Appel aux hommes Canada

Canada
2016

Depuis le début de l’épidémie, le VIH a touché de manière disproportionnée les hommes gais et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH) au Canada. En 2011, on estimait que sur les 71 300 personnes vivant avec le VIH au Canada (prévalence), 50 % d’entre elles étaient des HARSAH. On estime de plus que 50 % de tous les nouveaux cas d’infection au VIH en 2011 (incidence) touchaient les HARSAH, un pourcentage qui est généralement demeuré stable avec les années. Compte tenu des taux élevés de prévalence et d’incidence du VIH au sein des HARSAH, un besoin pressant se fait sentir de comprendre les attitudes, les opinions et les comportements des HARSAH ― et de leurs besoins en prévention du VIH ― afin d’influencer et d’améliorer l’éducation, les politiques et les programmes.

Récemment, deux importants projets de recherche ont cherché à combler ces besoins en menant 1) un sondage téléphonique à l’aide d’une ligne sans frais auprès des HARSAH de partout au Canada et 2) un sondage auprès des organismes canadiens de lutte contre le sida travaillant dans le domaine de la santé des HARSAH.

Appel aux hommes Canada

Le sondage téléphonique à l’échelle nationale ― Appel aux hommes Canada ― était une collaboration bilingue, entre une université et une communauté, entreprise par des enquêteurs universitaires et communautaires des quatre coins du Canada. Cette étude visait à mieux comprendre les contextes sociaux des HARSAH, leurs attitudes et leurs connaissances relativement au sexe, à la sexualité, à la santé et au bien-être ainsi que leur compréhension des comportements à risque liés au VIH et aux ITS. Les HARSAH ont été recrutés à l’aide d’une variété de moyens (y compris les traditionnelles petites annonces et des campagnes de médias sociaux) et ont été encouragés à se porter bénévole pour une entrevue en téléphonant à une ligne téléphonique anonyme et sans frais.

Entre octobre 2011 et février 2012, plus de 1 200 entrevues ont été effectuées par téléphone. Les appels ont été reçus de toutes les provinces et de tous les territoires du Canada. La moyenne d’âge des participants était de 45 ans (de 16 à 89 ans), et la majorité (68 %) habitait en milieu urbain. La plupart des participants (55 %) s’identifiaient comme gais et les autres s’identifiaient comme hétérosexuels, bisexuels, « queer », bispirituels ou autres. À l’échelle nationale, 6,6 % des participants ont signalé qu’ils vivaient avec le VIH.

Voici quelques exemples de conclusions importantes :

  • Utilisation du condom : Environ 50 % des participants ont signalé toujours utiliser un condom. Par contre, la moitié avait l’impression que leurs rapports sexuels étaient moins satisfaisants avec les condoms et une importante proportion (30 %) a suggéré qu’ils seraient prêts à avoir des rapports sexuels non protégés avec une personne séropositive.
  • Dépistage du VIH : La majorité des participants (75 %) avaient déjà subi un test de dépistage du VIH et 35 % en avaient subi un au cours des six derniers mois. Pour les participants n’ayant jamais subi de test de dépistage du VIH, les principales raisons de ne pas subir de test étaient qu’ils se croyaient séronégatifs (84 %) ou qu’ils ne couraient que très peu de risques de contracter l’infection au VIH (74 %).
  • Transmission du VIH : Les connaissances générales concernant la façon dont le VIH pouvait être transmis étaient élevées. La moitié des hommes (50 %) était d’accord pour dire qu’un homme s’expose à plus de risques pour le VIH s’il a des relations sexuelles anales passives (bottom).

Le présent document n’est qu’un aperçu de l’information disponible. Un rapport technique complet (en anglaise seulement) et 20 feuillets de type bande dessinée sont disponibles et offrent un portrait plus complet des conclusions.

Sondage national auprès des organismes canadiens de lutte contre le sida

Un projet connexe a sondé les organismes canadiens de lutte contre le sida afin de préciser davantage les besoins en recherche pour la promotion de la santé sexuelle auprès de HARSAH. En tout, 34 membres du personnel provenant des régions de l’Atlantique (13 %), de l’Ontario (33 %), du Pacifique (10 %), des Prairies (13 %) et du Québec (30 %) ont rempli le sondage en ligne.

En se basant sur les résultats du sondage, les enquêteurs ont formulé une série de recommandations pour la recherche, l’élaboration de programmes et de politiques, comme la nécessité :

  • D’effectuer davantage d’études de recherche, tant quantitatives que qualitatives, pour examiner la vie des HARSAH des régions rurales, des jeunes HARSAH ainsi que les problèmes complexes soulevés par la criminalisation du VIH.
  • D’identifier et d’utiliser les sources de revenus pour la recherche sur la prévention du VIH auprès des HARSAH. Seulement une minorité (27 %) des répondants avaient déjà obtenu du financement pour effectuer leur propre recherche en prévention du VIH auprès des HARSAH.
  • De développer davantage les capacités de recherche des organismes de lutte contre le sida afin de favoriser davantage la recherche communautaire auprès des HARSAH grâce à la disponibilité accrue d’outils de recherche, d’un meilleur accès aux conférences et d’une plus grande capacité à mener des recherches indépendantes.
  • D’élaborer des programmes pour les groupes « occultes », comme les HARSAH religieux, les HARSAH trans et les HARSAH qui ne s’identifient pas comme gais. Ces groupes ont été identifiés par les participants comme étant mis à l’écart des programmes existants ou dont les besoins en matière de promotion de la santé sexuelle n’étaient pas comblés.
  • De déployer des efforts continus en termes de défense des droits afin de financer les programmes de prévention du VIH et le personnel œuvrant auprès des HARSAH. Dans l’ensemble, 33 % des répondants ont signalé que leur organisme ne possédait pas de poste consacré à l’élaboration de programmes pour travailler avec les HARSAH et 13 % ont déclaré qu’ils n’avaient obtenu aucun financement pour la prévention du VIH à l’intention des HARSAH.
  • De développer des programmes permanents sur la prévention du VIH qui ciblent l’Internet et exploitent ce support.
  • De renforcer les services existants de santé mentale à l’intention des HARSAH et de les incorporer à la majorité des organismes de lutte contre le sida.

Le rapport final comprend des recommandations supplémentaires et identifie les besoins continus et changeants des HARSAH en fonction d’une comparaison avec des sondages/évaluations précédents.

Que nous indique le sondage?

Le sondage « Appel aux hommes Canada » a amélioré notre compréhension des comportements, des connaissances, des attitudes et des opinions des HARSAH vivant au Canada. Les conclusions peuvent être utilisées par les personnes travaillant dans le domaine du VIH pour les aider à influencer les discussions communautaires et à modeler les programmes et la recherche pour cette population. Le sondage connexe auprès des organismes canadiens de lutte contre le sida peut aider les organismes, les bailleurs de fonds et les responsables de l’élaboration des politiques à acquérir une meilleure compréhension des besoins en recherche, en programmes et en politiques tout en les aidant à mieux élaborer des programmes et des politiques à l’intention des HARSAH au Canada.