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Des chercheurs aux États-Unis et dans d’autres pays ont déterminé que la combinaison des médicaments ténofovir DF (TDF) et FTC faisait preuve d’une efficacité antivirale potentielle contre le SRAS-CoV-2 dans des simulations et, semble-t-il, des études sur des cellules infectées par le virus. La combinaison TDF + FTC est offerte en coformulation, c’est-à-dire en un seul comprimé vendu sous le nom de marque Truvada. Il en existe également des versions génériques.
La liste des autres médicaments envisagés comme candidats au repositionnement contre la COVID-19 inclut les suivants :
Certains de ces médicaments, notamment la CQ, l’HCQ et le lopinavir-ritonavir, ont été testés chez des personnes atteintes de COVID-19, mais des essais cliniques d’envergure et bien conçus ont presque toujours révélé l’absence de bienfaits cliniques importants. En revanche, la dexaméthasone, un corticostéroïde plus ancien et couramment utilisé, a été associée à un risque réduit de mortalité chez les personnes atteintes de COVID-19.
La CQ et l’HCQ ont ceci d’intéressant qu’elles sont utilisées traditionnellement contre la malaria dans certains pays à faible revenu. On a également utilisé l’HCQ pour traiter certaines affections auto-immunes comme l’arthrite dans les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé.
Il y a deux décennies à peu près, des expériences de laboratoire ont donné à penser que la CQ et/ou l’HCQ faisaient preuve d’activité contre le VIH dans les cellules infectées par ce virus. Des essais cliniques subséquents chez des humains n’ont toutefois révélé qu’une activité anti-VIH modeste de la part de ces médicaments. Un tel résultat est normal, puisque de nombreux médicaments qui semblent efficaces lors des expériences de laboratoire sur des cellules et des virus finissent par échouer ou par n’exercer que des effets très modestes chez les humains. Cela fait partie du processus de développement normal des médicaments. En effet, selon des scientifiques d’expérience, neuf médicaments sur 10 qui semblent utiles dans les éprouvettes ou contre des modèles animaux de maladies humaines ne conserveraient pas subséquemment leur efficacité lors des essais cliniques chez l’humain. Cela se produit parce que les expériences de laboratoire et sur des animaux, quoique louables en tant que première étape, ne peuvent pas reproduire la complexité de l’organisme humain. Ces défis sont encore plus prononcés lors des tentatives de repositionnement des médicaments.
Face à la nature pandémique de l’infection au SRAS-CoV-2, les chercheurs se sont dépêchés pour mener des études sur la CQ et l’HCQ dans l’espoir qu’elles faciliteraient le rétablissement des personnes atteintes de COVID-19. Comme plusieurs des études initiales sur la CQ et l’HCQ n’étaient pas bien conçues, certains chercheurs ont conclu erronément que ces médicaments, et plus particulièrement l’HCQ, étaient utiles contre la COVID-19. Chose intéressante, des expériences sur des modèles animaux (singes et hamsters) ont révélé que l’HCQ ne pouvait empêcher l’infection par le SRAS-CoV-2. De plus, l’HCQ s’est révélée inefficace comme traitement chez les animaux, et ce résultat a été confirmé par des essais cliniques rigoureux menés chez des humains atteints de l’infection au SRAS-CoV-2.
Comme nous l’avons mentionné plus tôt dans ce numéro de TraitementActualités, des chercheurs espagnols ont soulevé la possibilité que les personnes séropositives recevant la combinaison TDF + FTC soient moins sujettes à l’infection par le SRAS-CoV-2. Notons que les résultats en question provenaient d’une étude par observation. Lors d’une autre étude par observation, on n’a constaté aucun effet protecteur du régime TDF + FTC (ni du régime contenant la version plus récente du ténofovir appelée TAF, soit TAF + FTC) chez des personnes séronégatives qui utilisaient ces médicaments à titre de prophylaxie pré-exposition (PrEP). En France, les responsables d’une étude rétrospective ont examiné l’impact du régime TDF + FTC chez des personnes qui suivaient ce régime pour le traitement du VIH ou la PrEP. Dans les deux cas, la combinaison n’a offert aucune protection contre le SRAS-CoV-2. Alors, qu’il s’agisse d’études par observation ou rétrospectives, aucune d’entre elles ne peut prouver que la combinaison TDF + FTC prévient l’infection par le SRAS-CoV-2. Ces études sont limitées par des problèmes inhérents à leur conception.
Notons cependant qu’une grande étude prospective randomisée et contrôlée contre placebo sur le régime TDF + FTC est en cours en Espagne. L’essai a comme sujets des professionnels de la santé et vise à déterminer si ces médicaments réduisent le risque d’infection par le SRAS-CoV-2. Les résultats sont attendus à la fin de 2020 ou au début de 2021.
—Sean R. Hosein
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