Programme RAPID de TAR pour les personnes ayant reçu un diagnostic de VIH

San Francisco, États-Unis
2017

Une étude1 a démontré que 95 % des participants à un programme d’initiation rapide du traitement anti-VIH commencent un traitement antirétroviral (TAR) dans les 24 heures après avoir reçu un diagnostic de VIH. Le Programme RAPID de TAR pour les personnes ayant reçu un diagnostic de VIH, mieux connu sous le nom de programme RAPID, a été lancé à l’Hôpital Général de San Francisco en 2013.

Le programme RAPID comporte sept volets :

  1. Accès la même journée à un fournisseur de services en VIH. Lorsque les personnes reçoivent un diagnostic de VIH, on leur offre un rendez-vous avec un spécialiste en VIH la même journée et on leur remet des bons de taxi pour qu’elles se rendent à l’hôpital depuis le site de dépistage.
  2. Visite médicale la même journée. Les personnes ayant reçu un diagnostic de VIH consultent un fournisseur de soins spécialisé en VIH qui leur donne de l'information sur l’infection par le VIH, la réduction du risque, la santé sexuelle et les avantages du traitement. On leur offre de commencer le traitement la même journée et les patients peuvent refuser s’ils ne sont pas prêts. Des tests de base sont prescrits, notamment le compte de CD4, la charge virale en VIH, des tests de la fonction rénale et hépatique, des tests de dépistage de l’hypersensibilité et de la résistance aux médicaments ainsi que des tests de dépistage de l’hépatite.
  3. Processus accéléré d’approbation de l’assurance-maladie. On a recours à des protocoles préexistants disponibles pour l’aide d’urgence relative aux médicaments pour les clients sans assurance-maladie.  
  4. Combinaisons de médicaments anti-VIH préapprouvées. Des combinaisons de médicaments qui peuvent être utilisées sans qu'on ait obtenu les résultats des tests génotypiques ou des tests de laboratoire ont été préapprouvées par un comité local d’experts en VIH et elles se basent sur des souches pharmacorésistantes locales au VIH.
  5. Échantillon pour traitement d’essai de cinq jours. Des échantillons pour traitement d’essai sont disponibles pour les patients qui attendent une couverture d’assurance.
  6. Première dose de traitement sous surveillance. On offre aux patients qui souhaitent commencer le traitement l’occasion de prendre leur première dose lors de leur visite médicale.
  7. Suivi téléphonique. Des infirmières communiquent avec les patients dans les sept jours afin de passer en revue les résultats de laboratoire, de s’informer des problèmes d’observance thérapeutique ou avec la pharmacie/les ordonnances et de tout effet secondaire.

L’étude

L’étude a comparé des patients qui étaient pris en charge par l’entremise du protocole du Programme RAPID à des patients qui étaient pris en charge conformément à la norme de soins entre juillet 2003 et décembre 2014. L’étude a également comparé les patients du Programme RAPID à une cohorte historique de patients séropositifs référés à l’hôpital entre 2006 et 2013, avant le développement du Programme RAPID. Les personnes étaient ciblées pour le protocole du Programme RAPID si elles étaient atteintes d’une infection aiguë ou récente ou si elles présentaient un compte de CD4 sous la barre des 200 copies/ml, si elles souffraient d’une infection opportuniste active ou si elles avaient un partenaire séronégatif au moment de recevoir leur diagnostic.

Parmi les 86 patients référés pour l’initiation au traitement anti-VIH entre juillet 2013 et décembre 2014, 39 ont été pris en charge par l’entremise du Programme RAPID et 47 conformément à la norme de soins. Les caractéristiques des 86 patients de l’étude se définissaient comme suit :

  • 97 % étaient des hommes
  • 66 % étaient des personnes de couleur
  • 42 % ont signalé de graves troubles de santé mentale
  • 42 % ont signalé consommer des drogues
  • 28 % ont signalé être sans-abris

Les personnes étaient dirigées vers le Programme RAPID en moyenne six jours après avoir subi un test de dépistage du VIH et le programme était généralement initié le jour où le patient recevait son diagnostic de VIH. Après avoir été dirigées vers le Programme RAPID, la participation au programme et la prescription du traitement commençaient en moyenne une journée plus tard.

Parmi les patients ayant reçu la norme de soins, le délai d’admission en clinique et le délai de prescription du traitement étaient considérablement plus longs, 10 jours et 22 jours respectivement. Aucune différence importante n’a été signalée dans la perte de suivi entre les patients du Programme RAPID et ceux recevant la norme de soins (10 % vs 15 %).

À l’aide du protocole RAPID pour l’initiation au traitement anti-VIH :

  • 90 % des patients ont commencé le traitement anti-VIH à la clinique
  • 95 % des patients ont commencé le traitement anti-VIH dans les 24 heures suivant leur visite à la clinique

Le délai moyen pour atteindre une charge virale indétectable (sous les 200 copies/ml) était considérablement plus rapide pour les patients du Programme RAPID que pour ceux obtenant la norme de soins (56 jours vs 79 jours).

Lorsque l’on a aussi examiné le délai pour atteindre une charge virale indétectable par rapport au groupe historique de patients, l’étude a démontré que le délai moyen pour atteindre une charge virale indétectable était considérablement plus court chez les patients du Programme RAPID. Parmi les patients du Programme RAPID, le délai moyen était de 1,8 mois, comparativement à 4,3 mois durant la période 2010 à 2013 à San Francisco lorsque le traitement avait été offert à toute personne ayant reçu un diagnostic de VIH, et de 7,2 mois durant la période de 2006 à 2009 à San Francisco lorsque le traitement avait été offert aux patients ayant un compte de CD4 de moins de 500 cellules/mm3.

Qu’est-ce que cela signifie pour les fournisseurs de services canadiens?

Les personnes vivant avec le VIH qui commencent le traitement aussitôt que possible après avoir reçu leur diagnostic obtiennent de meilleurs résultats de santé que celles qui attendent pour commencer le traitement.2 Lorsqu’une personne est sous traitement et qu’elle atteint une charge virale indétectable, le risque de transmettre le VIH aux autres est négligeable.3–10

La présente étude confirme que le protocole du Programme RAPID, qui aide les personnes vivant avec le VIH à avoir accès le plus rapidement possible aux avantages du traitement, est réalisable dans un cadre hospitalier et que les personnes venant tout juste de recevoir un diagnostic de VIH l’acceptent. Au Canada, une approche semblable est utilisée pour traiter les personnes atteintes d’une infection aiguë au VIH dans deux cliniques en Colombie-Britannique.

Ressources

Déclaration de CATIE sur l’utilisation du traitement antirétroviral (TAR) pour maintenir une charge virale indétectable afin de prévenir la transmission sexuelle du VIH

Campagne pour l'accès à la prévention

Références

  1. Pilcher C, Ospina-Norvell C, Dasgupta A, et al. The effect of same-day observed initiation of antiretroviral therapy on HIV viral load and treatment outcomes in a US public health setting. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2016;74(1):44–51.
  2. The INSIGHT START Study Group. Initiation of antiretroviral therapy in early asymptomatic HIV infection. New England Journal of Medicine. 2015 Aug 27; 373:795–807.
  3. Cohen M, Chen YQ, Macauley M, et al. Prevention of HIV-1 infection with early antiretroviral therapy. New England Journal of Medicine. 365(6):493–505.
  4. Reynolds SJ, Makumbi F, Nakigozi G, et al. HIV-1 transmission among HIV-1 discordant couples before and after the introduction of antiretroviral therapy. AIDS. 2011 Feb 20;25(4):473–7.
  5. Melo MG, Santos BR, De Cassia Lira R, et al. Sexual transmission of HIV-1 among serodiscordant couples in Porto Alegre, southern Brazil. Sexually Transmitted Diseases. 2008 Nov;35(11):912–5.
  6. Donnell D, Baeten JM, Kiarie J, et al. Heterosexual HIV-1 transmission after initiation of antiretroviral therapy: a prospective cohort analysis. Lancet. 2010 Jun 12;375(9731):2092–8.
  7. Rodger A. HIV Transmission risk through condomless sex if HIV+ partner on suppressive ART: Partner STUDY. Oral presentation at: Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections; 2014 Mar 3; Boston, MA. Disponible à l'adresse : http://www.croiwebcasts.org/console/player/22072
  8. Eshleman SH, Hudelson SE, Redd AD, et al. Treatment as Prevention: Characterization of partner infections in the HIV Prevention Trials Network 052 trial. Journal of Acquired Immune Deficiency Syndromes. 2017 Jan 1;74(1):112–6.
  9. Rodger A, Cambiano V, Braun T. Sexual activity without condoms and risk of HIV transmission in serodifferent couples when the HIV-positive partner is using suppressive antiretroviral therapy. Journal of the American Medical Association. 2016;316(2):171–81.
  10. Grulich AE, Bavinton B, Jin F. HIV Transmission in male serodiscordant couples in Australia, Thailand and Brazil. Late breaker poster 1019 LB presented at: 22nd Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections; 2015 Feb 23; Seattle, WA.