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CATIE
  • Les médecins de Calgary ont remarqué que les cas de syphilis ont triplé chez les patients vivant avec le VIH.
  • La syphilis était plus courante chez les gens vivant avec le VIH qui ne prenaient pas de traitement.
  • Plus de la moitié des cas ne présentaient aucun symptôme, ce qui souligne la nécessité d’un dépistage.

Les cas de syphilis ont diminué dans les années 1990, mais ont commencé à augmenter au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé autour de l’an 2000. Cette augmentation a affecté de manière disproportionnée les gais, les bisexuels et les autres hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH), y compris ceux qui sont séropositifs.

Infection transmise sexuellement (ITS), la syphilis est une maladie complexe à stades multiples causée par des germes appelés les tréponèmes. Chez les HARSAH, la syphilis peut se transmettre par les baisers langoureux et par les relations sexuelles sans condom. Les premiers stades de la maladie peuvent être asymptomatiques, et durant ce temps, les tréponèmes se dispersent dans le corps et endommagent des organes vitaux, comme le cœur et les vaisseaux sanguins, les reins, le foie, le cerveau et les nerfs. La syphilis cause également de l’inflammation et des lésions à l’intérieur des délicates membranes muqueuses du tractus ano-génital. Cela augmente les risques de propagation du VIH et de la syphilis. Si elle n’est pas traitée, la syphilis peut entraîner de graves complications. Chez les personnes séropositives, cette maladie peut augmenter la charge virale dans le sang et diminuer le compte cellulaire CD4+. Il est donc important que toutes les personnes sexuellement actives passent des tests sanguins régulièrement pour la syphilis. Si elle est diagnostiquée dès les premiers stades, le traitement de la syphilis avec des antibiotiques est direct.

Depuis 2006, les médecins de la Southern Alberta HIV Clinic (SAC) et faisant partie du programme Calgary STI (CSTI) ont testé des échantillons sanguins de personnes séropositives sur une base régulière pour leur charge virale et pour la syphilis. Entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2016, les chercheurs ont testé des échantillons sanguins d’environ 2500 participants. Les principales découvertes comprennent :

  • une augmentation de cas de syphilis qui ont triplé entre 2011 et 2016 
  • plus de 50 % des cas de syphilis ne présentaient aucun symptôme 
  • les personnes séropositives qui avaient reçu un diagnostic de syphilis étaient deux fois plus susceptibles de suivre le traitement pour le VIH (TAR) en comparaison avec les personnes séropositives sans la syphilis 
  • les personnes séropositives avec la syphilis avaient davantage de probabilités d’avoir une charge virale détectable

L’étude de Calgary souligne le besoin de dépistage régulier, voire fréquent, de la syphilis chez les personnes séropositives sexuellement actives.

Détails de l’étude

Les chercheurs du SAC et du CSTI ont révisé les données recueillies auprès des participants. Cette collecte de données a été extraite des sources suivantes :

  • bases de données
  • entrevues avec les participants
  • rapport de travailleurs sociaux
  • dossiers médicaux

Durant l’étude, plus de 20 000 tests pour la syphilis ont été effectués avec des échantillons sanguins provenant d’environ 2500 participants. En moyenne, chaque patient avait deux tests pour la syphilis par année.

Résultats

Les chercheurs ont identifié 249 cas de syphilis chez 194 personnes. Les principales découvertes ont été :

  • Plus de la moitié (50 %) des nouveaux cas de syphilis étaient sans symptômes et étaient donc seulement identifiés par les tests sanguins.
  • Globalement, près de 30 % des cas de syphilis survenaient chez les personnes qui, selon les chercheurs, « avaient préalablement été traitées avec succès pour la syphilis à une ou plusieurs occasions ».
  • En 2011, 25 % des cas de syphilis étaient causés par une infection répétée. En 2016, 44 % de tous les cas de syphilis étaient causés par des infections répétées.

Selon les chercheurs, les nouveaux cas de syphilis survenaient principalement chez les populations suivantes :

  • Hommes — 94 %
  • HARSAH séropositifs — 75 %
  • Personnes caucasiennes — 72 %

Par ailleurs, les chercheurs ont découvert que les personnes séropositives avec la syphilis (en comparaison avec les personnes séropositives sans la syphilis) étaient plus à risque d’avoir les comportements suivants :

  • des antécédents de consommation excessive d’alcool
  • des antécédents de consommation récréative de substance

Divulgation

Des infirmiers ont interviewé les participants. Les chercheurs ont découvert qu’à la visite préalable au diagnostic de syphilis, lorsque les dépistages en laboratoire seraient requis, près de 60 % des participants divulguaient être sexuellement actifs. Après un résultat positif au dépistage de la syphilis à la consultation clinique suivante, environ 71 % des participants divulguaient être sexuellement actifs.

Les infirmiers ont offert des conseils aux participants quant à la protection sexuelle avant ou après le dépistage de la syphilis.

VIH, TAR et syphilis

Au moment du diagnostic de la syphilis, près de 20 % des participants ne prenaient pas le TAR. Les chercheurs ont dit que les gens qui ne prenaient pas le TAR et qui avaient un diagnostic de syphilis étaient plus susceptibles de s’injecter des drogues en comparaison avec les personnes séropositives qui prenaient le TAR.

Au moment du diagnostic de syphilis, près du tiers des participants avaient une charge virale détectable, variant entre 49 et 2,3 millions de copies/ml. La plus basse limite de quantifications des tests de charge virale utilisée dans cette région est de 40 copies/ml. Dans l’ensemble, 19 % des participants qui ont reçu un diagnostic de syphilis avaient une charge virale de plus de 1000 copies/ml et 4 % avaient une charge virale de plus de 100 000 copies/ml.

Parmi les participants ayant la syphilis et une charge virale détectable, 52 % ne prenaient pas le TAR.

Épisodes répétés de syphilis

Selon les chercheurs, plus d’un quart (28 %) des cas de syphilis survenaient chez les participants qui avaient « déjà été traités avec succès pour un épisode antérieur ».

À garder en tête

Les découvertes de Calgary soulignent l’importance du dépistage de la syphilis dans l’ère actuelle, puisque plus de la moitié des cas ont été découverts par les tests sanguins chez les personnes qui ne présentaient aucun symptôme.

Les chercheurs ont encouragé les médecins à dépister régulièrement leurs patients séropositifs, particulièrement les HARSAH, pour la syphilis. Ils ont dit qu’en se concentrant sur les personnes « à risque élevé de syphilis, les programmes de dépistage peuvent être rentables ». Une telle stratégie peut être nécessaire dans une ère d’austérité.

Plus d’un quart des diagnostics de syphilis concernaient des personnes ayant des infections répétées. La proportion de personnes ayant des diagnostics répétés de syphilis augmente considérablement.

Prévention

Compte tenu de l’augmentation significative du nombre de cas de syphilis, y compris des épisodes répétés de cette maladie, les chercheurs se sont interrogés sur le déploiement de l’antibiotique doxycycline pour réduire le risque de syphilis chez les patients sexuellement actifs. Ils ont attiré l’attention sur une étude pilote réalisée à Los Angeles auprès de HARSAH séronégatifs dans laquelle l’utilisation quotidienne de la doxycycline réduisait le risque pour les participants d’avoir un groupe d’infections suivantes :

  • syphilis
  • chlamydia
  • gonorrhée

Cependant, une étude randomisée plus importante chez 232 HARSAH séronégatifs a révélé que la doxycycline réduisait le risque de contracter la syphilis et la chlamydia, mais pas la gonorrhée. Une telle stratégie de prophylactique doxycycline n’est pas actuellement recommandée pour un usage routinier chez les hommes séropositifs par les lignes directrices sur les ITS au Canada et aux États-Unis. Cependant, les chercheurs de Calgary ont déclaré que la prophylaxie à la doxycycline « pourrait constituer un moyen de prévention primaire de la syphilis chez les individus séropositifs en soins réguliers et caractérisés comme étant à haut risque de syphilis ».

Ressources

Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement

Guide québécois de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang

Une augmentation des cas de syphilis oculaire est signalée aux États-UnisNouvelles CATIE

Des médecins américains étudient en profondeur des cas de syphilis oculaireNouvelles CATIE

Syphilis – Feuillet d’information de CATIE

—Sean R. Hosein

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