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L’atazanavir (Reyataz)

Sommaire

L’atazanavir est un type de médicament anti-VIH appelé inhibiteur de la protéase. Il est généralement bien toléré. Certaines personnes qui utilisent l’atazanavir peuvent éprouver des nausées, des maux de tête, des douleurs abdominales et un jaunissement de la peau et du blanc des yeux. Chez les adultes, ce médicament se prend habituellement à raison de 300 mg une fois par jour en association avec 100 mg de ritonavir (Norvir) une fois par jour, les deux avec de la nourriture.

Qu’est-ce que l’atazanavir?

L’atazanavir, vendu sous le nom de marque Reyataz, est un type de médicament anti-VIH (anti-VIH) appelé inhibiteur de la protéase. L’atazanavir est utilisé en association avec d’autres médicaments anti-VIH pour traiter (mais non pour guérir) le VIH.

Comment l’atazanavir agit-il?

Lorsque le VIH infecte une cellule, il prend le contrôle de cette dernière. Le VIH oblige ensuite la cellule à fabriquer de nombreuses copies du virus. Pour fabriquer ces copies, la cellule utilise des protéines appelées enzymes. Lorsque l’activité de ces enzymes est réduite, la réplication du VIH ralentit.

L’atazanavir appartient à une classe de médicaments appelés inhibiteurs de la protéase. L’atazanavir inhibe l’action d’une enzyme appelée protéase dont les cellules infectées par le VIH se servent pour fabriquer de nouveaux virus. Puisque l’atazanavir inhibe ou réduit l’activité de cette enzyme, ce médicament incite les cellules infectées à produire moins de virus.

Comment les personnes vivant avec le VIH utilisent-elles l’atazanavir?

L’atazanavir est utilisé en association avec d’autres médicaments anti-VIH, souvent les inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI), et parfois avec des médicaments appartenant à d’autres classes comme les inhibiteurs non nucléosidiques de la transcriptase inverse (INNTI). De telles associations s’appellent un traitement antirétroviral ou TAR. Pour en savoir plus sur le traitement antirétroviral, consultez la publication de CATIE intitulée Votre guide sur le traitement du VIH.

L’atazanavir, comme tout autre médicament anti-VIH, ne permet pas de guérir le VIH. Il est donc important de consulter régulièrement votre médecin pour faire le suivi de votre santé.

Il existe des données probantes indiquant que les personnes séropositives qui suivent un TAR, qui reçoivent des soins et qui maintiennent une charge virale indétectable sont considérablement moins susceptibles de transmettre le VIH à d’autres personnes, que ce soit par les relations sexuelles, le partage de matériel servant à la consommation de drogues ou encore durant la grossesse et l’accouchement. De fait, les données probantes se rapportant à la transmission sexuelle révèlent que les personnes sous TAR qui maintiennent une charge virale indétectable ne transmettent pas le virus à leurs partenaires sexuels. Pour en savoir plus, voir le feuillet d’information de CATIE Le traitement du VIH et la charge virale indétectable pour prévenir la transmission du VIH. L’utilisation de condoms demeure toutefois une bonne idée parce qu’ils réduisent le risque de contracter ou de transmettre d’autres infections transmissibles sexuellement.

Effets secondaires

1. Général

Parmi les effets secondaires généraux signalés par certains utilisateurs de l’atazanavir, mentionnons nausées, maux de tête, éruptions cutanées, douleurs abdominales, difficulté à s’endormir et fatigue inexpliquée.

2. Enzymes du foie

Puisque l’atazanavir est métabolisé (dégradé) par le foie, les analyses sanguines pourraient révéler une élévation des taux d’enzymes hépatiques, notamment chez les personnes infectées par l’hépatite B ou C.

3. Jaunissement de la peau (jaunisse) et du blanc des yeux

Lors des essais cliniques, jusqu’à 8 % des patients recevant de l’atazanavir ont présenté ce problème. Il se produit parce que le taux sanguin d’un produit de dégradation appelé bilirubine se met à augmenter sous l’effet de l’atazanavir. Cet effet secondaire ne nuit pas à la peau ou aux yeux. Toutefois, il faut appeler son médecin sans tarder si ce problème survient. Si vous développez la jaunisse ou si un jaunissement des yeux se produit, ces derniers retrouveront habituellement leur couleur normale après l’interruption du traitement à l’atazanavir.

4. Arythmie cardiaque

Lors des essais cliniques, à peu près 6 % des patients recevant de l’atazanavir ont fini par avoir un rythme cardiaque anormal. Pourtant, il a fallu réaliser un électrocardiogramme (test diagnostique) pour déceler ce problème. Si vous ressentez des sensations d’étourdissement ou de vertige, il est important de prévenir votre médecin tout de suite parce ces symptômes pourraient dénoter un rythme cardiaque irrégulier ou d’autres effets secondaires associés à l’atazanavir.

5. Éruption cutanée

Environ 20 % des participants aux essais cliniques contrôlés de l’atazanavir ont présenté une éruption cutanée. Cependant, cette dernière se résorbe habituellement après quelques semaines et n’est pas grave la plupart du temps.

6. Problèmes de sucre sanguin

Chez certaines personnes vivant avec le VIH qui utilisent des inhibiteurs de la protéase, le taux de sucre sanguin (glucose) s’élève au-dessus de la normale. La présence d’un excès de sucre dans le sang pendant une longue période peut entraîner le diabète. Selon au moins une étude, certaines femmes séropositives, notamment celles ayant un excès de poids, pourraient courir un risque accru de diabète lorsqu’elles prennent des inhibiteurs de la protéase. Des analyses sanguines régulières permettront à votre médecin de surveiller votre glycémie et de repérer tout changement susceptible de dénoter un problème de sucre sanguin. Bien que le risque de diabète soit généralement faible, tout symptôme pouvant dénoter un diabète (par exemple : soif excessive, augmentation du nombre de mictions [uriner], perte de poids inexpliquée, fatigue et peau sèche et irritée) devrait être signalé à son médecin.

7. Femmes et grossesse

Lors d’expériences menées sur des rats, des doses deux fois plus élevées que celles utilisées chez des humains de l’atazanavir ont provoqué des modifications du cycle menstruel. Ce problème n’a pourtant pas été signalé par les femmes recevant ce médicament. L’atazanavir ne semble pas provoquer de malformations congénitales chez les lapins ou chez les rats. Selon le fabricant, les données portent à croire que l’atazanavir n’augmente pas le risque d’anomalies congénitales chez les bébés nés de femmes qui prennent ce médicament durant la grossesse.

Il semble que les femmes enceintes qui utilisent de l’atazanavir risquent davantage de présenter un taux de bilirubine supérieur à la normale (hyperbilirubinémie) que les femmes qui ne prennent pas ce médicament. On ignore quel effet cela pourrait avoir sur le fœtus.

On a signalé des cas d’effets secondaires graves, voire mortels, chez les femmes enceintes recevant de l’atazanavir, y compris le syndrome d’acidose lactique. Les signes et les symptômes d’une acidose lactique grave peuvent comprendre les suivants :

  • nausées persistantes
  • vomissements
  • fatigue
  • douleurs abdominales
  • confusion
  • accumulation de graisse sur le foie

Compte tenu de ces risques, le fabricant recommande que l’atazanavir ne soit utilisée pendant la grossesse « que si les bienfaits escomptés justifient les risques ».

8. Saignements

Les femmes risquent d’avoir des saignements menstruels plus abondants lorsqu’elles utilisent un inhibiteur de la protéase. Les hémophiles qui prennent des inhibiteurs de la protéase pourraient également connaître des saignements plus fréquents. Si vous êtes hémophile et éprouvez ce genre de problème pendant que vous prenez de l’atazanavir, prévenez votre médecin sans tarder.

9. Calculs rénaux

Dans des cas rares, certains patients utilisant l’atazanavir peuvent développer des calculs rénaux.

Interactions médicamenteuses

Consultez toujours votre médecin et pharmacien au sujet de la prise de tout autre médicament, qu’il soit livré sur ordonnance ou en vente libre, y compris les plantes médicinales, les suppléments et les drogues récréatives.

Certains médicaments peuvent interagir avec l’atazanavir. Cette interaction peut faire en sorte que le taux d’atazanavir augmente ou diminue dans votre corps. L’augmentation du taux d’atazanavir peut provoquer de nouveaux effets secondaires ou aggraver des effets secondaires existants. Par contre, si le taux d’atazanavir diminue excessivement, le VIH peut acquérir une résistance et vos options de traitement futures risquent de s’en trouver limitées.

La résistance médicamenteuse est un problème important dans le cas d’une famille de médicaments appelés inhibiteurs de la pompe à protons qui sont utilisés pour soulager les brûlures d’estomac (ou de reflux acide). Des exemples spécifiques de cette famille de médicaments sont énumérés dans la section intitulée Interactions médicamenteuses avec l’atazanavir. Cependant, on a parfois recours à d’autres réducteurs d’acide pour soulager les brûlures d’estomac. Lorsque ces médicaments sont pris au même moment (ou presque) que l’atazanavir, ils peuvent réduire le niveau d’acide dans l’estomac et provoquer ainsi une réduction significative de l’absorption de l’atazanavir. Si vous souffrez de brûlures d’estomac, parlez-en avec votre médecin afin de trouver un remède approprié.

Si vous devez prendre un médicament qui est susceptible d’interagir avec vos médicaments existants, votre médecin peut faire ce qui suit :

  • ajuster les dosages de vos médicaments anti-VIH ou de vos autres médicaments
  • vous prescrire d’autres médicaments anti-VIH

Interactions médicamenteuses avec l’atazanavir

Vous trouverez ci-dessous des listes de médicaments qui interagissent ou ont le potentiel d’interagir avec l’atazanavir. Ces listes ne sont pas exhaustives.

Le fabricant recommande que les médicaments suivants soient évités par les personnes utilisant l’atazanavir :

  • médicaments anticancéreux – irinotécan (Camptosar)
  • antibiotiques/médicaments antituberculeux – rifampine (Rifater), rifampicine
  • antihistaminiques – astémizole (Hismanal), terfénadine (Seldane)
  • agents anti-psychotiques – pimozide (Orap)
  • médicaments contre l’arythmie cardiaque – amiodarone (Codarone), bépridil (Vascor) flécaïnide (Tambocor), propafénone (Rythmol), quinidine
  • agents pour faciliter la motilité gastrointestinale – cisapride (Prepulsid)
  • plantes médicinales – millepertuis et ses extraits hypéricine et hyperforine
  • inhibiteur de la protéase anti-VIH – indinavir (Crixivan)
  • agents hypolipidémiants – lovastatine (Mevacor), simvastatine (Zocor)
  • médicaments contre la migraine (dérivés de l’ergotamine) – dihydroergotamine (Migranal), ergotamine (Ergomar), Ergonovine
  • sédatifs – midazolam (Versed), triazolam (Halcion)
  • inhibiteurs de la pompe à protons – ésoméprazole (Nexium), lansoprazole (Prevacid), oméprazole (Prilosec), pantoprazole (Pantoloc)
  • médicament pour les problèmes de prostate : alfusozine

L’atazanavir risque de faire augmenter le taux des médicaments suivants dans le corps :

  • antidépresseurs – amitriptyline (Elavil), désipramine (Norpramin), imipramine (Tofranil)
  • antibiotiques – clarithromycine (Biaxin), rifabutine (Mycobutin)
  • anticoagulants – warfarine (Coumadin)
  • médicaments contre la dysfonction érectile – sildénafil (Viagra), tadalafil (Cialis), vardénafil (Levitra). Si vous souffrez de dysfonction érectile, parlez avec votre médecin de la possibilité d’utiliser ces médicaments de façon sûre.

Le fait de prendre l’atazanavir avec n’importe lequel de ces médicaments peut entraîner des effets secondaires graves voire mortels :

  • agents hypolipidémiants – atorvastatine (Lipitor)
  • contraceptifs oraux – éthinyloestradiol, noréthindrone
  • inhibiteurs de la protéase anti-VIH – saquinavir (Invirase), amprénavir (Agenerase)
  • médicaments administrés aux greffés – cyclosporine (Neoral), tacrolimus (Prograf), sirolimus (Rapamune)
  • stimulants – méthamphétamine (« crystal meth »)

Les médicaments suivants sont susceptibles de faire diminuer le taux de l’atazanavir dans le sang :

  • antibiotiques – rifabutine (Mycobutin)
  • antiacides et médicaments tamponnés
  • médicaments anti-VIH – ddI (didanosine, Videx, Videx EC), éfavirenz (Sustiva, Stocrin), ténofovir (Viread)

Les médicaments suivants sont susceptibles de faire augmenter le taux de l’atazanavir dans le sang :

  • antibiotiques – clarithromycine (Biaxin)
  • médicaments anti-VIH – ritonavir (Norvir), saquinavir (Invirase)

Résistance et résistance croisée

Au fur et à mesure que de nouvelles copies de VIH sont fabriquées dans le corps, le virus modifie sa structure. On appelle ces modifications des mutations; les mutations peuvent permettre au VIH de résister aux effets des médicaments anti-VIH, ce qui veut dire qu’ils cesseront d’agir pour vous. Le fait d’associer l’atazanavir à au moins deux autres médicaments anti-VIH permet de retarder le développement de la résistance.

Pour réduire le risque de résistance médicamenteuse, vous devez prendre tous vos médicaments anti-VIH tous les jours en suivant les posologies à la lettre. Si vous manquez ou retardez des prises, ou si vous ne respectez pas les prescriptions de votre médecin, le taux d’atazanavir risque de tomber trop bas. Si cela se produit, le VIH peut devenir résistant aux médicaments. Si vous avez de la difficulté à prendre vos médicaments de façon régulière et en suivant les instructions, parlez-en à votre médecin ou infirmière. Ils peuvent vous aider.

Lorsque le VIH devient résistant à un médicament d’une classe, il risque parfois de devenir résistant à tous les autres médicaments de cette classe. Il s’agit de la résistance croisée. Bien que l’atazanavir puisse être utilisé comme seul inhibiteur de la protéase d’une combinaison anti-VIH, les principales lignes directrices thérapeutiques américaines indiquent qu’il est préférable d’associer l’atazanavir à une faible dose de ritonavir. Cette combinaison contribue à augmenter et à maintenir un taux élevé d’atazanavir dans le sang pendant longtemps. Cela réduit le risque de résistance et pourrait contribuer à préserver vos options de traitement futures.

N’hésitez pas à parler de vos options de traitement actuelles et futures avec votre médecin. Pour vous aider à déterminer quels traitements vous pourrez utiliser à l’avenir, votre médecin peut faire analyser un petit échantillon de votre sang dans le cadre de tests de résistance. Si le VIH finit par acquérir une résistance à l’atazanavir, votre médecin pourra utiliser les tests de résistance pour vous aider à construire une autre combinaison de médicaments.

Accessibilité

L’atazanavir est homologué au Canada pour le traitement de l’infection au VIH chez les adultes, en association avec d’autres médicaments anti-VIH. Votre médecin peut vous renseigner davantage sur l’accessibilité et le remboursement de l’atazanavir dans votre région. CATIE a créé un module électronique intitulé Programme fédéraux, provinciaux et territoriaux d’accès aux médicaments qui contient de l’information sur le remboursement des médicaments au Canada.

Référence

Bristol-Myers Squibb. Reyataz (capsules d’atazanavir). Monographie de produit. Le 26 octobre 2018.

Auteur(s) : Hosein SR

Traduction : Boutilier A

Publié : 2019