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Jennifer Hawkes répond à quelques questions courantes sur le traitement du VIH.

On pense souvent que les pharmaciens ne font que dispenser des médicaments, mais ils font beaucoup plus que cela : ils peuvent vous conseiller sur la prise en charge des effets secondaires et la prévention des interactions médicamenteuses; ils peuvent vous aider à naviguer l’assurance médicaments; et ils sont souvent plus faciles à joindre que les spécialistes. Nous avons décidé de puiser dans l’expertise de la pharmacienne Jennifer Hawkes de la C.-B. en matière de VIH.

Avez-vous de bons trucs à partager sur l’observance thérapeutique?

Gardez l’œil sur l’objectif final! Il peut être une source puissante de motivation. Rappelez-vous que la prise quotidienne des médicaments anti-VIH est une mesure importante que vous pouvez prendre pour améliorer ou protéger votre santé. Et si vous maintenez une charge virale indétectable, vous pourrez prévenir la transmission.

La recherche révèle que l’amorce précoce du traitement du VIH et la prise des antirétroviraux, sans prendre de congé ou de pause thérapeutique, donnent lieu aux meilleurs résultats pour la santé à long terme.

J’aime inviter les gens à jouer un rôle actif dans leur propre plan d’observance thérapeutique. Cela vous met au volant. Quand vous faites quelque chose parce que vous devriez le faire, cela peut devenir une corvée. De plus, vous vous connaissez et savez ce qui marche pour vous mieux que quiconque.

Votre plan pour une observance réussie

Voici quelques points à considérer lorsque vous réfléchissez à votre plan d’observance :

Quel est le meilleur moment?

  • Pensez à votre routine quotidienne. À quel moment êtes-vous le plus susceptible de vous rappeler de prendre vos médicaments : le matin en vous levant ou le soir en vous couchant? Pour certains, l’heure du dîner ou du souper est plus difficile à se rappeler, mais cela peut être nécessaire si vos médicaments doivent être pris avec de la nourriture et que vous sautez parfois le déjeuner.
     
  • Si vous prenez d’autres médicaments et suppléments aussi, prenez vos médicaments anti-VIH en même temps afin que cela soit plus pratique (à moins que deux des médicaments risquent d’interagir).

Utilisez une plaquette alvéolaire ou une dosette.

  • Demandez à votre pharmacien d’emballer vos médicaments dans une plaquette alvéolaire. Ce service généralement gratuit est un moyen pratique de savoir si vous prenez vos médicaments chaque jour. Vous pouvez découper une rangée pour chaque journée afin d’avoir des morceaux plus petits à porter sur vous.
     
  • Si vous n’êtes pas un fan des plaquettes alvéolaires, songez à acheter une dosette peu chère et à la remplir vous-même. De cette façon, vous n’aurez pas à vous inquiéter d’une éventuelle dose manquée ou doublée.

Organisez des rappels.

  • Y a-t-il quelque chose ou quelqu’un qui peut vous rappeler de prendre vos médicaments? Vous pourriez mettre un rappel visuel à l’endroit où vous gardez vos médicaments : comme un bracelet ou une montre que vous mettez tous les jours. Vous pourriez écrire une note dans votre agenda ou régler un rappel électronique tel qu’une alarme sur votre téléphone, un texto ou une appli (page 15). Ou le rappel pourrait venir de votre partenaire, d’un ami ou d’un membre de votre famille.

Prévoyez les obstacles potentiels.

  • Reconnaissez et discutez de vos sentiments, doutes ou préoccupations concernant la prise de vos médicaments anti-VIH. Vous devriez toujours sentir que ce traitement est le meilleur choix pour vous. Il est commun d’éprouver un sentiment de honte ou intériorisent la stigmatisation du VIH. Y a-t-il une personne compatissante à qui vous pouvez en parler ouvertement? Existe-t-il un groupe dans votre organisme VIH local auquel vous pourriez vous joindre? Lorsque vous aurez mieux accepté le fait que vous vivez avec le VIH (y parvenir peut être un processus), vous pourrez modifier votre perspective et penser « Je réussis très bien à contrôler mon VIH ».
     
  • Cherchez du soutien si vous avez d’autres problèmes de santé ou préoccupations de nature sociale, comme un logement instable, l’insécurité alimentaire, une dépendance ou un trouble de santé mentale comme la dépression. Tous ces problèmes peuvent avoir un impact sur votre capacité de prendre vos médicaments. Il est souvent utile d’avoir le soutien d’une équipe de professionnels de la santé. Si vous consommez activement des drogues, les médicaments anti-VIH continueront d’agir tant et aussi longtemps que vous les prendrez tous les jours!

Préparez-vous aux imprévus.

  • Ayez toujours en réserve plus de médicaments que ce dont vous avez besoin. Si vous voyagez, prenez des médicaments supplémentaires. Si vous vous déplacez souvent, envisagez de garder une réserve de médicaments pour quelques jours ou une semaine dans les endroits que vous fréquentez.
     
  • Sachez où vous procurer plus de médicaments si vous perdez les vôtres, que vous partez en voyage ou que vous vous retrouvez à l’hôpital.
     
  • Essayez de ne pas attendre de prendre votre dernier comprimé pour appeler la pharmacie pour un renouvellement; certaines pharmacies n’ont pas de nombreux clients qui prennent des médicaments anti-VIH.

Soyez votre propre meneuse de claque.

  • Comment allez-vous vous récompenser pour votre excellente observance thérapeutique?
     
  • Qu’est-ce qui vous motive à prendre vos médicaments? Est-ce votre bien-aimé, votre animal de compagnie, votre équipe de soins, votre désir d’être en santé et de continuer à vivre? Assurez-vous de vous rappeler ces choses lors des journées difficiles.
     
  • Pardonnez-vous si vous oubliez occasionnellement une dose tous les trois ou quatre mois. Vous n’êtes qu’un être humain!

Quels genres d’effets secondaires mes médicaments auront-ils?

Même si la plupart des médicaments sur ordonnance ont une longue liste d’effets secondaires possibles, il vaut la peine de se rappeler que certaines personnes ne s’aperçoivent d’aucun effet secondaire sous l’effet de leur traitement!

Si vous éprouvez des effets secondaires, il est probable qu’ils s’atténueront ou disparaîtront après quelque temps (une question de semaines ou d’un mois), et vous pourrez les gérer. Par exemple :

  • On peut souvent calmer la nausée en prenant le médicament à une heure différente ou avec un aliment ou encore en s’assurant d’être bien hydraté, en évitant la constipation et en prenant un antiémétique pour prévenir la nausée avant de prendre l’autre médicament.
  • Un faible appétit peut souvent être réglé en mangeant de petits repas fréquents ou, parfois, par la prise d’un médicament.
  • La diarrhée se traite bien avec les médicaments antidiarrhéiques.

Si vos effets secondaires persistent, vous et votre médecin choisirez peut-être de changer votre régime de médicaments.

Dois-je m’inquiéter des interactions médicamenteuses?

Avant de commencer ou de cesser la prise de n’importe quel médicament, consultez un médecin, une infirmière et/ou un pharmacien qui a de l’expérience à l’égard des médicaments anti-VIH. Dites-leur tout ce que vous prenez, y compris les produits en vente libre (analgésiques, antiacides et aérosols nasaux, etc.), les vitamines, les suppléments et les drogues à usage récréatif.

Pour obtenir de l’information sur les différents médicaments pour le VIH et l’hépatite C et les interactions médicamenteuses, visitez : app.hivclinic.ca.

Est-ce que nouveau veut dire meilleur?

Un nouveau médicament n’est pas nécessairement plus puissant ou plus facile à prendre. N’importe quelle combinaison de médicaments anti-VIH peut être un bon choix si elle est recommandée par les lignes directrices, si vous n’y êtes pas résistant et si vous vous sentez bien pendant que vous la prenez.

Pour les personnes qui prennent certains médicaments plus anciens comme la didanosine (ddI), le lopinavir-ritonavir (Kaletra) et la stavudine (d4T), les médecins recommandent typiquement de remplacer ces derniers par un médicament plus récent et moins toxique qui provoque moins d’effets secondaires à long terme et qui est plus efficace.

Si vous éprouvez des effets secondaires embêtants ou des interactions médicamenteuses importantes, ce sera sans doute l’heure indiquée pour changer de médicaments. Si votre état se détériore après le changement, la bonne nouvelle est que vous pourrez reprendre l’ancienne combinaison ou en commencer une autre.

Mon traitement contre le VIH agit bien — mon virus est supprimé — mais je songe à changer de régime afin de prendre moins de comprimés par jour. Devrais-je continuer à prendre mon traitement actuel ou changer pour un plus simple?

Il est certainement plus pratique de prendre moins de comprimés, d’autant plus qu’il existe plusieurs combinaisons à doses fixes offertes en un seul comprimé. Mais il vaut la peine de mentionner que, si vous prenez d’autres médicaments (pour une maladie cardiovasculaire ou rénale, par exemple), vous aurez peut-être besoin d’ajuster les doses de ceux-ci lorsque vous changerez de régime anti-VIH. Avisez le médecin qui surveille vos soins du VIH, ainsi que votre pharmacien et tout autre médecin qui vous suit, de tous les médicaments que vous prenez (sur ordonnance, en vente libre, drogues et suppléments de plantes médicinales), afin qu’ils puissent ajuster vos ordonnances en conséquence.

Si rester avec ce que vous connaissez vous donne la tranquillité d’esprit, surtout si votre traitement actuel agit bien pour vous, il n’est pas nécessaire d'en changer.

Une autre chose à considérer : si vous avez de la difficulté à avaler les comprimés, sachez que les régimes tout-en-un nécessitent la prise d’un plus gros comprimé.

Mes médicaments cesseront-ils d’agir un jour?

Depuis la découverte de la trithérapie au milieu des années 1990, les personnes vivant avec le VIH acquièrent beaucoup moins fréquemment des résistances aux médicaments. En théorie, si vous suivez fidèlement votre régime de traitement, vous pourrez prendre les mêmes médicaments pour le reste de votre vie et ils continueront de réussir pour vous. Si vous n’êtes pas certain de pouvoir prendre vos comprimés de façon régulière et tous les jours, parlez-en à votre médecin, à votre infirmière et/ou à votre pharmacien parce que certaines combinaisons de médicaments pardonnent plus d’écarts que d’autres.

Si j’ai le VIH et l’hépatite C, est-ce que je devrais faire traiter mon hépatite C?

Oui. Si vous avez le VIH, votre hépatite C pourrait progresser plus rapidement. Les personnes co-infectées par le VIH et l’hépatite C figurent parmi les « groupes prioritaires » désignés pour recevoir les nouveaux traitements bien tolérés et hautement efficaces contre l’hépatite C.

Si vous prenez fidèlement vos médicaments anti-VIH, il est probable que vous ferez preuve d’une bonne observance de votre médication anti-hépatite C aussi, ce qui est l’élément le plus important de la réussite du traitement.

Pour réduire ou éliminer le risque d’interactions entre les médicaments anti-VIH et les médicaments anti- hépatite C, les médecins choisissent parfois de changer le régime anti-VIH d’un patient pour un plus récent, tel qu’une combinaison comportant un inhibiteur de l’intégrase.

Comment vais-je savoir si mon traitement fait son travail?

Deux choses seront vérifiées régulièrement à l’aide de tests sanguins simples : votre charge virale en VIH (faible, c’est mieux) et votre compte de CD4 (élevé, c’est mieux). Les résultats de ces tests vous indiqueront, à vous et à votre médecin, si vos médicaments sont en train d’agir. Idéalement, votre charge virale deviendra indétectable et votre compte de CD4 augmentera.

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Qu’est-ce que je peux faire d’autre à part prendre mes médicaments et passer des tests de sang?

Pour votre santé physique : si vous êtes fumeur, songez à arrêter ou à réduire. Parmi les personnes séropositives, les décès attribuables à la cigarette sont plus nombreux que les décès attribuables au VIH. Si vous buvez de l’alcool ou consommez des drogues, songez à réduire. Une saine alimentation, le sommeil et l’exercice sont également importants. Et assurez-vous que vos vaccinations sont à jour, y compris le vaccin antigrippal annuel.

Pour votre santé psychologique, spirituelle et émotionnelle : n’oubliez pas que celles-ci font aussi partie de l’ensemble qui est vous!

Jennifer Hawkes est spécialiste en pharmacie clinique au centre Northern Health à Prince George, en Colombie-Britannique. Elle est agréée auprès de l’American Academy of HIV Medicine Pharmacist.