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Ontario
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Le Service national d’intervention en cas de surdose (NORS) offre un accès 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année, à des services virtuels de prévention des surdoses (c.-à-d. surveillance des appelant·e·s pendant qu’ils ou elles utilisent des substances) partout au Canada par téléphone. NORS offre également des services de soutien et de réduction des méfaits. Une étude des caractéristiques des personnes qui ont recours à NORS et des caractéristiques et des résultats de leurs appels a révélé que des 6 528 appels effectués entre décembre 2020 et avril 2023, les deux raisons les plus fréquentes des appels étaient la consommation supervisée de drogues (61,2 % des appels) et le soutien en santé mentale (26,1 % des appels). La plupart des appels provenaient de femmes et de personnes de diverses identités de genre (65,8 %). Parmi les appels, 77 (1,18 %) étaient associés à une intoxication aux drogues ayant nécessité une intervention physique (en personne). Aucun décès n’a été signalé.

Description du programme

NORS offre du soutien téléphonique pour la consommation supervisée de drogues à la population canadienne dans le but de limiter le risque de surdose ainsi que d’autres services de soutien (p. ex. aiguillage vers une ligne de gestion de crise) et de réduction des méfaits (p. ex. éducation). Lors d’un appel à NORS, l’opérateur·trice peut donner de l’information sur la réduction des méfaits et aiguiller la personne vers des services de santé, des services sociaux et d’autres services de réduction des méfaits. Le programme a été mis sur pied en décembre 2020 et est administré par des personnes ayant une expérience vécue de l’utilisation de drogues.

Lorsqu’une personne appelle NORS pour la première fois, elle est mise en relation de manière anonyme avec un pair/un·e opérateur·trice en prévention des surdoses (opérateur·trice) pour compléter le processus d’accueil. L’appelant·e et l’opérateur·trice mettent en place un plan d’intervention d’urgence personnalisé à utiliser en cas d’évènement indésirable, par exemple une intoxication aux drogues ou une crise de santé mentale. Dans les plans d’intervention d’urgence, on peut inclure de communiquer avec les services médicaux d’urgence ou avec une personne déterminée à l’avance (p. ex. un·e ami·e ou un·e membre de la famille de l’appelant·e).

Lorsqu’une personne fait un appel pour obtenir du soutien pour la consommation de drogue supervisée, l’opérateur·trice surveille l’appelant·e par téléphone pendant que la personne utilise des substances. L’opérateur·trice peut aussi encourager l’appelant·e à avoir recours à des approches de réduction des méfaits comme d’utiliser une plus petite dose. Si l’opérateur·trice soupçonne un effet indésirable (p. ex. absence de réponse, sons indiquant une difficulté à respirer), il ou elle avise le soutien communautaire (p. ex. ami·e ou membre de la famille pouvant offrir un soutien d’urgence, comme l’administration de naloxone) ou les services d’urgence, conformément au plan d’intervention d’urgence de l’appelant·e.

Résultats

Les données de l’étude ont été recueillies entre décembre 2020 et avril 2023. On recense 455 appelant·e·s uniques durant cette période, 6 528 appels complétés et une moyenne de 13,5 appels par usager·ère. Parmi tous les appels :

  • 3 994 (61,2 %) concernaient une consommation de drogue supervisée
  • 1 703 (26,1 %) concernaient du soutien en santé mentale
  • 354 (5,4 %) concernaient une demande d’information ou de ressources sur la réduction des méfaits
  • 477 (7,3 %) concernaient autre chose

On demandait aux appelant·e·s de divulguer leur genre. Parmi tous les appels complétés :

  • 3 235 (49,5 %) provenaient de personnes s’identifiant comme femme (moyenne de 61,0 appels par utilisatrice)
  • 897 (13,7 %) provenaient de personnes s’identifiant comme homme (moyenne de 19,2 appels par utilisateur)
  • 1 070 (16,3 %) provenaient de personnes de diverses identités de genre (moyenne de 212,8 appels par utilisateur·trice)
  • 1 326 (20,6 %) provenaient de personnes qui n’ont pas divulgué leur genre

Dans l’ensemble, il y a eu 409 (6,3 %) appels de personnes s’identifiant comme Autochtones et 5 796 (88,7 %) appels provenant de lieux urbains. Au total, 173 évènements indésirables ont été consignés, desquels 113 étaient des intoxications aux drogues.* Dans l’ensemble, il y a eu 77 (1,2 % des appels) surdoses nécessitant une intervention physique (en personne).

Les caractéristiques suivantes des appels sont associées à une probabilité beaucoup plus élevée d’intoxication aux drogues :

  • Les appels de personnes affirmant utiliser des opioïdes (probabilités 6,72 fois plus élevées), de la méthamphétamine (probabilités 3,33 fois plus élevées) ou des opioïdes en combinaison avec la méthamphétamine (probabilités 9,76 fois plus élevées) comparativement aux personnes affirmant utiliser toutes les autres substances;
  • Les appels provenant de la Colombie-Britannique (probabilités 3,55 fois plus élevées) comparativement au reste du Canada;
  • Les appels provenant de personnes de diverses identités de genre (probabilités 3,32 fois plus élevées) comparativement aux personnes s’identifiant comme homme ou femme;
  • Les appels provenant de personnes qui s’injectent des substances (probabilités 1,94 fois plus élevées), qui fument des substances (probabilités 2,91 fois plus élevées) ou qui utilisent plusieurs voies d’administration de substances (probabilités 6,54 fois plus élevées) comparativement aux personnes qui utilisent des substances par toutes les autres voies d’administration;
  • Les appels effectués le mercredi (probabilités 1,88 fois plus élevées) comparativement à tous les autres jours de la semaine**.

Les appels effectués par des femmes (comparativement aux hommes), les appels de personnes autochtones (comparativement aux personnes non autochtones) et les appels effectués entre 6 h et 12 h (comparativement à tous les autres moments) étaient moins susceptibles d’être associés à une intoxication aux drogues.

Répercussions pour les prestataires de services

NORS offre des services de consommation sécuritaire facilement accessibles. Cette approche pourrait atténuer les obstacles auxquels sont confrontées les personnes qui n’ont habituellement pas recours aux services de consommation supervisée (SCS) en personne ou qui ne fréquentent pas les sites de prévention des surdoses (SPS), notamment les femmes et les personnes de diverses identités de genre. Cette approche élimine aussi les obstacles à l’utilisation de drogues supervisée pour les personnes qui n’ont pas accès à des SCS ou des SPS près de l’endroit où elles vivent ou qui n’ont pas accès à des SCS ou des SPS qui permettent l’inhalation de drogues. Ainsi, cette approche est particulièrement importante dans un contexte où l’utilisation de drogues par inhalation est en croissance.

Bien que la plupart des appels à NORS proviennent de centres urbains, cette étude montre que ce type de service peut permettre d’offrir des SCS aux personnes de régions rurales ou éloignées. 

Finalement, l’objectif de la plupart des appels à NORS était la supervision de la consommation de drogues; cependant, environ le quart des appels concernaient une demande de soutien en santé mentale et de gestion de crise. Cela met en lumière le besoin de ce type de soutien dans la communauté et l’utilité de l’offre de ce service virtuel par des pairs.

Ressources connexes

Site de consommation supervisée du Blood Ties Four Directions Centre - étude de cas

Programme SAFER de Victoria - étude de cas

* Parmi les autres évènements indésirables, on compte notamment les urgences en santé mentale et les interventions en violence familiale.

** L’hypothèse des auteur·trice·s de l’étude est que cette journée concorde avec celle du paiement de l’aide sociale en Colombie-Britannique, mais il n’y a pas d’explication claire pour l’instant.

Références

  1. Viste D, Rioux W, Cristall N et al. Association of drug overdoses and user characteristics of Canada’s national mobile/virtual overdose response hotline: the National Overdose Response Service (NORS). BMC Public Health. 2023;23:1869.
  2. Matskiv G, Marshall T, Krieg O et al. Virtual overdose monitoring services: a novel adjunctive harm reduction approach for addressing the overdose crisis. Canadian Medical Association Journal. 2022;28(194):E1568-72.