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Dans ce numéro de TraitementSida, nous avons mentionné quelques expériences existantes et proposées qui visent à éveiller le VIH dans les cellules CD4+ T au repos afin que l'on puisse réduire le nombre de cellules infectées par le VIH dans le corps. Il faut souligner toutefois que le destin qui attend ces cellules après l'activation du VIH n'est pas connu. Entre autres, une cellule infectée par le VIH au repos qui est activée pourrait faire ce qui suit :
Cette dernière possibilité est préoccupante parce que les expériences de laboratoire sur des cellules infectées de manière latente et l'inhibiteur de l'HDAC vorinostat ont découvert une faiblesse du système immunitaire de nombreuses personnes séropositives suivant une multithérapie : leur système immunitaire semble incapable de monter ou de soutenir une réponse efficace contre le VIH.
La plupart des vaccins sont homologués pour prévenir des infections — comme la rougeole, les oreillons et la poliomyélite — qui étaient jadis répandues dans les pays à revenu élevé. Or, les chercheurs sont maintenant intrigués par le potentiel des vaccins thérapeutiques pour le traitement des personnes atteintes du VIH. Les vaccins de ce genre seraient utilisés pour stimuler le système immunitaire, et plus particulièrement les cellules CD8+, afin qu'elles reconnaissent et attaquent plus efficacement les cellules infectées par le VIH. Il sera probablement nécessaire de stimuler le système immunitaire avec un vaccin thérapeutique avant d'exposer des volontaires à certains des médicaments que nous avons mentionnés plus tôt dans ce numéro de TraitementSida qui sont utilisés pour faire sortir le VIH de ses cachettes.
Dans les années 1980, alors que les médecins s'alarmaient de l'éclosion d'infections liées au sida chez des jeunes adultes qui avaient précédemment été en bonne santé, la réaction des médecins consistait à évaluer le système immunitaire des patients. Les tests effectués révélaient une déficience immunologique grave. Plus tard, les immunologues ont fait une découverte étrange : les cellules du système immunitaire des personnes atteintes du VIH se comportaient comme si elles étaient épuisées. Les cellules exprimaient des protéines ou marqueurs à leur surface qui laissaient croire qu'elles s'autodétruiraient bientôt dans le cadre d'un processus appelé mort cellulaire programmée ou apoptose. Une grande proportion de cellules immunitaires, et plus particulièrement les cellules T, sont très vulnérables à l'apoptose, même si elles ne sont pas infectées par le VIH. Ce phénomène s'est confirmé dans le cadre d'expériences de laboratoire sur des cellules neuves, le VIH et un virus étroitement apparenté appelé VIS (virus de l'immunodéficience simienne). Ensemble, ces résultats laissent croire que les virus comme le VIH et le VIS ont évolué de sorte qu'ils puissent abîmer le système immunitaire sans qu'il soit nécessaire d'infecter chacune de ses cellules. Ces virus réussissent cet exploit en incitant les cellules immunitaires à exprimer à leur surface des protéines ou marqueurs que les chercheurs appellent les récepteurs de la mort.
Bien que la multithérapie affaiblisse considérablement la capacité du VIH d'infecter de nouvelles cellules et qu'elle permette au système immunitaire de se réparer partiellement, ces réparations demeurent incomplètes. Des analyses de cellules immunitaires provenant de singes infectés par le VIS et d'humains séropositifs suivant une multithérapie portent à croire que les cellules immunitaires continuent d'exprimer des récepteurs de la mort dans les ganglions et les tissus lymphatiques, quoique dans une moindre mesure que chez les singes et les humains séropositifs qui ne suivent pas de multithérapie.
Au nombre des pistes à explorer pour les chercheurs, on pourrait tenter de rajeunir le système immunitaire en renversant l'impact des récepteurs de la mort sur les cellules. Lors d'expériences sur des singes infectés par le VIS et d'études préliminaires menées auprès de personnes séronégatives atteintes du cancer, les chercheurs ont utilisé des anticorps spécialisés pour essayer de mettre hors d'état les récepteurs de la mort présents à la surface des cellules immunitaires. Cette démarche a amélioré la capacité de ces cellules à s'attaquer aux germes et aux tumeurs. Si les thérapies de ce genre sont homologuées pour le traitement du cancer, comme on s'y attend au cours de la prochaine année dans certains cas, les chercheurs pourront s'en procurer pour les tester auprès de personnes vivant avec le VIH. En renversant l'impact des récepteurs de la mort, les chercheurs pourront peut-être aider le système immunitaire à mieux reconnaître les cellules infectées par le VIH et à les détruire.
—Sean R. Hosein
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