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CATIE
  • Des chercheurs de la C.-B. ont examiné l’impact de la violence entre partenaires intimes sur la santé de femmes séropositives
  • Près de 60 % des participantes ont déclaré avoir été victimes de violence dans leurs relations intimes
  • Les femmes étaient plus susceptibles de mourir d’affections médicales chroniques si elles vivaient ces actes de violence

Grâce à l’accessibilité généralisée de traitements du VIH puissants (TAR), l’infection au VIH est devenue une affection chronique au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé. Le TAR est tellement puissant qu’il permet à de nombreux utilisateurs de connaître une espérance de vie quasi normale.

Malgré les bienfaits énormes du TAR, tous les utilisateurs ne connaissent pas nécessairement une prolongation de leur survie, notamment à cause de problèmes socioéconomiques et structuraux.

Une équipe de chercheurs du Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique a étudié l’impact de la violence entre partenaires intimes sur la survie des femmes vivant avec le VIH. Les chercheurs ont découvert que les femmes séropositives qui étaient victimes de violence conjugale grave étaient deux fois plus susceptibles de mourir subséquemment que les femmes séropositives qui ne vivaient pas ces actes de violence. Les chercheurs ont proposé des interventions pour aider à prévenir la violence conjugale et venir en aide aux survivantes.

Détails de l’étude

Dans le cadre d’une étude sur les services de santé de la Colombie-Britannique appelée LISA, les chercheurs ont recruté 1 000 personnes séropositives, en comptant 264 femmes cis dont neuf femmes trans. En tout, 260 femmes ont choisi de répondre à un sondage sur la violence conjugale, et leurs données ont été utilisées aux fins de cette étude. Le sondage avait lieu au moment de l’inscription des participantes, dont les caractéristiques clés incluaient les suivantes :

  • âge : 41 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Blanches – 49 %; Autochtones – 45 %
  • école secondaire terminée : 53 %
  • utilisation actuelle de drogues injectables : 23 %
  • incarcération antérieure : 55 %

Les chercheurs ont consulté des bases de données pour déterminer si des participantes étaient décédées, ainsi que la cause probable de leur décès.

Les participantes ont été suivies pendant environ neuf ans en moyenne.

Selon les chercheurs, en raison des méthodes publicitaires et des pratiques de recrutement utilisées pour l’étude, « les personnes marginalisées à cause d’iniquités sociostructurales étaient surreprésentées ».

Résultats

Près de 60 % des participantes à cette étude ont dévoilé avoir subi une forme de violence conjugale, que ce soit physique, émotionnelle ou sexuelle, à un moment donné de leur vie.

Les femmes qui avaient subi une certaine forme de violence conjugale étaient plus susceptibles d’avoir vécu une des expériences suivantes, et plus particulièrement si la violence avait été grave :

  • incarcération
  • dépression actuelle ou antérieure
  • violence avant l’âge de 16 ans

Survie

Au cours de la période à l’étude, 63 femmes (environ 25 %) sont décédées. On n’a pas constaté de différence significative entre les causes de décès chez les victimes de violence conjugale et les femmes qui n’en étaient pas victimes. Les chercheurs ont toutefois remarqué la tendance suivante : les femmes qui avaient subi de la violence conjugale grave étaient plus susceptibles de mourir d’une « maladie chronique ou d’une comorbidité ».

Les chercheurs ont également constaté que de nombreuses femmes séropositives qui avaient vécu une certaine forme de violence conjugale étaient plus susceptibles de mourir de causes « liées à l’alcool ou à la drogue ».

Les femmes ayant connu de la violence conjugale grave « affichaient la proportion la plus élevée de décès (32 %) et le plus haut taux de mortalité ajusté selon l’âge ».

Chez les femmes victimes de violence conjugale grave, le risque de décès était plus de deux fois supérieur que chez les femmes n’ayant jamais vécu de violence conjugale.

Les femmes qui avaient connu une certaine forme de violence conjugale étaient de trois à cinq fois plus susceptibles de mourir que la femme séronégative moyenne vivant en Colombie-Britannique.

Recherche sur la violence conjugale

Selon l’équipe, d’autres études ont permis de constater que « le fait de subir de nombreuses formes de violence à partir d’un jeune âge produit un effet cumulatif qui perpétue un cycle vicieux de pauvreté, de maltraitance, de manque d’occasions de faire des études, de consommation de substances et d’augmentation des maladies chroniques ».

Objectifs des politiques

Selon l’équipe britanno-colombienne, des études antérieures avaient révélé que « les femmes sont particulièrement vulnérables à la violence conjugale lorsqu’elles dévoilent leur statut VIH à leur partenaire intime ». L’équipe recommande alors que « des stratégies soient élaborées et évaluées pour soutenir les femmes afin qu’elles puissent dévoiler leur statut VIH de façon sécuritaire lorsqu’elles souhaitent le faire. À l’heure actuelle, il manque des approches fondées sur des données probantes pour accomplir cela ».

Les chercheurs ont trouvé que relativement peu de femmes avaient recours aux services de soutien destinés aux survivants de violence conjugale. Ils ont donc souligné « la nécessité d’offrir des soins universels qui soient sensibles aux traumatismes. Les soignants devraient reconnaître les expériences traumatisantes, et des soutiens devraient être adaptés pour répondre aux effets syndémiques de la consommation de substances, de la violence et du VIH/sida ».

« Comme le recommande l’OMS [Organisation mondiale de la Santé], les soins du VIH destinés aux [femmes] devraient être centrés sur les femmes et intégrés plus largement dans les services de santé sexuelle et génésique et de protection des droits. La sensibilisation des travailleurs de la santé, un milieu propice au soutien et des réponses appropriées et rapides sont nécessaires pour s’assurer que les femmes vivant avec le VIH ne subissent pas un autre traumatisme par les déséquilibres de pouvoir au sein de la relation entre professionnel de la santé et patiente. »  Les chercheurs britanno-colombiens ont cité une étude menée antérieurement en Alberta où l’on avait trouvé que, une fois établis de bons rapports entre les intervenants en santé et les patientes, les femmes séropositives étaient reconnaissantes qu’on leur pose des questions à propos de « leurs expériences de violence ».

L’équipe de l’étude a souligné la nécessité de beaucoup plus de recherche, notamment pour trouver « des programmes efficaces pour prévenir et répondre à la violence conjugale » qui incluent des soins sensibles aux traumatismes.

L’équipe a également soulevé la nécessité d’autres recherches sur la violence conjugale en général, « en priorisant les études menées par, avec et pour des femmes vivant avec le VIH qui ont connu la violence conjugale ou sont à risque d’en subir ».

                                                                                                                        —Sean R. Hosein

Ressources

Centre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique

Le lien entre la violence dans les relations intimes et le VIHPoint de mire sur la prévention

Vers la mise en œuvre de programmes de dépistage de la violence conjugaleNouvelles CATIE

RÉFÉRENCE :

Closson K, McLinden T, Parry R, et al. Severe intimate partner violence is associated with all-cause mortality among women living with HIV. AIDS. 2020;34(10):1549-1558.