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Grâce au traitement du VIH (TAR), les chercheurs sont d’avis que de nombreuses personnes séropositives ont maintenant une espérance de vie quasi-normale, pourvu qu’elles soient diagnostiquées peu de temps après l’infection par le VIH, qu’elles commencent tôt le traitement, qu’elles continuent à recevoir des soins et qu’elles suivent fidèlement leur régime de traitement. De plus, nombre d’études ont révélé que les personnes qui atteignent et maintiennent une charge virale indétectable ne transmettent pas le VIH à leurs partenaires sexuels.
Ces deux bienfaits du TAR, soit l’amélioration de la santé de l’individu et la prévention de la transmission, sont tellement importants qu’ils ont incité le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à élaborer une stratégie mondiale visant à aider les villes, les régions et les pays à améliorer la santé des personnes séropositives et à mettre fin à la propagation épidémique des nouvelles infections d’ici 2030. La stratégie s’exprime succinctement dans la phrase 90-90-90 et consiste en les cibles suivantes pour l’an 2020 :
Dans le contexte du VIH, l’ensemble des étapes qui mènent du dépistage jusqu’au suivi et à l’évaluation du traitement s’appelle la cascade des soins.
De nombreux pays et régions, y compris le Canada et ses provinces et territoires, utilisent les cibles 90-90-90 pour évaluer les progrès accomplis dans la lutte contre la pandémie de VIH. L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a récemment publié un rapport sur l’épidémie de VIH au Canada qui est basé sur des données analysées jusqu’à la fin de 2016. Selon les estimations de l’ASPC, 63 110 personnes vivaient avec le VIH dans ce pays à la fin de 2016. Voici les estimations canadiennes en matière de 90-90-90 pour cette année-là, selon le nouveau rapport :
Ces chiffres montrent que le Canada avance vers l’atteinte des cibles 90-90-90. Selon ces estimations, 63 % des personnes séropositives avaient atteint une charge virale indétectable en 2016, une hausse par rapport au taux de 58 % en 2014. De plus, les estimations pour le Canada sont généralement comparables à celles d’autres pays à revenu élevé comme l’Australie, le Danemark, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis.
La Saskatchewan affiche le taux de nouvelles infections le plus élevé au Canada, et les peuples autochtones sont touchés de façon disproportionnée. Afin de mieux comprendre la situation dans les communautés des réserves, l’ASPC a collaboré avec les autorités de la santé publique et autochtones de la Saskatchewan pour formuler les estimations suivantes :
La collecte et l’analyse de ces données constituent un bon point de départ. Les Autochtones du Canada vivent avec un héritage de colonialisme et de racisme qui nuit à leur santé et les rend plus vulnérables à de nombreuses affections médicales. De plus grands efforts sont nécessaires pour aider toutes les personnes autochtones séropositives du Canada (qu’elles vivent dans les réserves ou hors de celles-ci) à avoir accès à des services de dépistage, de soins et de traitement du VIH culturellement appropriés et pour s’assurer qu’elles bénéficient du TAR.
Selon l’ASPC, « On offre à tous les détenus des établissements correctionnels fédéraux une évaluation de la santé au moment de leur admission et, en 2016, 96 % d’entre eux ont accepté de passer un test de dépistage volontaire du VIH pour connaître leur statut sérologique. Les détenus peuvent également demander de passer un test de dépistage du VIH ou être orientés pour en passer un à n’importe quel moment au cours de l’incarcération ». En avril 2017, les 170 détenus ayant fait l’objet d’un diagnostic de VIH en étaient aux étapes suivantes de la cascade des soins :
Selon les estimations de l’ASPC, quelque 2 165 nouvelles infections par le VIH se seraient produites au Canada en 2016, ce qui marque une légère augmentation par rapport à 2014. Ces infections ont eu lieu au sein des populations suivantes :
(La somme de ces chiffres n’est pas 100 en raison de certains chevauchements des catégories.)
L’ASPC affirme que les 63 110 personnes vivant avec le VIH au Canada appartiennent largement aux populations suivantes :
(La somme de ces chiffres n’est pas 100 en raison de certains chevauchements des catégories.)
1. Selon les estimations de l’ASPC, sur les 63 110 personnes vivant avec le VIH au Canada, 14 % ne sauraient pas qu’elles ont cette infection.
D’après l’ASPC, « N’étant pas prises en charge par les systèmes de santé et de surveillance des maladies, ces personnes ne peuvent tirer parti des services appropriés de prévention, de traitement, de soins continus et de soutien avant de passer un test de dépistage et de recevoir un diagnostic… Des stratégies novatrices visant à rejoindre la population n’ayant pas reçu de diagnostic et à hausser le nombre de personnes qui suivent un traitement pourraient aider le Canada [à atteindre les cibles 90-90-90] ».
2. Le rapport de l’ASPC révèle que le Canada fait des progrès généraux vers l’atteinte des cibles 90-90-90 de l’ONUSIDA et de l’OMS. Le VIH continue toutefois de toucher certaines populations de façon disproportionnée, et l’ASPC affirme que « cela met en évidence le besoin continu de programmes fondés sur des données probantes qui sont adaptés à la culture, à l’âge et au genre afin qu’ils tiennent compte des aspects uniques de ces populations et de ces collectivités ». L’ASPC prône aussi « une éducation continue et élargie en matière de santé sexuelle » pour aider d’autres populations, y compris les hétérosexuels.
Ressources
Résumé : Estimations de l’incidence et de la prévalence du VIH, et des progrès réalisés par le Canada en ce qui concerne les cibles 90-90-90 pour le VIH, 2016 – Agence de la santé publique du Canada (ASPC)
Le VIH au Canada – Affiche infographique de l’ASPC
90-90-90 : Une cible ambitieuse de traitement pour aider à mettre fin à l’épidémie du sida – ONUSIDA
—Sean R. Hosein
RÉFÉRENCES :