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CATIE

Transmise par voie sexuelle, la bactérie Mycoplasma genitalium (MG) peut causer de l'inflammation dans les voies urinaires et génitales de l'homme et de la femme. Ce microbe serait aussi à l'origine d'autres problèmes, dont certains cas d'arthrite et la maladie inflammatoire pelvienne et l'infertilité chez la femme.

La bactérie MG semble se propager par les relations sexuelles anales ou vaginales non protégées, car on peut la déceler dans les échantillons de liquide provenant du pénis, du rectum et du vagin. Jusqu'à présent, on n'a pas détecté la bactérie dans les échantillons de liquide de la gorge.

Comme les autres infections transmissibles sexuellement ou ITS, la bactérie MG cause de l'inflammation dans les tissus délicats des organes génitaux. Ce genre d'inflammation rend ceux-ci plus vulnérables à l'infection par d'autres ITS, y compris le VIH.

Dans les pays à revenu élevé, les taux globaux d'infection à MG semblent faibles, soit de 1 % à 3 %. Il n'empêche que plusieurs études ont permis de constater que les taux de MG avaient tendance à être plus élevés parmi les personnes soignées pour les ITS.

Symptômes

Le terme urétrite désigne une inflammation de l'urètre, soit le tube qui achemine l'urine vers l'extérieur du corps. La chlamydia et la gonorrhée sont des causes courantes de l'urétrite. Dans certains cas, cependant, les analyses d'urine et d'autres liquides ne permettent pas de déterminer la cause de l'urétrite. Lorsque cela arrive, et selon l'ampleur de la détresse causée par les symptômes, certains médecins choisissent de traiter leurs patients en présumant un diagnostic d'urétrite causée par la bactérie MG et/ou d'autres ITS. Chez la femme, l'infection à MG peut causer de l'inflammation dans l'urètre et le col de l'utérus (cervicite) et probablement dans l'utérus et les trompes de Fallope aussi.

Chez l'homme, l'urétrite peut provoquer l'un ou plusieurs des symptômes suivants :

  • mictions fréquentes ou sensation d'avoir besoin d'uriner fréquemment
  • sensation de brûlure lors de la miction
  • douleur lors des relations sexuelles ou de l'éjaculation
  • écoulement du pénis

Chez la femme, la cervicite et l'urétrite peuvent causer l'un ou plusieurs des symptômes suivants :

  • douleur abdominale
  • douleur vaginale
  • mictions fréquentes ou sensation d'avoir besoin d'uriner fréquemment
  • douleur lors des relations sexuelles
  • sensation de brûlure lors de la miction
  • écoulement vaginal
  • saignements vaginaux anormaux – à la suite des relations sexuelles, après la ménopause, entre les règles

Dépistage

La bactérie MG est difficile à faire croître dans une culture de laboratoire. Par conséquent, de nombreux patients atteints de l'infection à MG reçoivent un résultat faussement négatif au test de dépistage. Certains laboratoires utilisent des épreuves spécialisées qui permettent de multiplier et de détecter ensuite le matériel génétique ou ADN de la bactérie MG. On appelle ces épreuves des tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN).

Répartition selon le sexe – MG chez l 'homme

Nous résumons ci-dessous les résultats de plusieurs études ayant cherché à déterminer l'incidence (nouveaux cas, habituellement symptomatiques) et la prévalence (cas existants) de l'infection à MG parmi les hommes dans les pays à revenu élevé :

Londres, Royaume-Uni

Lors d'une étude menée auprès de 438 hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH), les chercheurs ont constaté que près de 7 % d'entre eux avaient l'infection à MG. Les HARSAH séropositifs étaient considérablement plus susceptibles (près de huit fois) d'en être atteints que les hommes séronégatifs. Parmi les hommes séropositifs, la bactérie MG était plus répandue que les bactéries responsables de la gonorrhée et de la chlamydia.

Oslo, Norvège

Les chercheurs ont testé des échantillons de liquide provenant de l'anus/rectum, du pénis et de la gorge de 1 778 HARSAH. Ils ont constaté que 5 % des hommes avaient l'infection à MG; chez 70 % des hommes atteints, la bactérie a été décelée dans les échantillons anaux/rectaux.

Sydney, Australie

Lors d'une étude menée auprès de 1 182 hommes, 8 % ont reçu un résultat positif pour la bactérie MG.

La Nouvelle-Orléans, États-Unis

Lors d'une étude menée auprès des clients d'une clinique de santé sexuelle, les chercheurs ont constaté les taux d'infection à MG suivants parmi les hommes ayant obtenu un résultat négatif au dépistage de la gonorrhée et de la chlamydia :

  • 25 % de 97 hommes éprouvaient des symptômes des voies urinaires
  • 7 % de 184 hommes n'éprouvaient aucun symptôme des voies urinaires

À la même clinique, 35 % des hommes qui étaient infectés par la chlamydia et qui présentaient des symptômes des voies urinaires avaient aussi l'infection à MG. Parmi les hommes présentant des symptômes des voies urinaires causés par la gonorrhée, 14 % étaient co-infectés par la bactérie MG.

Répartition selon le sexe – MG chez la femme

Nous résumons ci-dessous les résultats de plusieurs études ayant cherché à déterminer l'incidence (nouveaux cas, habituellement symptomatiques) et la prévalence (cas existants) de l'infection à MG parmi les femmes dans les pays à revenu élevé :

Melbourne, Australie

Dans cette étude menée auprès de 1 110 femmes âgées de 16 à 25 ans, seulement 1,3 % avaient de la bactérie MG décelable.

Sydney, Australie

Dans cette étude menée auprès de 527 femmes, 4 % avaient l'infection à MG.

Chapel Hill, États-Unis

Dans le cadre de cette étude menée dans la Caroline du Nord auprès de 381 femmes, la bactérie MG était présente chez près de 20 % d'entre elles.

Malmö, Suède           

Dans cette étude menée auprès de 5 519 femmes dépistées, seulement 2 % avaient l'infection à MG.

Londres, Royaume-Uni

Lors d'une étude menée auprès de 2 378 jeunes femmes, les chercheurs ont constaté qu'environ 3 % d'entre elles étaient atteintes par l'infection à MG.

Options de traitement

Les régimes thérapeutiques visant l'infection à MG varient selon la région ou le centre médical ou encore selon la gravité de la maladie. Lors des essais cliniques ayant comparé les antibiotiques azithromycine et doxycycline, l'azithromycine a permis de guérir plus de patients. Soulignons toutefois que les essais en question ont eu lieu il y a plusieurs années, et il est possible que la bactérie ait acquis plus de tolérance voire une résistance à l'azithroymcine depuis ce temps-là. En se fondant sur les rapports publiés et les essais cliniques, les médecins peuvent envisager de prescrire au moins deux régimes d'azithromycine, soit les suivants :

  • azithromycine en traitement unique – une dose de 1 gramme par voie orale
  • azithromycine en traitement prolongé – 500 mg le premier jour, suivi de 250 mg par jour pendant les quatre jours suivants

Malheureusement, aucun essai clinique n'a été mené pour comparer ces deux régimes, alors les médecins ne peuvent être certains si l'un est meilleur que l'autre.

Il existe aussi une formulation à libération prolongée de l'azithromycine qui contient 2 grammes du médicament (elle est vendue sous le nom de Zmax SR par la compagnie Pfizer). Il n'existe toutefois pas de données publiées concernant l'efficacité de cette dose contre l'infection à MG.

De plus en plus de rapports font état de l'échec du traitement à l'azithromycine lorsqu'une seule dose de 1 gramme est utilisée contre l'infection à MG. Dans de tels cas, certains experts des ITS recommandent l'utilisation d'un autre antibiotique appelée moxifloxacine (Avelox) à raison de 400 mg une fois par jour pendant sept à dix jours.

Il est toutefois important de signaler que des cas de MG résistant à la fois à l'azithromycine et à la moxifloxacine ont été documentés.

Dans notre prochain bulletin de Nouvelles CATIE, nous parlerons de la résistance aux antibiotiques dans les cas d'infection à MG et d'une thérapie émergente possible.

Remerciement

Nous tenons à remercier Marc Steben, MD, de l'Institut national de santé publique du Québec pour sa collaboration précieuse à la préparation de ce bulletin.

Ressource

Les infections transmissibles sexuellement : quel rôle jouent-elles dans la transmission du VIH?Point de mire sur la prévention

—Sean R. Hosein

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