La réponse au vaccin anti-VPH est meilleure chez les femmes ayant une charge virale indétectable

Le virus du papillome humain (VPH) est un microbe courant qui se transmet par voie sexuelle. Il existe de nombreuses souches du VPH qui peuvent causer des complications différentes, telles que les verrues anales et génitales, les cancers du col de l’utérus, de la vulve et de l’anus, ainsi que les cancers de la gorge et de la langue.

Les trois vaccins anti-VPH suivants ont été homologués :

  • Cervarix : protège contre les souches 16 et 18 du VPH (cause possible des cancers du col de l’utérus et de l’anus)
  • Gardasil : protège contre les souches 6 et 11 du VPH (cause possible des verrues génitales et anales), ainsi que les souches 16 et 18
  • Gardasil 9 (vaccin le plus récent) : protège contre une large gamme de souches du VPH, dont les suivantes : 6, 11, 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58

Les tests effectués auprès d’hommes et de femmes séronégatifs ont révélé que tous ces vaccins sont efficaces. Il existe cependant moins de données sur leur innocuité et leur efficacité chez les femmes séropositives.

Une équipe de chercheurs d’un peu partout au Canada a travaillé à un essai clinique sur Gardasil en collaboration avec le Réseau canadien pour les essais VIH de l’IRSC. Cette équipe a publié les résultats de cette étude menée auprès de 310 femmes séropositives. Les chercheurs ont trouvé que ce vaccin était sans danger. De plus, l’organisme des femmes dont la charge virale en VIH était indétectable au moment où elles recevaient la première des trois injections de Gardasil a produit une quantité considérablement plus  élevée d’anticorps contre le VPH que celui des femmes dont la charge virale n’était pas indétectable.

Les chercheurs affiliés à cette étude encouragent les médecins et les infirmières à envisager d’administrer Gardasil lorsque la charge virale en VIH des patientes est devenue indétectable, afin d’« optimiser » la réponse au vaccin.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont inscrit des participantes entre 2008 et 2012.

Les 310 femmes avaient le profil moyen suivant au moment de leur admission à l’étude :

  • âge : 38 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : Noires – 44 %; Blanches – 36 %; Autochtones – 13 %
  • temps écoulé depuis le diagnostic de VIH : huit ans
  • compte de CD4+ : 510 cellules/mm3
  • proportion de femmes ayant une charge virale inférieure à 50 copies/ml : 72 %

Au début de l’étude, les participantes ont reçu une dose de Gardasil par injection intramusculaire (injection dans un muscle). Les doses subséquentes ont été administrées deux mois et six mois plus tard.

Il est important de souligner que Gardasil n’est pas un vaccin vivant; il est fabriqué à partir de protéines extraites du VPH. Ce vaccin ne peut pas causer l’infection au VPH.

Que s’est-il passé chez les participantes?

Comme lors de tous les essais cliniques, certaines participantes ont déménagé, d’autres ont perdu de l’intérêt pour l’étude et d’autres encore ont cessé de se rendre à la clinique où l’étude se déroulait. En tout, 310 participantes ont reçu au moins une dose de Gardasil. Un groupe moins nombreux, soit 277 (89 %) participantes, ont reçu les trois doses du vaccin. Sur ce nombre, 272 n’avaient pas d’anticorps anti-VPH ou de matériel génétique d’au moins une des souches du virus ciblées par le vaccin au début de l’étude. Cela indique que ces femmes n’étaient sans doute pas infectées par les souches du VPH en question au début de l’étude.

Résultats

Après le 24e mois de l’étude, la proportion de femmes ayant des anticorps contre les protéines anti-VPH présentes dans Gardasil était de 90 % et s’élevait jusqu’à 98 % dans certains cas (selon la protéine représentant une souche particulière du VPH). Voici la répartition des femmes en fonction des anticorps qu’elles avaient contre des souches spécifiques du VPH :

  • VPH 6 : 93 % des femmes avaient des anticorps
  • VPH 11 : 94 % des femmes avaient des anticorps
  • VPH 16 : 98 % des femmes avaient des anticorps
  • VPH 18 : 67 % des femmes avaient des anticorps

Réussite des vaccins

En général, les chercheurs ont constaté que les femmes séropositives avaient une quantité considérablement plus élevée d’anticorps anti-VPH, comparativement aux données recueillies lors d’essais cliniques menés chez des femmes séronégatives. L’exception résidait dans les anticorps contre la souche 18 du VPH, dont le nombre était moins élevé chez les femmes séropositives que chez les femmes séronégatives inscrites aux essais précédents.

L’équipe a également constaté que les femmes séropositives dont la charge virale en VIH était supprimée au moment de la vaccination connaissaient subséquemment une meilleure réponse à Gardasil. Le lien entre la suppression de la charge virale en VIH et la réponse à Gardasil existait indépendamment du compte de cellules CD4+ des participantes.

Innocuité

Les infirmières observaient les participantes pendant 30 minutes après chaque vaccination afin de remarquer tout effet secondaire éventuel qui risquait de se produire immédiatement. De plus, les participantes recevaient un coup de fil 48 heures après chaque vaccination afin de pouvoir discuter de leurs effets secondaires, le cas échéant.

Un total de 36 % des participantes ont signalé un effet secondaire ou davantage lié au vaccin, dont les plus courants se répartissaient comme suit :

  • douleur au site de l’injection : 30 %
  • rougeur au site de l’injection : 6 %
  • enflure au site de l’injection : 6 %

Des effets secondaires touchant d’autres parties du corps ont été signalés dans les proportions suivantes :

  • 20 % des participantes ont éprouvé des maux de tête, de la fièvre et de la fatigue clairement attribuables à la vaccination

Il est important de souligner que tous les effets secondaires ont été temporaires et se sont résorbés sans aucune conséquence grave.

Deux femmes sont mortes au cours de l’étude. Un décès a été causé par une surdose de drogue 129 jours après la troisième vaccination; survenu 22 jours après la troisième vaccination, l’autre décès a été causé par une maladie liée au sida appelée LMP (leucoencéphalopathie multifocale progressive). Une enquête a révélé que le vaccin anti-VIH n’était pas associé à ces décès.

Un total de 41 femmes ont vécu des grossesses au cours de cette étude de quatre ans. Voici les résultats de ces grossesses :

  • 23 naissances de bébés vivants
  • 16 femmes ont mis fin à leur grossesse
  • 4 fausses couches
  • dans un cas les chercheurs n’étaient pas au courant du résultat

Le vaccin n’a été lié à aucun effet indésirable quant à l’évolution de la grossesse ni à aucune anomalie congénitale.

Points clés

Cette étude canadienne a révélé que Gardasil était sans danger et stimulait efficacement la production de grandes quantités d’anticorps contre les souches 6, 11, 16 et 18 du VPH chez les femmes séropositives.

Les femmes dont la charge virale en VIH était indétectable au moment de leur première vaccination de Gardasil avaient subséquemment un nombre considérablement plus élevé d’anticorps anti-VPH que les femmes dont la charge virale en VIH n’était pas indétectable au moment de la première vaccination. Ce résultat a incité l’équipe de recherche à encourager les médecins et  infirmières à aider leurs patientes séropositives à atteindre une charge virale indétectable avant de commencer le processus de vaccination anti-VPH.

Ressource

Le VPH, la dysplasie cervicale et le cancer du col utérin — Feuillet d’information de CATIE

—Sean R. Hosein

RÉFÉRENCE :

Money DM, Moses E, Blitz S, et al. HIV viral suppression results in higher antibody responses in HIV-positive women vaccinated with the quadrivalent human papillomavirus vaccine. Vaccine. 2016 Sep 14;34(40):4799-806.