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Le dépistage du VIH est la porte d’entrée vers le diagnostic de l’infection et l’implication dans les soins, les traitements et le soutien, pour les personnes vivant avec le VIH. C’est également, pour les personnes dont le résultat est négatif mais qui demeurent à risque élevé pour le VIH, la voie d’accès vers l’implication rehaussée dans la prévention, les soins et le soutien.
Un facteur que les fournisseurs de services devraient prendre en compte, dans la démarche de dépistage ou la discussion à ce sujet, est la fréquence à laquelle un client devrait se faire dépister pour le VIH. Le présent article résume les résultats d’une revue systématique des recommandations sur la fréquence du dépistage dans des lignes directrices canadiennes et internationales.1
Au Canada, il y a place à l’amélioration dans le diagnostic du VIH et l’implication des personnes dans les soins et traitements. D’après les estimations de 2014 de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), révisées récemment, approximativement 13 000 des 65 040 personnes vivant avec le VIH au Canada ne sont pas au courant de leur infection.2 C’est environ 20 % des personnes vivant avec le VIH.
On ne saurait trop insister sur l’importance du dépistage du VIH, pour que les personnes atteintes de cette infection en soient informées dès que possible; vu en particulier les récents progrès de notre compréhension du traitement du VIH. Les progrès en matière de traitement permettent aujourd’hui aux personnes vivant avec le VIH d’avoir une vie presque aussi longue et en aussi bonne santé que les personnes qui n’ont pas l’infection.3 Cependant, afin de tirer le plus grand bienfait possible du traitement antirétroviral (TAR), il est démontré par la recherche qu’on doit l’amorcer dès que possible après avoir contracté le virus.4 La recherche démontre également que l’utilisation correcte et régulière d’un TAR par une personne vivant avec le VIH, maintenant une charge virale indétectable, est une stratégie très efficace pour réduire le risque de transmission sexuelle du VIH.5,6,7,8,9,10,11,12,13
La revue systématique visait à identifier des recommandations relatives à la fréquence de dépistage du VIH pour différentes populations, en examinant les lignes directrices développées au Canada et dans le monde.1
Des lignes directrices en matière de dépistage contribuent à soutenir et à standardiser le dépistage; elles sont fondées sur la recherche et sur les pratiques dans le domaine. Elles peuvent également prendre en compte l’expérience locale du VIH, si les lignes directrices concernent les services d’une région particulière. En plus de la fréquence du dépistage du VIH, des lignes directrices peuvent inclure des recommandations sur qui dépister, quand offrir le dépistage, le counseling pré-test et post-test, de même que sur des éléments juridiques et éthiques comme le consentement et la confidentialité.
La revue a porté sur 34 publications de lignes directrices. Une publication a été incluse si :
Voici des caractéristiques des lignes directrices examinées :
Les lignes directrices canadiennes incluses dans la revue sont :
La revue a comparé les recommandations concernant la fréquence du dépistage, en examinant le nombre d’occurrences d’une recommandation donnée. Les recommandations concernant les trois groupes abordés le plus souvent (femmes enceintes, HARSAH et population générale) ont été résumées individuellement. Les recommandations répandues au sujet d’autres populations ont été notées, également.
Femmes enceintes
Des recommandations concernant les femmes enceintes ont été recensées dans 20 publications de lignes directrices; elles incluaient ces éléments :
Hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes
Des recommandations concernant les HARSAH ont été recensées dans 19 publications de lignes directrices; elles incluaient ces éléments :
Population générale
Des recommandations concernant la population générale ont été recensées dans 14 publications de lignes directrices; elles incluaient ces éléments :
Quatre lignes directrices ont également signalé une insuffisance de données pour éclairer une recommandation relative à un intervalle de temps spécifique pour le dépistage dans la population générale.
Autres populations
Le dépistage au moins une fois l’an est une recommandation fréquente; et il s’agissait de la recommandation la plus répandue pour :
Les recommandations pour les personnes diagnostiquées d’une autre infection transmissible par le sang (ITS) incluaient le dépistage systématique (trois occurrences) et un dépistage à répéter après chaque nouveau diagnostic d’ITS (deux occurrences).
Les autres populations mentionnées, dans quatre lignes directrices ou moins, incluaient les adolescents, les détenus et les hommes et femmes transgenres. Les recommandations pour ces populations étaient plus variées et incluaient des recommandations pour le dépistage au moins une fois par an, le dépistage systématique et le dépistage selon le risque.
Cette revue présente une perspective internationale que les fournisseurs de services, au Canada, peuvent utiliser en complément aux lignes directrices canadiennes afin d’éclairer des décisions par des données sur la fréquence du dépistage du VIH.
Les cinq publications de lignes directrices canadiennes incluaient des similitudes avec des tendances plus générales observées dans la revue. Selon le nombre de répétitions d’une recommandation, la revue a observé que les recommandations suivantes pour des populations spécifiques sont répandues :
Femmes enceintes
Hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes
Population générale
Autres populations
En outre, la recommandation d’un dépistage systématique a été observée, dans cette revue. Les auteurs indiquent que le dépistage systématique ne consiste « pas à recommander un intervalle spécifique de dépistage, mais plutôt à recommander le dépistage pour tout le monde », ce qui peut être réalisé de pair avec un dépistage plus fréquent pour les personnes à risque plus élevé pour le VIH. Bien que le dépistage de routine tel que mentionné ne constitue pas un intervalle défini, il met l’accent sur l’importance d’occasions continues de dépistage dans le cadre des soins médicaux.
Dans l’examen de ces recommandations, il est important de se souvenir que :
Les revues systématiques sont d’importants outils pour le développement éclairé de programmes fondés sur des données probantes. Une revue systématique est un résumé critique présentant les données qui existent sur un sujet particulier. On utilise un processus rigoureux pour repérer toutes les études publiées en lien avec une question de recherche. La qualité des études pertinentes peut être évaluée et leurs résultats peuvent être résumés, de manière à cerner et à décrire les principales conclusions et limites. Si les études faisant partie du corpus examiné en revue systématique contiennent des données sous forme de chiffres, ces données peuvent être combinées de manière stratégique afin de calculer des estimations groupées. Le fait de combiner des données dans des estimations groupées permet de présenter un meilleur tableau d’ensemble du sujet à l’étude.
Références
Erica Lee est spécialiste de l'information chez CATIE. Depuis l’obtention de sa maîtrise en sciences de l’information, Erica a travaillé dans le domaine des bibliothèques de la santé, soutenant les besoins en information des fournisseurs de services de première ligne et les utilisateurs de services. Avant de se joindre à CATIE, Erica était la bibliothécaire de l’organisme AIDS Committee of Toronto (ACT).