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Dans les articles précédents de ce numéro de TraitementSida, nous avons mentionné que certaines études ont permis de constater un lien possible entre l’utilisation de certains médicaments pendant la grossesse et un risque accru d’anomalies congénitales des organes génitaux masculins, soit l’hypospadias. Dans cet article, nous parlons de l’hypospadias et des résultats de recherches menées auprès de femmes séronégatives enceintes. Cette information servira à mettre le risque d’hypospadias en contexte.
Chez les mâles, l’ouverture de l’urètre par laquelle l’urine sort du corps est située au bout du pénis. Cependant, dans les cas d’hypospadias, cette ouverture peut apparaître sur d’autres parties de la verge du pénis, le scrotum ou même près de l’anus. La chirurgie peut corriger ce problème chez les nouveau-nés.
L’hypospadias touche environ un garçon sur 300 nés de mères séronégatives. Des rapports en provenance de l’Asie de l’Est, de l’Europe occidentale et des États-Unis semblent indiquer que l’hypospadias est devenu plus courant au cours des deux dernières décennies.
Les raisons de cette tendance ne sont pas claires, mais il est possible qu’elle soit attribuable à l’amélioration du suivi des nouveau-nés, du signalement des cas et de la collecte de données en matière d’anomalies congénitales. De plus, des études laissent croire que plusieurs facteurs pourraient influencer le risque potentiel d’hypospadias, dont les suivants :
Nous examinons ensuite certains de ces points.
En raison de la grossesse, certaines femmes ont temporairement une tension artérielle supérieure à la normale (hypertension) et souffrent de dysfonction rénale. Ces problèmes font partie d’un syndrome appelé prééclampsie et doivent être surveillés de près, et un traitement s’avère nécessaire dans certains cas. L’hypertension pendant la grossesse peut limiter le flux sanguin vers le fœtus et restreindre potentiellement sa croissance.
Des chercheurs britanniques ont exploré la question des anomalies congénitales lors d’une étude menée auprès de 12 821 bébés nés de femmes séronégatives entre 1998 et 2010. Ils ont constaté que l’utilisation de médicaments pendant le premier trimestre de la grossesse pour réduire la tension artérielle chez des femmes souffrant d’hypertension était associée à un risque accru d’hypospadias. Les chercheurs ont également constaté que les femmes ayant reçu un diagnostic de prééclampsie, que celle-ci ait été traitée ou pas, couraient un risque accru d’accoucher d’enfants atteints d’anomalies congénitales, y compris l’hypospadias.
Une autre étude menée aux États-Unis a permis de constater un risque accru d’hypospadias parmi les enfants nés de mères séronégatives ayant une tension artérielle supérieure à la normale, qu’elles aient été traitées pour celle-ci ou pas.
L’ensemble des résultats de ces deux études souligne le fait que les changements dans l’environnement du fœtus peuvent influencer son développement.
La recherche a également révélé que les bébés de sexe masculin qui naissent prématurément et/ou qui ont un poids insuffisant à la naissance courent un risque accru d’hypospadias. Cela pourrait être lié à une affection où le placenta, soit la connexion physique entre la mère et le fœtus qui fournit de l’oxygène et des nutriments à ce dernier tout en aidant à éliminer les déchets, ne fonctionne pas correctement. Les chercheurs ne savent pas avec certitude pourquoi cela pourrait causer l’hypospadias.
Des chercheurs australiens ont passé en revue des rapports de cas d’anomalies congénitales recensés entre 1999 et 2012 auprès de femmes traitées par médicaments anticonvulsivants. Ils ont trouvé que les femmes qui prenaient en moyenne des doses élevées du médicament valproate (acide valproïque) pendant le premier trimestre de leur grossesse couraient un risque accru d’accoucher de bébés atteints d’anomalies congénitales, et plus particulièrement l’hypospadias. Chez les femmes dont le médecin a réduit leur dose de valproate, le risque d’accoucher de bébés présentant des anomalies congénitales a diminué. L’acide valproïque peut interférer avec les hormones masculines.
Plusieurs études ont permis de constater que les femmes ayant un surplus de poids important couraient un risque accru d’accoucher de bébés de sexe masculin atteints d’hypospadias. Notons, toutefois, que tous les chercheurs ne s’accordent pas en ce qui concerne l’impact de l’obésité sur le risque d’hypospadias.
L’hypospadias peut se produire chez les bébés dont les parents ont des antécédents familiaux de cette affection, ce qui laisse soupçonner un lien génétique.
Dans certains cas, les gènes en question sont en lien avec les récepteurs de l’hormone estrogène ou encore la sensibilité à l’hormone testostérone. Certains chercheurs soupçonnent qu’il existe des interactions possibles entre les gènes du fœtus et des produits chimiques ou des composés ressemblant aux hormones présents dans l’environnement.
Selon une théorie, des polluants environnementaux appelés modulateurs endocriniens ou hormonaux interagiraient avec le fœtus. En voici quelques exemples :
L’hormone testostérone est essentielle à la formation des organes génitaux masculins. Or il est possible que certains des polluants mentionnés ou autres produits chimiques imitent l’effet de l’estrogène et compromettent le développement et la formation du pénis. Cette théorie au sujet de l’impact des contaminants environnementaux est controversée. En effet, même si les résultats de certaines expériences menées sur des animaux semblent confirmer le lien entre certains polluants et les malformations génitales, aucune preuve concluante n’a été trouvée en ce qui concerne les humains.
Comme nous l’avons déjà mentionné dans ce numéro de TraitementSida, la TAR joue un rôle précieux pour aider les femmes séropositives à accoucher de bébés séronégatifs en bonne santé qui connaissent généralement un développement normal dans l’enfance.
Remerciement
Nous tenons à remercier Jason Brophy, MD et spécialiste des maladies infectieuses, pour ses commentaires, son expertise et son assistance à la recherche.
—Sean R. Hosein
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