Les derniers billets du blogue
Des données probantes suggèrent que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) par voie orale est aussi efficace pour les femmes que pour les hommes qui l'utilisent régulièrement et correctement, bien que l'observance thérapeutique pourrait être plus importante pour les femmes. Bien que la PrEP a fait preuve d’une grande efficacité lors des recherches menées auprès d’hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH);1 les recherches menées auprès des femmes ont donné des résultats mixtes.2,3,4,5,6. Sur les cinq essais cliniques randomisés (ECR) qui incluaient des femmes, 2,3,4,5,6 deux (portant uniquement sur des femmes ) ont révélé qu’un régime quotidien de PrEP orale n’était pas efficace pour réduire le risque de transmission du VIH.2,3 Il est probable que le très faible taux d’observance de la PrEP quotidienne (moins de 30 %) parmi les femmes inscrites à ces deux études était à l’origine du manque d’efficacité observé. D’autres essais5,6 ont révélé que la PrEP est très efficace pour réduire le risque de transmission du VIH chez les femmes lorsque l’observance thérapeutique était bonne.
Il est possible que les différences biologiques dans la façon dont la PrEP s’accumule dans le corps soient partiellement responsables des résultats mixtes obtenus auprès des femmes. Les données pharmacocinétiques montrent que les concentrations de PrEP sont plus faibles dans le vagin que dans le rectum, ce qui veut dire qu’une excellente observance quotidienne de la PrEP pourrait être particulièrement importante pour les femmes exposées au VIH lors des relations sexuelles vaginales.7,8
Une nouvelle méta-analyse a utilisé les données de cinq ECR menés auprès de femmes afin d’estimer l’efficacité de la PrEP orale quotidienne chez des femmes affichant des taux d’observance variables.9 Les cinq études en question ont été menées auprès de différentes populations de femmes :
Bien que la PrEP soit offerte à l’heure actuelle sous forme de combinaison, soit deux médicaments (TDF et FTC) en un seul comprimé portant le nom de marque Truvada, certains participants à ces études prenaient la combinaison de deux médicaments, alors que d’autres recevaient une version de PrEP consistant seulement en TDF. Lors de ces études, la formulation de PrEP contenant deux médicaments a été plus efficace que le TDF seul pour prévenir la transmission du VIH;2,5 il reste que les participants recevant les deux versions de PrEP ont été inclus dans cette analyse.
Cette étude a trouvé une relation forte entre l’observance de la PrEP et son efficacité. Une analyse combinée des résultats des cinq études a permis d’estimer que la PrEP réduisait le risque d’infection par le VIH comme suit :
Les données de plusieurs études menées auprès de différentes populations nous révèlent que l’efficacité de la PrEP augmente lorsque le taux d’observance de la médication telle que prescrite s’améliore.1,2,3,4,5,6 Cette méta-analyse démontre qu’un taux d’observance de la PrEP quotidienne de 75 % pourrait ne pas être suffisant pour permettre aux femmes d’atteindre le même niveau élevé d’efficacité observé chez les HARSAH affichant un taux d’observance modéré ou élevé. Par exemple, l’essai iPrEX a révélé que les HARSAH qui avaient n’importe quelle quantité de PrEP dans leur sang (et qui n’étaient pas nécessairement très fidèles au traitement) voyaient leur risque de contracter le VIH diminuer de 92 %, comparativement aux hommes n’ayant aucune trace de PrEP dans leur sang.1
Cette méta-analyse ne fournit pas d’estimation de la réduction du risque de VIH parmi les femmes faisant preuve d’une observance optimale de la PrEP quotidienne. Lors d’une analyse fondée sur l’observance effectuée dans le cadre de l’étude Partners PrEP portant sur des couples hétérosexuels sérodifférents, on a constaté que les femmes affichant un taux élevé d’observance de la PrEP bénéficiaient d’un niveau de protection élevé.10 L’analyse en question a révélé une baisse de 92 % du risque d’infection par le VIH parmi les femmes dont les concentrations sanguines de PrEP (TDF/FTC) attestaient une prise de pilules quotidienne. 10
Il est probable que les faibles taux d’observance généraux parmi les femmes lors de deux essais ont contribué à l’estimation relativement faible de l’efficacité provenant de cette méta-analyse. La recherche a révélé que les femmes inscrites à ces études ne prenaient pas les médicaments de la PrEP qu’elles recevaient pour de nombreuses raisons, y compris la stigmatisation, la méfiance à l’égard de la recherche et la peur des effets secondaires.11 Même s’il est possible que ces facteurs ne s’appliquent pas aux femmes dans le contexte canadien actuel, les fournisseurs de services devront insister sur l’importance de l’observance pour les femmes recevant la PrEP. Il est important que les fournisseurs de services discutent de l’observance et qu’ils évaluent celle de toutes leurs clientes qui prennent la PrEP. Ils devraient aussi offrir un counseling sur l’observance si nécessaire.
Pour en savoir plus sur l'efficacité de la PrEP chez les femmes et parmi d'autres populations, veuillez consulter le feuillet d'information de CATIE sur la PrEP.
Références
Camille Arkell est spécialiste en connaissances, Science biomédicale de la prévention chez CATIE. Elle détient une maîtrise de santé publique en promotion de la santé de l’Université de Toronto, et travaille en éducation et recherche sur le VIH depuis 2010.