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CATIE

Le virus de l’hépatite C (VHC) infecte le foie et y cause de l’inflammation. Au fil du temps, l’inflammation persistante liée au VHC cause la dégradation de cet organe vital parce que les tissus sains sont remplacés par du tissu cicatriciel inutile. Ce processus ne cesse de compromettre le fonctionnement du foie, et des complications risquent de surgir, y compris des infections graves, des hémorragies internes, la dysfonction rénale et un risque accru de cancer du foie.

Le Canada et les autres pays à revenu élevé continuent d’homologuer des thérapies anti-VHC de plus en plus efficaces et de plus en plus tolérables. Plus l’infection au VHC est décelée tôt, plus elle est facile à traiter, d’où l’importance du dépistage régulier. De plus, une fois le diagnostic du VHC posé, les personnes atteintes peuvent prendre des mesures pour prévenir la transmission à d’autres personnes.

Le cas des HARSAH séropositifs

Depuis plus d’une décennie, une éclosion du virus de l’hépatite C sévit parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HARSAH) en Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Australie. La majorité de ces hommes vit avec le VIH, et le VHC semble se transmettre par les relations sexuelles. Pour une description détaillée des modes de transmission du VHC, consultez ce bulletin de Nouvelles CATIE.

Des chercheurs d’Amsterdam ont suivi un groupe d’hommes séropositifs qui ont été exposés au VHC lors de relations sexuelles. Les chercheurs ont prélevé et analysé régulièrement des échantillons de sang, en plus d’interroger les participants au sujet de leurs comportements. Les hommes sont restés dans l’étude pendant à peu près quatre ans. L’équipe a découvert un retard notable entre le moment de l’exposition au VHC et l’apparition d’anticorps anti-VHC dans le sang des hommes. Compte tenu de ce retard important, les chercheurs recommandent aux médecins et aux infirmiers d’envisager l’usage de tests de recherche du matériel génétique du VHC (ARN) lors du dépistage de l’hépatite C chez les HARSAH, plutôt que les épreuves reposant uniquement sur la recherche des anticorps.

Détails de l’étude et résultats

En 2009, les chercheurs ont recruté 63 hommes âgés de 35 à 47 ans qui avaient tous le VIH mais pas le VHC. La majorité des hommes prenait une combinaison de médicaments puissants contre le VIH (couramment appelée thérapie antirétrovirale ou TAR). Les événements suivants se sont produits sur une période de quatre ans :

  • Les médecins ont diagnostiqué l’infection précoce (aiguë) au VHC chez l’ensemble des 63 hommes.
  • Les souches courantes (ou génotypes) du VHC détectées étaient la 1a et la 4d. Les autres génotypes décelés incluaient le 1b, le 2b et le 3a.
  • Le dépistage du VHC, que ce soit par la recherche d’anticorps ou du matériel génétique (ARN), avait lieu tous les six mois environ.
  • Les médecins n’ont pas détecté d’anticorps anti-VHC chez 41 % des hommes pendant les trois premiers mois de l’infection. En revanche, l’ARN VHC était décelable durant cette période, ce qui permettait aux chercheurs de savoir que les hommes étaient infectés.

Thérapie, guérison et réinfection

Au total, 43 hommes ont choisi de prendre un traitement anti-VHC reposant sur une forme d’interféron à longue durée d’action appelée interféron pégylé (peg-interféron), avec ou sans l’antiviral à large spectre dénommé ribavirine. Parmi eux, 31 hommes sur 43 ont guéri, mais des cas de réinfection par le VHC se sont produits, comme suit :

  • 16 hommes ont été réinfectés une fois
  • un homme a été réinfecté deux fois
  • un homme a été réinfecté trois fois

Comme on peut voir, un total de 21 réinfections se sont produites chez 18 hommes.

Dans les cas de réinfection, le VHC a disparu spontanément chez deux hommes sur 18 seulement.

Accent sur les anticorps

Tous les 63 hommes inscrits à l’étude ont fini par présenter des anticorps contre le VHC. Les anticorps ont mis entre 47 et 125 jours à apparaître après le moment de l’infection par le VHC. La durée de la période précédant l’apparition des anticorps n’a été influencée par aucun des facteurs suivants :

  • âge
  • compte de CD4+ actuel
  • nadir du compte de CD4+ (compte le plus bas documenté depuis toujours)
  • génotype du VHC

Chez les hommes dont le traitement avait réussi à guérir le VHC, les anticorps contre ce dernier ont disparu subséquemment.

Parmi les hommes dont le système immunitaire avait réussi à éliminer spontanément l’infection au VHC, les anticorps ont diminué en nombre jusqu’à un faible niveau, mais n’ont jamais disparu.

Les enzymes du foie contre l’ARN

Dans le cadre des soins quotidiens donnés aux patients, les médecins mesurent parfois le taux de l’enzyme du foie ALT (alanine aminotransférase) dans le sang. Ce marqueur est utile parce qu’il se met à augmenter durant les périodes où le foie subit des dommages causés par le VHC. La présence d’un taux élevé d’ALT peut indiquer la nécessité d’une évaluation médicale poussée.

Les chercheurs néerlandais ont évalué les infections initiales au VHC chez les hommes. Pendant celles-ci, l’équipe a décelé de l’ARN VHC dans les échantillons de sang de tous les hommes. De plus, l’analyse des échantillons de sang a révélé que le taux d’ALT était élevé (deux fois la limite supérieure de la normale) chez 72 % des hommes.

Lors des épisodes subséquents d’infection au VHC, cependant, le nombre d’augmentations du taux d’ALT a diminué, et seulement 44 % des hommes avaient un taux élevé.

Implications

Les chercheurs ont affirmé ce qui suit :

  • Comme certains (41 %) participants n’ont pas produit d’anticorps anti-VHC pendant une période pouvant aller jusqu’à trois mois après l’infection, les chercheurs ont proposé que le test de recherche de l’ARN VHC soit privilégié comme méthode de dépistage.
  • Bien que les tests de mesure occasionnels du taux d’ALT puissent aider à détecter certains cas d’infection au VHC, les chercheurs ont souligné que le taux d’ALT peut demeurer dans la plage normale pendant l’infection aiguë. De plus, selon les chercheurs, le taux d’ALT n’est pas toujours élevé dans les cas de réinfection. Enfin, un taux d’ALT supérieur à la normale « n’indique pas toujours une infection récente par le VHC », ont fait valoir les chercheurs.

Une revue indépendante

Thomas Reiberger, MD, professeur associé d’hépatologie à l’Université de Vienne, a passé en revue les résultats des chercheurs néerlandais pour un article publié dans la revue Clinical Infectious Diseases. Selon lui, même si le dépistage des échantillons de sang pour détecter la présence d’anticorps anti-VIH peut être utile, les résultats de l’étude néerlandaise portent à croire que les anticorps n’apparaissent que plusieurs mois après l’infection par le VHC dans certains cas. Lorsque cela arrive, l’infection aiguë risque de passer inaperçue si le dépistage des anticorps est la seule méthode utilisée. Le Dr Reiberger partage l’avis des chercheurs néerlandais et recommande que le test de recherche de l’ARN soit utilisé pour le dépistage de l’infection au VHC.

Le dépistage relativement fréquent (par test de recherche de l’ARN VHC) des hommes séropositifs courant un risque élevé de contracter l’hépatite C offre de nombreux avantages, notamment la possibilité de détecter des cas très précoces de l’infection. De plus, lors des rendez-vous, les médecins et les infirmiers ont l’occasion de conseiller et d’éduquer les patients sur les sujets suivants :

  • comment se protéger contre la réinfection par le VHC
  • comment prévenir la transmission de l’infection à d’autres personnes
  • les bienfaits du traitement précoce du VHC

Ressources

Vivre avec la co-infection VIH/hépatite C – Renseignements pour les personnes vivant avec ces deux virus sur le maintien d’une bonne santé, le traitement ainsi que la protection de votre santé et de celle des autres

Site Web de CATIE sur l’hépatite C

Accélération des dommages au foie dans les cas de co-infection par le VHCNouvelles CATIE

Des chercheurs allemands approfondissent l’étude de la transmission sexuelle de l’hépatite CNouvelles CATIE

—Sean. R Hosein

RÉFÉRENCES :

  1. van de Laar TJ, van der Bij AK, Prins M, et al. Increase in HCV incidence among men who have sex with men in Amsterdam most likely caused by sexual transmission. Journal of Infectious Diseases. 2007 Jul 15;196(2):230-8.
  2. Vogel M, van de Laar T, Kupfer B, et al. Phylogenetic analysis of acute hepatitis C virus genotype 4 infections among human immunodeficiency virus-positive men who have sex with men in Germany. Liver International. 2010 Sep;30(8):1169-72.
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  4. Urbanus AT, Van De Laar TJ, et al. Trends in hepatitis C virus infections among MSM attending a sexually transmitted infection clinic; 1995-2010. AIDS. 2014 Mar 13;28(5):781-90.
  5. van de Laar TJ, Matthews GV, Prins M, et al. Acute hepatitis C in HIV-infected men who have sex with men: an emerging sexually transmitted infection. AIDS. 2010 Jul 31;24(12):1799-812.
  6. Vanhommerig JW, Thomas XV, van der Meer JT, et al. Hepatitis C virus (HCV) antibody dynamics following acute HCV infection and reinfection among HIV-infected men who have sex with men. Clinical Infectious Diseases. 2014; in press.
  7. Reiberger T. Acute hepatitis C virus infection in HIV+ MSM: Should we change our screening practice? Clinical Infectious Diseases. 2014; in press.