Le diabète et les problèmes de glycémie

 


Normalement, lorsque nous mangeons, notre organisme convertit les aliments en glucose (sucre), qui est ensuite transporté aux cellules partout dans le corps pour fournir aux muscles, aux tissus et au cerveau l’énergie dont ils ont besoin. Si une personne a trop de glucose dans le sang (une affection appelée hyperglycémie), elle risque à la longue d’éprouver de graves problèmes de santé. C’est pourquoi il est si important de faire tout son possible pour prévenir l’apparition d’un problème de glycémie (taux de glucose sanguin) ou, si vous en avez déjà un, de prendre les mesures nécessaires pour y faire face. Heureusement, il est possible de contrôler le diabète grâce à une alimentation saine, à l’exercice et à la médecine.

Que sont l’insulinorésistance et le diabète?

L’insuline est une hormone dont l’organisme a besoin pour maintenir une quantité normale de glucose dans le sang. Lorsque vous manquez d’insuline ou que votre corps ne peut s’en servir correctement, la quantité de glucose dans votre sang (votre glycémie) devient trop élevée. On parle alors de résistance à l’insuline ou d’insulinorésistance.

Lorsque l’insulinorésistance se produit, l’organisme tente initialement de compenser en produisant de plus en plus d’insuline. Cependant, ses efforts finissent par échouer, et le glucose s’accumule dans le sang au lieu d’être utilisé par les cellules comme source d’énergie. Cette augmentation persistante de la glycémie est la principale caractéristique du diabète de type 2.

Lorsqu’une personne a le diabète et que ses cellules ne reçoivent pas assez de glucose, elles ne peuvent fonctionner correctement. L’hyperglycémie peut également causer des dommages aux vaisseaux sanguins dans différentes parties du corps. Cela risque à la longue d’entraîner des problèmes de santé graves voire potentiellement mortels, tels que des maladies cardiovasculaires, l’insuffisance rénale, la cécité, des lésions nerveuses et des problèmes de digestion. Tous ces problèmes nécessitent des soins médicaux avancés.

Il existe trois sortes de diabète :

  • Diabète gestationnel : genre de diabète se produisant pendant la grossesse.
  • Diabète de type 1 : maladie auto-immune apparaissant typiquement dans l’enfance; se produit lorsque l’organisme est incapable de produire de l’insuline.
  • Diabète de type 2 : genre de diabète touchant habituellement les adultes d’âge mûr ou avancé (mais pouvant survenir à n’importe quel âge); comme il est de loin le genre de diabète le plus répandu, le type 2 est le sujet principal de ce chapitre.

Facteurs de risque de diabète

Un nombre croissant de personnes vivant avec le VIH ont également le diabète de type 2. Ce problème est attribuable à des facteurs de risque spécifiques au VIH, ainsi qu’à certains facteurs de risque traditionnels qui touchent autant les personnes séronégatives que les personnes séropositives.

Certains médicaments anti-VIH, surtout parmi les plus anciens, ont été associés à un risque accru de diabète, dont les suivants :

  • certains inhibiteurs de la protéase, dont l’indinavir (Crixivan) et le nelfinavir (Viracept)
  • certains analogues nucléosidiques, dont le d4T (stavudine, Zerit) et le ddI (didanosine, Videx EC)

L’infection au VIH peut elle-même accroître le risque de diabète, surtout si la personne atteinte vit avec le virus depuis de nombreuses années, si elle a un faible compte de CD4 et une charge virale élevée ou encore si elle est co-infectée par l’hépatite C. Les chercheurs ont découvert que le diabète est plus courant parmi les personnes co-infectées par le VIH et l’hépatite C que parmi les personnes infectées par la seule hépatite C.

Les facteurs de risque traditionnels incluent les suivants :

  • surpoids (surtout un excès de graisse abdominale)
  • antécédents familiaux de diabète
  • être âgé de plus de 40 ans
  • manque d’activité physique
  • infection à l’hépatite C
  • taux de lipides anormaux, spécifiquement un faible taux de « bon » cholestérol (HDL) ou un taux élevé de triglycérides
  • antécédents d’hypertension artérielle
  • usage de médicaments susceptibles de faire augmenter la glycémie (p. ex., l’hormone de croissance humaine, la niacine, les glucocorticoïdes et l’acétate de mégestrol [Megace])
  • diagnostic de prédiabète
  • syndrome des ovaires polykystiques
  • apnée du sommeil

Des études ont permis de constater des taux de diabète plus élevés chez les personnes à faible revenu, ainsi que parmi les personnes noires, hispaniques, autochtones ou asiatiques.

Puisque l’hépatite C est un facteur de risque de diabète de type 2, toutes les personnes co-infectées par le VIH et l’hépatite C devraient faire l’objet d’un dépistage de diabète.

Diagnostiquer le diabète

Il existe des signes avertisseurs typiques du diabète qu’il faut surveiller, dont les suivants :

  • soif excessive qui persiste malgré la consommation de grandes quantités d’eau
  • faim anormale
  • mictions plus fréquentes et plus abondantes (uriner plus souvent et en plus grande quantité)
  • fatigue ou manque d’énergie
  • vision brouillée
  • perte de poids inexpliquée (même si l’on mange de grandes quantités de nourriture)
  • plaies et ecchymoses qui guérissent lentement
  • difficulté à obtenir ou à maintenir une érection
  • engourdissement ou picotements dans les mains et/ou les pieds

L’hyperglycémie peut également causer des nausées et des vomissements.

Si vous éprouvez n’importe lequel de ces symptômes, appelez votre médecin. Dans le cadre de vos soins, il ou elle vous recommandera de passer l’un des tests suivants.

Glycémie à jeun

Ce test sanguin est effectué lorsque vous êtes à jeun (vous ne mangez pas) depuis au moins huit heures. Votre médecin vous précisera la durée de jeûne nécessaire et les mesures à prendre pour vous préparer au test.

Si votre glycémie est de…

elle est considérée comme…

< 5,6 mmol/l

normale

5,6 à 6,0 mmol/l

potentiellement anormale

6,1 à 6,9 mmol/l

prédiabète

≥ 7,0 mmol/l

diabète

Lorsque la glycémie à jeun est plus élevée que la normale mais pas suffisamment élevée pour être qualifiée de diabète, on parle de prédiabète. Comme les personnes ayant le prédiabète courent un risque accru de maladies du cœur et sont de cinq à six fois plus susceptibles de développer le diabète, le prédiabète peut servir de mise en garde et les inciter à prendre des mesures pour contrôler leur glycémie et empêcher le prédiabète de progresser. Notons que de nombreuses personnes ayant le prédiabète n’auront jamais le diabète.

Test de mesure de l’hémoglobine (A1C)

Lorsque la glycémie augmente, une certaine portion du glucose s’attache à l’hémoglobine (substance présente dans les globules rouges qui transporte l’oxygène). En mesurant la quantité de glucose attaché à l’hémoglobine, ce test permet d’estimer la glycémie moyenne au cours des deux ou trois derniers mois.

Si votre taux d’A1C est de…

il est considéré comme…

< 5,5 %

normal

5,5 % à 5,9 %

potentiellement anormal

6,0 % à 6,4 %

prédiabète, signe d’un risque accru de diabète

≥ 6,5 % lors de deux tests distincts

diabète

De nombreuses choses sont susceptibles d’altérer le résultat de ce test. La liste inclut l’anémie (faible taux de fer), la grossesse, l’insuffisance rénale, l’insuffisance hépatique et l’hypercholestérolémie, autant de facteurs pouvant compromettre la fiabilité du test A1C et donner lieu à un résultat anormal.

Test de tolérance au glucose par voie orale

On utilise ce test pour déterminer dans quelle mesure l’organisme est capable de réduire la glycémie. Après un jeûne de huit heures, on vous donnera une boisson contenant du glucose (habituellement 75 grammes). Un prélèvement de sang sera effectué avant que vous buviez le liquide et de nouveau après, à intervalles réguliers. En tout, le test peut durer jusqu’à trois heures.

Il est à noter que de nombreux médicaments peuvent influencer le résultat d’un test de tolérance au glucose par voie orale, y compris certains antipsychotiques (utilisés pour le traitement de la schizophrénie, le trouble bipolaire, la dépression et la maladie d’Alzheimer), ainsi que les bêta-bloquants, les corticostéroïdes, les estrogènes, les contraceptifs oraux (pilules anticonceptionnelles) et les diurétiques thiazidiques. Assurez-vous que le médecin qui vous fait passer le test de dépistage du diabète est au courant de tous les médicaments que vous prenez qui pourraient influencer le résultat.

Si les résultats des tests mentionnés ci-dessus sont anormaux, des contrôles plus fréquents de votre glycémie seront peut-être nécessaires. Votre professionnel de la santé pourrait vous recommander de vérifier régulièrement votre glycémie. Il existe des compteurs à domicile qui permettent de mesurer une petite quantité de sang prélevée par piqûre du doigt. Vous pouvez effectuer le test en vous réveillant, avant et après les repas et avant de vous coucher, afin d’établir comment votre glycémie varie durant la journée et en réponse à la nourriture que vous consommez. Votre professionnel de la santé discutera de votre plan de suivi et de traitement avec vous.

Conseils pour bien contrôler sa glycémie

Même si les taux de diabète sont à la hausse au Canada, il y a une bonne nouvelle : il y a plein de choses que vous pouvez faire pour prévenir et prendre en charge cette maladie.

Si vous prenez des médicaments anti-VIH qui sont associés à des problèmes de glycémie, le fait de changer de médicaments anti-VIH pourrait réduire votre risque de diabète. Comme les données de recherche sont quelque peu contradictoires à ce jour, nous ne connaissons pas la combinaison de médicaments idéale. Cependant, certaines données suggèrent que le fait de remplacer un inhibiteur de la protéase associé à un risque accru de diabète par un analogue non nucléosidique ou un médicament appartenant à une autre classe qui n’est pas associée à des problèmes de glycémie pourrait réduire le taux de glucose sanguin chez certaines personnes.

Si vous avez un taux élevé d’insuline ou de glucose sanguin, voici une liste de mesures que vous pouvez prendre pour réduire votre risque de diabète :

  • Faites régulièrement de l’exercice. Si vous ne faites que commencer, essayez l’approche suivante :
  • 10 minutes d’activité aérobique quatre fois par semaine, et
  • deux séances d’exercices contre résistance ou de musculation par semaine

Si vous faites déjà de l’exercice, fixez-vous les objectifs suivants :

  • deux heures et demie d’activité aérobique d’intensité modérée ou vigoureuse par semaine (cela équivaut à cinq séances d’une demi-heure par semaine), et
  • trois séances d’exercices contre résistance ou de musculation par semaine

Plus vous accroîtrez votre masse musculaire, plus vous améliorerez la sensibilité de vos cellules à l’insuline (sensibilité à l’insuline) et plus vous aurez de chances de bien contrôler votre glycémie.

  • Maintenez un poids santé. L’obésité est un important facteur de risque de diabète de type 2. Une personne qui réussit à perdre de la graisse tout en augmentant sa masse musculaire peut améliorer sa glycémie et atténuer d’autres problèmes de santé comme l’hypertension et l’hypercholestérolémie.
  • Limitez votre apport en sucre et en glucides raffinés en réduisant votre consommation de féculents blancs, de sucre blanc, de farine et d’alcool. De nombreuses personnes connaissent des bienfaits lorsqu’elles limitent leur consommation de glucides jusqu’à ce que leur glycémie soit contrôlée et, si nécessaire, qu’elles perdent du poids excédentaire. Lorsque vous mangez des glucides, essayez de limiter vos choix aux aliments ayant un faible indice glycémique. Ce dernier est une mesure de l’augmentation de la glycémie provoquée par l’ingestion d’une portion de nourriture précise. (Pour en savoir plus sur l’indice glycémique, voir Diabète Québec.)

Pour réduire votre apport en sucre, lisez l’étiquette des produits alimentaires. Présent dans de nombreux aliments transformés, le sucre prend souvent la forme de glucose, de fructose, de sirop de maïs et de sirop d’érable. Lire les étiquettes vous aidera à faire des choix alimentaires sains. Vous souhaiterez peut-être aussi prendre rendez-vous avec un diététiste ou nutritionniste agréé.

  • Mangez davantage d’aliments riches en fibres (en particulier des légumes, des légumineuses et des fruits) et pauvres en gras polyinsaturés. Cela peut vous aider à améliorer votre glycémie. L’Association canadienne du diabète recommande aux adultes de consommer 25 à 50 grammes de fibres alimentaires par jour. Si votre alimentation ne comporte pas suffisamment de fibres, vous pouvez prendre un supplément de fibre comme des enveloppes de psyllium qui sont largement disponibles. Commencez doucement votre consommation; prendre une dose trop grande ou augmenter votre apport trop rapidement peut causer des ballonnements et des gas. Pour réduire votre apport en gras polyinsaturés, présents dans la plupart des huiles végétales et de nombreux aliments transformés, il vaut mieux utiliser des gras mono-insaturés comme l’huile d’olive.
  • Arrêtez de fumer. Puisque la cigarette accélère les complications à long terme associées au diabète, la cessation du tabagisme est un élément crucial de la prise en charge du diabète.
  • Si vous avez un faible taux de testostérone, parlez à votre médecin de la possibilité d’une thérapie de remplacement de la testostérone. Chez l’homme, un faible taux de testostérone a déjà été associé à la résistance à l’insuline.
  • Prenez un supplément de vitamines et de minéraux qui contient des vitamines du complexe B (dont la B6), des antioxydants (surtout l’acide alpha-lipoïque) et des minéraux (surtout le magnésium et le chrome).
  • Si vous recevez un diagnostic d’hépatite C, envisagez de vous faire traiter. Traiter l’infection chronique à l’hépatite C peut améliorer la glycémie. (Les traitements hautement efficaces guérissent maintenant plus de 95 % des personnes atteintes d’hépatite C qui les prennent.)
  • Faites mesurer votre tension artérielle et votre taux de cholestérol. Si ces derniers sont élevés, des traitements pourraient être indiqués.
  • Faites mesurer régulièrement votre glycémie. Si la modification de votre mode de vie ou de votre régime de médicaments ne suffit pas à contrôler votre glycémie, votre médecin choisira peut-être de vous recommander un médicament antidiabétique tel que la metformine. Avant de commencer toute nouvelle médication, renseignez-vous sur les effets secondaires et les risques éventuels. Assurez-vous aussi qu’il n’y aura pas d’interactions avec vos médicaments anti-VIH. Si vous prenez un médicament antidiabétique, votre professionnel de la santé devrait surveiller rigoureusement votre glycémie.

Si vous réussissez à surveiller et à contrôler votre glycémie, vous aurez de bonnes chances de prévenir le diabète. Si vous vivez déjà avec un diagnostic de diabète, ces mesures pourront vous aider à en prévenir les complications graves et à vivre une vie bien remplie et en bonne santé.