence de la réinfection par le VHC et l’incidence combinée ont diminué chez les personnes séropositives à la suite de l’introduction des AAD, ce qui laisse croire que la réinfection n’a pas nui [aux efforts visant l’élimination du VHC] chez les personnes séropositives [dans les pays étudiés] ».

Suivi et soutien

L’équipe de recherche a affirmé que ses résultats « soulignent l’importance du suivi de la [charge virale] en VHC pour reconnaître les cas de réinfection chez des personnes guéries [par AAD] ou par clairance spontanée de l’infection [par le VHC] ».

L’équipe a également fait valoir que « des programmes de prévention mettant l’accent sur la réduction des méfaits et le counseling en matière d’atténuation des risques sont nécessaires aux personnes qui s’injectent des drogues et aux hommes gbHARSAH dès le moment du diagnostic du VHC et de la mise sous traitement ».

À retenir

Il importe de souligner que cette analyse porte seulement sur des données suivies jusqu’en décembre 2019, c’est-à-dire peu de temps avant l’éclosion de la pandémie mondiale de COVID-19. Les perturbations causées par la pandémie ont sûrement entraîné des problèmes d’accès au dépistage et au traitement du VHC, ainsi qu’aux services de réduction des méfaits. Espérons que les analyses futures de ces données éclaireront l’impact de la COVID-19 et les moyens employés par ces pays pour surmonter les effets de la pandémie sur les programmes de dépistage et de traitement du VHC.

Dans l’ensemble, l’équipe de recherche a trouvé ses résultats rassurants. Si les progrès constatés dans cette étude se maintiennent, le VHC est en bonne voie d’être éliminé d’ici 2030 dans des populations importantes, dont les personnes atteintes du VIH et du VHC qui guérissent de ce dernier. Entretemps, il reste beaucoup de travail à faire pour s’assurer que toutes les personnes atteintes du VHC et toutes celles qui en guérissent continuent d’avoir accès au dépistage du VHC et aux services de traitement, de réduction des méfaits et à d’autres services nécessaires au maintien d’une bonne santé.

—Sean R. Hosein

Ressources

Dépistage et diagnostic de l’hépatite CCATIE

Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada Réseau Canadien sur l’Hépatite C

Les bases de la réduction des méfaits : trousse pour prestataires de servicesCATIE

Élimination de l’hépatite d’ici 2030Organisation mondiale de la Santé

Fondation canadienne du foie

RÉFÉRENCE :

Sacks-Davis R, van Santen DK, Boyd A, Changes in incidence of hepatitis C virus reinfection and access to direct-acting antiviral therapies in people with HIV from six countries, 2010-19: an analysis of data from a consortium of prospective cohort studies. Lancet HIV. 2024 Jan 12:S2352-3018(23)00267-9.